Legault et les fonctionnaires

Pour un politicien en campagne, dénoncer l’inefficacité des fonctionnaires, c’est comme prendre une photo avec un bébé : ça marche toujours. Le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, a donc promis hier d’en finir avec « le gaspillage et de réduire la bureaucratie au sein de l’État ». Au-delà des clichés et des stéréotypes sur l’image du fonctionnaire inutile, comment a évolué le nombre d’employé·e·s de l’État au Québec dans les dernières années?

Rénovation des écoles et manœuvres électorales

Évidemment, personne ne s’élève contre les investissements de 740 M$ annoncés hier par le gouvernement Couillard pour la rénovation et l’entretien d’écoles québécoises. En fait, l’ensemble des acteurs du milieu s’accorde pour dire qu’il était plus que temps.  Cependant, il importe de relativiser cette annonce qui comporte toutes les apparences d’une manœuvre électoraliste.

Résolution 2017 : Combler le vrai déficit

« Des sans voix, ça n’existe pas vraiment. Il n’y a que des gens qui sont délibérément réduits au silence ou qu’on préfère ne pas entendre. »  — Arundhati Roy

 

À quelques jours de l’inauguration du nouveau président des États-Unis, après l’étrange élection de laquelle Donald Trump est sorti vainqueur, l’heure est au bilan pour bien des États-unien·ne·s. En ce début d’année 2017, l’heure est aussi au bilan pour de nombreux autres citoyen·ne·s à travers le monde. Ce n’est pas surprenant, considérant le rôle géopolitique de cet imposant voisin. N’oublions toutefois pas qu’entre janvier et décembre 2016, les électeurs d’une vingtaine d’autres pays ont également eu à élire des personnes pour les représenter à la tête de leur État respectif. Examinons ces données électorales dans leur contexte socioéconomique : certains constats qui vont à l’encontre des idées reçues s’imposent.

Trump président : à qui la faute?

Si le système électoral étasunien avait été un peu plus sensé, Hillary Clinton serait maintenant présidente. En effet, celle qui représentait la continuité de Barack Obama a gagné, de peu, le vote populaire, ce qui aura été insuffisant pour lui ouvrir les portes du Bureau ovale à cause du système des grands électeurs.

 

Wall Street sera-t-elle satisfaite du résultat de l’élection?

Selon le magazine Fortune, le secteur financier étasunien aurait globalement versé près de 800 millions de dollars américains à des candidatures ou des partis en vue de l’élection présidentielle aux États-Unis, un montant en hausse de 35 % par rapport à 2008. Et comme on le sait, c’est le camp démocrate qui reçoit la part du lion de cette manne financière. Ceci dit, une victoire de Donald Trump importunerait-elle vraiment Wall Street?

 

Ces votes qui ne comptent pas

Hier, c’était jour de vote. Il est toujours bon de rappeler à quel point les vices de notre système électoral faussent profondément le résultat du vote. Bien sûr, n’importe qui peut faire le simple constat suivant : en tenant compte de l’abstention, les libéraux de M. Trudeau n’ont été choisi que par 27 % des gens qui sont des électeurs et électrices inscrit-es au Canada. Ils ont une confortable majorité à la Chambre de communes et, en conséquence, ils disposent des pleins pouvoirs à Ottawa et pourront prendre une série de décisions par décret et adopter plusieurs lois grâce à leur majorité.

 

Trois bonnes raisons de changer de gouvernement

Les élections sont à nos portes. Pour plusieurs, il ne reste qu’à attendre les résultats. Ça se comprend. Cette longue campagne électorale (la plus longue de l’histoire moderne) en aura lassé plus d’un·e. Pour certain·e·s, ça voudra dire rester à la maison et refuser de participer à cette interminable mascarade. Pour d’autres, le vote par anticipation n’aura jamais été aussi attrayant pour se libérer de la lourdeur du marketing politique que l’on vit depuis début août. Mais pour la plupart des personnes qui participeront aux élections, c’est le 19 octobre que ça se passera, qu’elles iront déposer dans l’urne leur choix pour les quatre prochaines années. Pour qui voter? Pour qui vous voulez. Mais peut-être pas pour les conservateurs de Harper.

