L’accord de Paris : succès ou échec?

Depuis la clôture de la 21e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP21), il y a maintenant près d’une semaine, les commentateurs et commentatrices d’ici et d’ailleurs y sont allé.e.s de multiples qualificatifs pour décrire l’accord de Paris : « accord historique », « prouesse diplomatique »… Dans les milieux progressistes, l’accord a été généralement bien accueilli, bien que plusieurs voix aient souligné son insuffisance et son caractère non contraignant. Doit-on parler d’un succès ou d’un échec?

Pour bien paraître à Paris

Suis-je le seul à être surpris de l’éloignement soudain du Canada du pétrole et des récentes déclarations de Phillipe Couillard sur Anticosti ? Bien sûr, c’était un projet péquiste et le gouvernement libéral provincial lui préfère le projet hyper polluant de la cimenterie de Port-Daniel, mais cette prise de distance reste tout de même étonnante.

Au-delà des belles paroles : le Québec à la COP21

La première semaine de la 21e Conférence des parties (COP21) terminée, il ne reste que cinq jours aux chefs d’État pour s’entendre sur les principaux points de discorde qui subsistent, soit le partage des efforts de réduction, l’aide aux pays en développement et le caractère contraignant d’un éventuel accord. Cependant, au-delà des beaux discours, ce que l’on constate est que le vrai changement – avant, pendant et après les négociations – dépend d’abord et avant tout de la capacité des mouvements sociaux locaux à mettre de la pression sur leurs élu.e.s. Le premier ministre Philippe Couillard, le ministre de l’Environnement David Heurtel et le reste du gouvernement n’y échappent pas. Or, dans quelle mesure leurs belles paroles sont-elles cohérentes avec leurs actions à domicile? Sur quels enjeux peuvent-ils s’attendre à être talonnés par les groupes sociaux?

L’hypocrisie du discours « écologique » conservateur

Les questions environnementales étaient à l’honneur la semaine dernière. Le sommet du Climate week se déroulant à New York aidant, nous avons vu plus de 125 leaders internationaux admettre l’importance de la question. Est-ce qu’il y aura de réelles répercussions à cette rencontre? Cela reste à voir. Bien que l’on peut rester dubitatif devant certaines propositions qui sont peu ou pas contraignantes proposées dans ce type de rencontres, il reste qu’elles représentent des moments charnières dans l’élaboration d’une stratégie internationale pour la lutte contre les changements climatiques. C’est pourtant sans trop de surprise que nous apprenions la semaine dernière que le premier ministre Harper, lui, ne daignerait même pas se présenter. Par contre, ce qui a été plutôt étonnant, voire surréaliste, ce sont les raisons invoquées pour justifier son absence. On peut comprendre que le premier ministre ait un horaire chargé, tout comme nous pouvons imaginer celui des États-Unis pourtant présents. Mais M. Harper a osé affirmer publiquement que la conférence ne méritait pas qu’il y porte attention parce que le Canada est déjà un leader en matière de lutte au bouleversement climatique. Avouez que ça décoiffe … C’est loufoque. Inquiétant. Embarrassant. Malheureusement peu étonnant.

Vers l’infarctus écologique ?

Une fois de plus, je vais vous ennuyer avec des statistiques environnementales. Voyez-vous, c’est que mardi le 19 août, nous avons collectivement atteint le jour du dépassement (aussi connue comme le Earth overshoot day). Cette journée établit le moment dans l’année où l’humanité a épuisé son crédit annuel de ressources naturelles renouvelables. Cela veut donc dire qu’en 2014, selon toute vraisemblance, il faut plus de 1,5 année à la Terre pour générer les ressources naturelles utilisées par les êtres humains en un an. Cet indicateur est fourni par le Global Footprint Network qui calcule l’empreinte écologique de la Terre. On peut voir une explication du concept ici.

Lac-Mégantic : au-delà de la voie de contournement

La semaine dernière avait lieu le triste premier anniversaire de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic. Lors de son passage dans la ville pour offrir son support, Philippe Couillard a été accueilli par un groupe citoyen réclamant la construction d'une voie de contournement de 13 km afin que des matières dangereuses ne circulent plus par le centre-ville. Bien que cette revendication soit justifiée par la dénivellation exceptionnelle et les courbes en cascade qui caractérisent l'entrée dans la ville, d'autres accidents ferroviaires survenus récemment dans d'autres régions remettent en question l'opportunité même de permettre le transport de pétrole par train au Québec.

Êtes-vous dans la « zone d'explosion »?

En même temps que l'on se recueillait à Lac-Mégantic, l'organisme environnemental américain ForestEthics mettait en ligne la carte interactive « Oil Train Blast Zone » (zone d'explosion des trains pétroliers), qui démontre de façon éloquente que le pétrole par train passe à travers la plupart des grands centres urbains québécois ainsi que des dizaines de villages. Il suffit d'entrer son adresse civique et on peut voir si sa résidence se situe ou non à l'intérieur d'une zone à risque de sinistre. Plutôt inquiétant.

Le Québec complice de la crise climatique?

