Au début du mois de mai se déroulait la semaine nationale de la santé mentale. Cette semaine visait principalement à faire de la sensibilisation sur la dépression. Nous ne sommes évidemment pas dans un processus nouveau : déjà en 2007, une publicité reflétant les principaux stéréotypes et clichés sur la question était au centre de la campagne « Mettons fin à nos préjugés ». Ces campagnes de sensibilisation n’empêchent malheureusement pas les problèmes d’accessibilité aux soins, et ce, particulièrement dans un contexte d’austérité. Et si nous parlions un peu plus des causes afin d’élaborer des politiques de prévention?
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Le choix de l’austérité
Au printemps 2013, nous avons publié une étude portant sur la trajectoire de l'économie canadienne et québécoise depuis la crise de 2008. Ce soir, je participerai à une émission spéciale de deux heures sur RDI animé par Anne-Marie Dussault et Gérald Fillion où nous débatterons de l’austérité. Pour l’occasion, j’ai décidé de mettre à jour les données de cette étude pour voir comment avait évoluée la situation.
Une rigolade en période austère
Les écoles qui arrêtent de servir des repas aux élèves qui ne mangent pas à la maison. Les services aux enfants en difficulté qui sont coupés. Les personnes âgées qui n’ont droit qu’à un bain par semaine dans des centres hospitaliers de longue durée. Les hôpitaux qui voient les délais s’allonger dans les résultats de laboratoire puisqu’ils ont coupé dans les postes techniques pour éviter de couper dans les soins de première ligne. Le logement social qui est sous-financé. Les lieux de concertation régionale qui sont abolis. L’austérité, ce n’est pas une affaire drôle. Et pourtant, mardi prochain, des personnes drôles chercheront à faire rire en en parlant.
L’équilibre budgétaire : un prétexte?
L’équilibre budgétaire qui a été au cœur du discours gouvernemental est un prétexte qui n’a rien à voir avec la plupart des mesures implantées en son nom. Le but n’était pas d’économiser, c’était de continuer la transformation de l’État entreprise depuis Jean Charest: gérer les services publics comme une entreprise privée. Le déficit servait simplement à faire peur pour pouvoir imposer les mesures.
Les priorités de l’austérité
Le ministre Barrette est heureux de nous annoncer qu’il y aura plus (plus, plus, toujours plus!) d’argent qui sera économisé grâce à ses réformes du système de santé. Les cadres fuient, les médecins aussi? Plus d’économies! Au-delà du fait qu’il est légitime de se demander si c’est rassurant qu’un ministre de la santé se félicite d’abord et avant tout des économies qu’il peut faire, cette déclaration nous ramène encore à l’obsession budgétaire du gouvernement.
Budget 2015 : L’austérité silencieuse annonce la suite du plan néolibéral
Pour tout vous dire, il n’y a aucune annonce dans le budget 2015-2016 du gouvernement du Québec. Tout ce qui compte avait été annoncé dans le budget précédent : des compressions que le gouvernement évalue à une hauteur de 5,5 G$. Si tout va selon les intentions du gouvernement : les employés du secteur public n’auront pas de hausse salariale, des emplois seront coupés, les services seront compressés, on continuera d’imposer un pacte fiscal aux municipalités… Toutes des mauvaises idées déjà annoncées (que notre collègue Minh Nguyen a compilé dans ce document).
Quand austérité rime avec hostilité
Selon Philippe Couillard, l’austérité ne serait rien d’autre « qu’une vue de l’esprit ».
Or, comme l’a si bien dit Philip K. Dick, célèbre auteur américain de romans de science-fiction, « la réalité, c’est ce qui continue d’exister lorsque l’on cesse d’y croire ».
Dans la même veine, que l’on « croit » ou non à l’austérité, les très réelles compressions dans les services publics ont des conséquences biens concrètes. Elles brisent les liens de solidarité sociale qui existent à travers les institutions et, contrairement à cette déclaration du premier ministre selon laquelle « la rigueur budgétaire ne devrait pas être source de morosité », elles induisent un véritable pessimisme chez celles et ceux qui les subissent.
Le déficit imaginaire
Depuis les dernières élections, la créativité et l’imagination se sont définitivement installées dans la vie politique québécoise. Insatisfait d’exagérer seulement le déficit budgétaire en manipulant les chiffres, le gouvernement Couillard invente un soi-disant déficit structurel entre les dépenses et les revenus de l’État.
7 milliards ça fait beaucoup
Sortir de la crise a un coût. Pour les femmes du Québec, celui-ci s’est élevé à près de 7 milliards $ de 2008 à aujourd’hui. Et ce n’est qu’une partie de l’histoire… Commençons par le début.
En 2008, le Québec, comme la plupart des États occidentaux, a connu une crise économique que plusieurs affirment être la plus sévère depuis le fameux crash boursier de 1929. Pendant deux ans, le gouvernement s’est autorisé à faire des déficits. Par contre, une fois la (maigre) croissance de retour, les politiques d’austérité se sont pointées le bout du nez. Il faut croire que le chant du déficit zéro a été trop séduisant. Bien que de nouvelles dépenses continuaient d’être annoncées, la part du lion des annonces gouvernementales concernait plutôt des compressions. Au total, c’est plus de 23 milliards $ qui ont été coupés de l’économie québécoise par les mesures d’austérité. Et de ce montant, 13 milliards $ ont touché plus particulièrement les femmes, soit 3 milliards $ de plus que les hommes.
L’impact de l’austérité sur les femmes au Québec
L’austérité ou la violence budgétaire
Depuis la crise de 2008, l’austérité budgétaire a durablement pris racine. Tous les prétextes sont bons pour y avoir recours, que ce soit la lutte au déficit, à l’endettement public ou encore pour affronter les « privilèges » des employé.e.s de l’État. Dans chacun de ces cas, l’austérité se présente comme étant inévitable, incontournable. Bien entendu, la réalité est bien plus complexe et une compréhension juste de la conjoncture budgétaire de nombreux États ne peut se contenter de cette austère idée. Pourtant, il semble pertinent de comprendre les dynamiques en cours comme venant renforcir le virage autoritaire que connait notre « démocratie ».
Le gras fait de mauvaises chansons
Vous rappelez-vous du refrain de la chanson libérale la plus populaire de l’été dernier?
Ça allait comme suit : « Les coupures n’affecteront pas les services offerts à la population. On va couper dans le gras ».
Diffusée à travers la province par un appareil suffisamment puissant, sa mélodie devait couvrir le bruit de la scie à chaine que le gouvernement utilisait pour amputer les services publics. Depuis, elle est sortie du palmarès, ou du moins, le gouvernement ne se donne même plus la peine de la chanter… Comme elle servait de justification aux compressions annoncées dans le budget de juin dernier, il est peut-être intéressant de la syntoniser de nouveau pour voir si son air est encore au goût du jour.