Commissions scolaires: invoquer l’urgence pour mieux bâcler une réforme

Photo: Jean Gagnon (Wikipédia)

Vendredi dernier, l’Assemblée nationale a adopté en toute urgence le projet de loi transformant les commissions scolaires du Québec en centres de services. En pleine tempête de neige, les députés sont restés à l’Assemblée nationale jusqu’aux petites heures du matin pour que la loi soit adoptée sous le bâillon. C’est la quatrième fois en 8 mois que le gouvernement utilise ce procédé d’exception qui force le vote avant que les débats ne soient épuisés. 

Rénovation des écoles et manœuvres électorales

Évidemment, personne ne s’élève contre les investissements de 740 M$ annoncés hier par le gouvernement Couillard pour la rénovation et l’entretien d’écoles québécoises. En fait, l’ensemble des acteurs du milieu s’accorde pour dire qu’il était plus que temps.  Cependant, il importe de relativiser cette annonce qui comporte toutes les apparences d’une manœuvre électoraliste.

L’argent en éducation selon l’IEDM : avancez vers l’arrière

Oubliez l’austérité. S’il faut en croire une étude récente de l’Institut économique de Montréal (IEDM) l’argent pleut sur le réseau d’enseignement public préscolaire, primaire et secondaire alors même que l’effectif étudiant diminue. Et cela va s’intensifier puisque le gouvernement prévoit des dépenses additionnelles en infrastructures et l’embauche de personnel. Pour mettre un terme à cet « emballement des dépenses » au cours de la dernière décennie, il faut « changer les façons de faire sans que cela ne coûte plus cher », afin que « le contribuable en ait plus pour son argent », croit l’IEDM. Voilà la trame d’une étude dont l’objectif premier est de ressasser les mêmes poncifs éculés à saveur libertarienne.

Les écoles privées du Québec à l’abri de l’austérité

Le monde scolaire québécois est parcouru par une séparation nette entre le réseau public et les écoles privées. Après l’application des mesures d’austérité par le gouvernement Couillard, il appert que les écoles privées ressortent de ces dernières années de coupes avec un positionnement qui les avantage encore plus qu’avant comparativement aux écoles publiques. Dans une note publiée hier, j’ai réalisé une analyse comparative des revenus des écoles privées et publiques, et les résultats sont limpides : les écoles privées ont traversé beaucoup plus facilement cette période difficile.