Residents gather coins and other salvageable materials from the ruins of houses after Super Typhoon Haiyan battered Tacloban city in central Philippines

Le gouvernement du Québec a annoncé hier qu’il se faisait partenaire de Pétrolia, Corridor Ressources et Junex pour explorer le potentiel pétrolier de l’île d’Anticosti. Selon le raisonnement mis de l’avant, comme nous aurions besoin de pétrole pour encore longtemps, nous ferions aussi bien d’en exploiter directement chez nous, car en adoptant les meilleures pratiques, nous limiterions les impacts environnementaux liés à l’extraction pétrolière d’outre-mer.

Or, cette ligne argumentative repose sur des fondements factuels erronés. En réalité, exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti serait bien plus dommageable que de poursuivre l’importation selon les paramètres actuels, pour le temps qu’il reste avant la nécessaire transition écologique de l’économie québécoise. En fait, exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti aurait plutôt pour effet d’exacerber de façon significative le problème des émissions de gaz à effet de serre (GES) et ferait du Québec un participant actif dans la crise climatique imminente.

Hydrocarbures: ne pas laisser l’industrie à elle-même

Chaque année, l’Institut Fraser mène un sondage auprès des dirigeants d'entreprises pétrolières et gazières afin de déterminer où sont les endroits les plus intéressants pour les investissements de cette industrie. Cette année le «  Global Petroleum Survey » réunit les opinions de représentants de 762 entreprises locales ou internationales.

Depuis deux ans, aux yeux de l'Institut Fraser basé à Calgary, le Québec fait piètre figure. L’an dernier, il occupait la 101e place et cette année, il se place au 141e rang sur 157. Ainsi,  il y aurait sur la planète 140 lieux (provinces ou pays) qui ouvriraient plus facilement ses portes aux hydrocarbures que le Québec.  Voyons pourquoi :

Une première réflexion à mon retour de Fort McMurray

Fort McMurray

La tragédie de Lac-Mégantic soulève de nouveau la question de notre dépendance au pétrole. Les uns en profitent pour vanter les mérites des oléoducs d'Enbridge et cie, les autres questionnent plus profondément notre pétrodépendance ainsi que les coûts environnementaux et sociaux de l'extraction, du transport et de l'usage massif de formes de plus en plus extrêmes d'hydrocarbures.

Le débat est lancé et il engage l'avenir de l'humanité et de la biosphère. Si l'on se fie à ce que nous disent les climatologues, l'essentiel du pétrole "non-conventionnel" – les hydrocarbures extrêmes – doit rester sous terre si nous ne voulons pas pousser le changement climatique au-delà d'un seuil de non-retour catastrophique. Il va donc falloir compter uniquement sur les sources conventionnelles existantes pour opérer notre transition globale hors du pétrole, fermer le début d'extraction des formes extrêmes comme les sables bitumineux et le pétrole de schiste du Dakota. J'en aurais beaucoup à dire sur cette transition et les limites de toute stratégie qui repose uniquement sur des utopies technologiques et qui ne pense pas le changement d'un régime économique dépendant de la croissance. Mais pour le moment un simple constant, un message.

L’aveuglement volontaire des promoteurs du projet d’oléoduc 9b

Mercredi dernier, un regroupement patronal accompagné d’un syndicat de l’énergie s’est dit en faveur de l’inversion de l’oléoduc 9b de l’entreprise Enbridge, qui doit apporter le pétrole des sables bitumineux au Québec.

Mercredi dernier, un regroupement patronal accompagné d’un syndicat de l’énergie s’est dit en faveur de l’inversion de l’oléoduc 9b de l’entreprise Enbridge, qui doit apporter le pétrole des sables bitumineux au Québec. Si selon nous, la preuve de la nécessité d’encourager l’expansion des sables bitumineux et de perpétuer l’industrie pétrochimique reste à faire, il est troublant de constater l’incapacité de ces acteurs économiques traditionnels à élargir la réflexion au-delà des questions de produit intérieur brut (PIB) et d’emplois. Pas la moindre mention de « gaz à effet de serre », ni de « changements climatiques » dans le long communiqué. Or, le projet d’inversion de la ligne 9b soulève des enjeux de société autrement plus vastes que le discours classique des chambres de commerce.

Qu’est-ce que les changements climatiques?

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Le débat québécois sur l’exploitation pétrolière arrive à un moment de l’Histoire où l’utilisation de combustibles fossiles a déjà sensiblement altéré l’équilibre chimique de l’atmosphère, réchauffant la planète de 0,8 °C depuis le début de l’ère industrielle. Bien que nous soyons déjà entrés dans l’ère des conséquences, il nous est encore possible de limiter la magnitude des dégâts à venir. Dans ce contexte, revisiter les fondements de la science climatique moderne peut aider à prendre des décisions éclairées. En voici une brève synthèse.

Changements climatiques : l’«exagération» selon Joe Oliver

Le 11 avril dernier, le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, était de passage à Montréal pour faire la promotion des sables bitumineux. À cette occasion, il a fermé la porte à tout plafond strict d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et a affirmé que selon les scientifiques, nos peurs sur les changements climatiques étaient « exagérées ». Une affirmation qu’il a refusé de retirer encore la semaine dernière.