Le triste bilan d’une campagne décevante

La campagne électorale se termine aujourd’hui. Au final, cette ronde aura été décevante. Les sujets qui ont pris le plus de place ont tous été abordés de manière stérile. Après 8 mois de déchirements sur la charte, qu’est-ce qu’il restait à dire? Encore plus devant des partis qui martèlent leurs mêmes positions, sans fléchir, depuis le début. Quant au référendum, c’est beau. On a compris. Personne n’en veut, même si certains aimeraient bien qu’on en veuille un. Sur l’intégrité, difficile de clore le sujet avant la fin des audiences de la commission Charbonneau.

L’illusion gestionnaire

Lors du premier débat des chefs le 20 mars dernier, le chef de la Coalition Avenir Québec a demandé à plusieurs reprises à son vis-à-vis libéral Philippe Couillard combien d’emplois celui-ci avait créé au cours de sa carrière. En adressant cette question à son adversaire, François Legault a voulu mettre de l’avant le fait qu’il avait pour sa part fondé et dirigé une entreprise d’envergure internationale avant de faire le saut en politique. Il laissait ainsi entendre que, en sa qualité d’ancien dirigeant d’entreprise, seul lui serait en mesure de créer des emplois s’il était porté au pouvoir.

Derrière cet échange réside un présupposé quant à la piètre situation de l’emploi au Québec qui a été largement discutée et qu’une analyse rigoureuse des données de Statistique Canada nous permet de modérer. L’économie stagne et donc la création d’emplois également. Cependant, on est loin de la catastrophe dont la CAQ et le PLQ parlent constamment pour discréditer le Parti Québécois.

Élections : les cadres financiers et le « réalisme »

Dans un texte récent, Francis Vailles reprochait au cadre financier de la Coalition Avenir Québec (CAQ), du Parti libéral (PLQ) et de Québec solidaire (QS) de manquer de réalisme. En somme, le chroniqueur économique de La Presse nous dit que ces partis promettent la lune sans nous montrer qu’ils peuvent l’atteindre. Si cet argument se défend, la posture politique du chroniqueur qui perce à travers son texte peut, elle, être contestée.

PKP : l’entrepreneur providentiel

La semaine dernière, un coup de tonnerre a résonné dans une campagne électorale jusque-là calme et terne. Pierre-Karl Péladeau sera candidat pour le Parti Québécois dans Saint-Jérôme! Cette annonce choc a provoqué une chaîne de réactions. De la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) en passant par l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP), chacun a exprimé ses inquiétudes liées à cette candidature. Des questions, des doutes et des craintes apparaissent tout naturellement suite à cette annonce : crainte de voir se fondre le rôle de magna des communications dans celui d’homme politique ou incrédulité face à la candidature d’un patron ayant eu recours 14 fois au lock-out afin de contraindre ses employé-es à se plier à ses exigences.

Pourquoi il ne faut pas se fier aux chiffres sur l’emploi que vous lisez dans les médias

Pendant cette campagne électorale qui s’amorce le mot « emploi » prend beaucoup de place. D’abord on nous parle du chômage et du bilan du Parti québécois en matière de création d’emplois. Le débat a commencé avant la campagne, mais prend une nouvelle ampleur depuis. Je vais tenter de montrer ici à quel point on ne comprend à peu près rien des chiffres sur l’emploi dans les médias et comment cette mauvaise compréhension nuit au débat public.

Le Québec aurait perdu 26 000 emplois en février, la nouvelle est tombée comme une bombe ébréchant au passage le bilan de Mme Marois. On connaît la chanson, l’opposition accuse et le gouvernement minimise. Devant ces désaccords sur l’emploi qui durent depuis des mois, la première question qu’on peut se poser est : les données sur lesquelles se fonde la discussion sont-elles fiables?