Le dogme climato-sceptique

Alors que les sondages démontrent que plus de 97 % des scientifiques qui travaillent sur le climat s’accordent pour dire que le réchauffement climatique est causé par l’activité humaine, il reste encore une frange de la population qui nie le fait qu’il y a un réchauffement climatique ou que celui-ci est causé par l’activité humaine.

Qui sont-ils? 

Généralement nommés climato-sceptiques ou Climate change deniers, ils représentent autour de 10% des Québécois.e.s. Ils sont plus actifs dans les médias que leur réel poids démographique et semblent particulièrement apprécier s’épandre sur les commentaires de blogue.

Anticosti : l’or des fous

Dans la campagne électorale qui s'amorce, trois partis politiques sur quatre présents à l'Assemblée nationale s'entendent sur l'intérêt économique d'exploiter le pétrole de schiste d'Anticosti. Entre les risques environnementaux que représente l'exploitation d'hydrocarbures sur cette île du Golfe et 14 milliards de dollars en retombées économiques pour le gouvernement et la société québécoise, le choix semble s'imposer de lui-même : forons creux, mais forons bien. C'est-à-dire en respectant les « plus hauts standards environnementaux ». Même Daniel Breton, ancien ministre de l’Environnement et ancien militant écologistes'est rallié à l'idée qu'il faut au moins explorer le potentiel que représentent ces gisements détenus par le nouveau partenariat public-privé « Québec, Pétrolia, Maurel et Prom ».

Comment cacher un rapport sans se fatiguer

En juillet 2013, le PQ annonçait en grande pompe une vaste consultation sur les enjeux énergétiques du Québec qui devait servir de base à l’élaboration de la prochaine stratégie énergétique de la province. Cette consultation, coprésidée par messieurs Mousseau et Lanoue, avait pour mandat de dresser un portrait du secteur énergétique au Québec et de faire des recommandations pour répondre aux enjeux énergétiques, environnementaux et économiques à venir. Pour ce faire, la commission a rencontré nombre d’experts et recueilli plus de 460 mémoires provenant à la fois de l’industrie privée, des différents groupes environnementaux et de la population en général. Or, bien que le rapport ait été rendu le 20 janvier dernier, il aura fallu quelques mois et des demandes répétées de journalistes du Devoir pour que le volumineux document de plus de 300 pages contenant 57 recommandations soit rendu public. Vous pouvez d’ailleurs le consulter ici .

Élections : ce dont on ne parlera pas

Philippe Couillard a raison, le dépôt du budget d’hier annonce le début de la campagne électorale. Le Parti québécois voit une possibilité d’aller chercher une majorité, il va tenter sa chance. Une campagne électorale est, en théorie, l’occasion de discuter de ce que nous voulons comme société. Voyons quelques enjeux importants qui ont de bonnes chances d’être malheureusement mis de côté lors des prochaines semaines.

D’abord, la question centrale de notre siècle, l’environnement, risque d’être laissée de côté. Bien sûr, on parlera de ressources naturelles, plus particulièrement du pétrole à Anticosti. On parlera de rapport entre les risques d’exploitation et les revenus pour le Québec, ce qui revient à déguiser une discussion sur l’économie en discussion sur l’environnement.

Le projet Mine Arnaud de Sept-Îles est voué à l’échec

mine arnaud

 

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a conclu dans son rapport rendu public hier que le projet de mine d’apatite Arnaud, pour lequel Investissement Québec souhaitait engager 465 M$ à titre de partenaire principal, n’est pas acceptable dans sa forme actuelle. Face aux perspectives plus qu’incertaines quant à la rentabilité à long terme du projet, en plus des maintes questions laissées sans réponse en matière de droits autochtones, d’environnement et de santé publique, il paraît aujourd’hui logique de mettre le projet de côté.

Rentabilité du projet : une impossibilité mathématique

Porté par Investissement Québec à 67 %, en partenariat avec le producteur de fertilisants Yara International à 33 %, le projet Mine Arnaud prévoit la production d’1,3 million de tonnes de concentré d’apatite par an sur l’horizon 2016-2040. Le minerai serait livré en Norvège via deux voyages de bateau par mois à partir du port de Pointe-Noire. L’exploitation permettrait la création de 330 emplois directs et de 425 emplois indirects.

Le Québec complice de la crise climatique?

Residents gather coins and other salvageable materials from the ruins of houses after Super Typhoon Haiyan battered Tacloban city in central Philippines

Le gouvernement du Québec a annoncé hier qu’il se faisait partenaire de Pétrolia, Corridor Ressources et Junex pour explorer le potentiel pétrolier de l’île d’Anticosti. Selon le raisonnement mis de l’avant, comme nous aurions besoin de pétrole pour encore longtemps, nous ferions aussi bien d’en exploiter directement chez nous, car en adoptant les meilleures pratiques, nous limiterions les impacts environnementaux liés à l’extraction pétrolière d’outre-mer.

Or, cette ligne argumentative repose sur des fondements factuels erronés. En réalité, exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti serait bien plus dommageable que de poursuivre l’importation selon les paramètres actuels, pour le temps qu’il reste avant la nécessaire transition écologique de l’économie québécoise. En fait, exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti aurait plutôt pour effet d’exacerber de façon significative le problème des émissions de gaz à effet de serre (GES) et ferait du Québec un participant actif dans la crise climatique imminente.

Gaz de schiste : d’autres alternatives de développement économique peuvent être envisagées

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Il y a quelques semaines, le premier ministre du Nouveau-Brunswick David Alward du Parti progressiste-conservateur a annoncé qu’il espérait que la compagnie SWN Resources pourrait procéder à l’exploration du gaz de schiste dans la province, et ce malgré les protestations persistantes des communautés locales et des Premières Nations. Tel que rapporté dans le Globe and Mail le 21 octobre dernier, le premier ministre a argué que la province ne pouvait pas se permettre de faire autrement, car elle avait besoin des emplois et de la prospérité que lui apporterait l’industrie du gaz de schiste.

Il est certain que, à court terme au moins, l’extraction du gaz de schiste apporterait des emplois et des revenus. Toutefois, il n’est pas du tout évident que cet apport serait substantiel à long terme pour la province, ni que son impact sur l’environnement et la santé ne soit pas à craindre. Pourquoi le gouvernement du Nouveau-Brunswick veut-il choisir l’industrie du gaz de schiste? Il existe d’autres activités que la province peut développer et dont les bénéfices pour la société seraient plus évidents et l’impact sur l’environnement moindre.

 

L’autre personnalité de l’année 2013 : les oléoducs

Nous en sommes à la troisième édition de notre « autre personnalité de l’année » de l’Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). En 2011, les agences de notation se sont vu décerner ce titre tandis que les camps de travail chinois se sont hissés au sommet de notre palmarès l’an dernier. Cette année, le choix fut difficile. Après maintes discussions, notre jury a pourtant tranché. Pour l'année 2013, les oléoducs de transport du pétrole arrivent au premier rang.

Contrairement aux éditions précédentes, notre choix n’est pas tombé sur un sujet dont l’on parle trop peu, mais bien sur un sujet dont on parle bien mal. Au Québec, surtout depuis la tragédie survenue à Lac-Mégantic en juillet dernier, les discussions entourant le transport du pétrole ont bien souvent pris d'étranges directions. Dès le mois d’août, des commentateurs ont vanté les mérites du projet d’inversion de la Ligne 9B, qui est a été élaboré pour acheminer jusqu’au Québec le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta, au nom de la sécurité et du développement économique. Suite au traumatisme que fut la tragédie de l’été dernier, la réaction des vendeurs de pétrole et de leurs experts fut rapide.

 

L’oléoduc Ligne 9B et le pétrole léger des sables bitumineux

Dans une capsule vidéo mise en ligne ce mardi, l’ancien chef du Parti vert du Québec et député péquiste Scott McKay tente de concilier son appui au projet de renversement du flux de l’oléoduc Ligne 9B d’Enbridge  avec sa farouche opposition à la version antérieure du projet, qui comportait une extension jusqu’à Portland au Maine. Or, les motifs avancés par M. McKay pour justifier son appui et celui de son gouvernement au projet actuel d’oléoduc Ligne 9B qui apporterait au Québec le pétrole des sables bitumineux reposent sur des prémisses contestables.

D'abord, selon M. McKay, l'oléoduc ne transporterait que du pétrole léger (sauf "à peu près 5%" de pétrole lourd, avance-t-il). Ici, la distinction avancée par M. McKay entre « pétrole léger » et « pétrole lourd » est fallacieuse. En utilisant cette distinction, il souhaite probablement donner à penser que le « pétrole léger » serait moins polluant que le « pétrole lourd » – une stratégie qui rappelle celle des fabricants de cigarettes.

Enbridge et le rôle de l’État

Vendredi dernier, la commission parlementaire sur l’inversion de l’oléoduc 9B d’Enbridge déposait son rapport moins de 48 heures après la fin des audiences. Sans surprise, le rapport est favorable à l’entreprise albertaine tout en tentant d’amenuiser les risques pour la population d’inverser un oléoduc vieux de 37 ans qui passe sous des quartiers résidentiels. Rappelons que le dernier exercice du genre réalisé par Enbridge a causé la plus grande catastrophe environnementale en sol américain. Les coûts de réparation de ce désastre sont estimés à plus de 1 milliard $.

Par ailleurs, Enbridge a un triste bilan de près de 70 déversements chaque année depuis 10 ans.  Certains experts devant la commission ont mesuré à 90 % les chances qu’un tel évènement se produise sur la ligne 9B. Pour compenser, la commission parlementaire recommande qu’Enbridge fasse les tests de sécurité minimalement adéquats pour éviter un désastre environnemental. Il est désolant de constater que le gouvernement doit faire ce type de recommandations alors qu’il s’agit de sécurité élémentaire. Pour le réchauffement climatique, l’impact du projet est clairement négatif puisqu’il implique d’extraire 300 000 barils supplémentaires par jour d’un des pétroles les plus polluants du monde.