Récupérons 400M$ avec de réelles redevances sur l’eau

Dans un de mes derniers textes, j’évoquais l’idée de taxer les bouteilles d’eau afin d’augmenter les revenus de l’État plutôt que de systématiquement couper dans les services à la population à travers des mesures d’austérité. Plusieurs d’entre vous m’ont demandé de jeter un œil sur l’état des redevances industrielles sur l’eau au Québec. Ils avaient bien raison. Regardons la situation.

Quand les tarifs d’Hydro remplacent l’impôt

Il est presque devenu fréquent de recevoir à l’arrivée du printemps la mauvaise nouvelle du compte d’Hydro qui va augmenter. Cette année ne fait pas exception. Alors qu’Hydro-Québec fait des profits records, ses tarifs vont connaitre une hausse de 2,9 % pour la clientèle résidentielle. Cet exercice devrait lui permettre d’accumuler 301 millions de dollars additionnels. Entre 2011 et 2015, les hausses consenties auront représenté 8,7 % alors que l’inflation aura été de 7,41 % (prévisions pour 2015 incluses).

Et si on allait chercher 240 M$ avec les bouteilles d’eau?

Le gouvernement nous le martèle depuis un bout de temps, mais de façon encore plus frénétique depuis quelques semaines : l’état des finances publiques est dramatique, mais rien ne l’empêchera d’atteindre le déficit zéro dans les délais annoncés. Ainsi, tous les moyens sont bons pour couper dans les budgets de l’État et réduire les services à la population. Le tout, en restant assez modeste dans sa volonté et sa capacité à aller chercher de nouveaux revenus. Pourtant, un peu d’imagination permettrait surement de proposer quelques pistes intéressantes. De plus, cette recherche de nouvelles entrées d’argent pourrait être envisagée dans une perspective écologique de diminution de la pollution, plus concrète que la bourse du carbone. À l’instar de certaines juridictions états-uniennes, l’idée de taxer les bouteilles de plastique me semble une avenue nécessaire à explorer. Regardons ce qu’il en est.

L’hypocrisie du discours « écologique » conservateur

Les questions environnementales étaient à l’honneur la semaine dernière. Le sommet du Climate week se déroulant à New York aidant, nous avons vu plus de 125 leaders internationaux admettre l’importance de la question. Est-ce qu’il y aura de réelles répercussions à cette rencontre? Cela reste à voir. Bien que l’on peut rester dubitatif devant certaines propositions qui sont peu ou pas contraignantes proposées dans ce type de rencontres, il reste qu’elles représentent des moments charnières dans l’élaboration d’une stratégie internationale pour la lutte contre les changements climatiques. C’est pourtant sans trop de surprise que nous apprenions la semaine dernière que le premier ministre Harper, lui, ne daignerait même pas se présenter. Par contre, ce qui a été plutôt étonnant, voire surréaliste, ce sont les raisons invoquées pour justifier son absence. On peut comprendre que le premier ministre ait un horaire chargé, tout comme nous pouvons imaginer celui des États-Unis pourtant présents. Mais M. Harper a osé affirmer publiquement que la conférence ne méritait pas qu’il y porte attention parce que le Canada est déjà un leader en matière de lutte au bouleversement climatique. Avouez que ça décoiffe … C’est loufoque. Inquiétant. Embarrassant. Malheureusement peu étonnant.

La bourse au carbone : une fausse bonne idée? (deuxième partie)

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Ce texte fait suite à un texte publié vendredi dernier que vous pouvez retrouver ici.

Je terminais mon dernier texte sur la bourse au carbone en indiquant que le SPEDE, type de bourse du carbone qui entrera en vigueur le 1er janvier 2015, risquait de ne pas remplir son mandat. La tonne d’équivalents de gaz carbonique aurait de fortes chances de se  transiger à prix modique, ce qui nuirait à la transformation du comportement des industries polluantes, les encourageant à acheter des droits de pollution à bas prix. Or cette situation n’est pas propre au Québec. La dévaluation du prix de la MT CO2e fait partie des réalités et des nombreux échecs la bourse au carbone. Ce second texte tentera d’en présenter quelques-uns.

Il existe deux questions de fond sur la bourse du carbone : est-ce concrètement réalisable et et est-ce souhaitable ? Tentons d’y répondre.

La bourse du carbone : une fausse bonne idée?

1024px-Industry_smokeCe texte est le premier d’une série de deux sur la bourse du carbone. Nous tenterons d’expliquer en quoi consiste-t-elle exactement et nous nous questionnerons à savoir si elle est vraiment la bonne solution pour freiner la pollution par les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce présent billet, nous nous attarderons principalement au fonctionnement de la bourse du carbone et de son dérivé québécois, le Système de plafonnement et d’échange de droit d’émission de droit d’émission de gaz à effet de serre du Québec (SPEDE). Ce dernier entrera en vigueur le 1er janvier 2015 pour les entreprises productrices ou distributrices de carburant dont les émanations dépassent 25 000 tonnes métriques d’équivalents de Co 2 (MT CO2e).

Vers l’infarctus écologique ?

Une fois de plus, je vais vous ennuyer avec des statistiques environnementales. Voyez-vous, c’est que mardi le 19 août, nous avons collectivement atteint le jour du dépassement (aussi connue comme le Earth overshoot day). Cette journée établit le moment dans l’année où l’humanité a épuisé son crédit annuel de ressources naturelles renouvelables. Cela veut donc dire qu’en 2014, selon toute vraisemblance, il faut plus de 1,5 année à la Terre pour générer les ressources naturelles utilisées par les êtres humains en un an. Cet indicateur est fourni par le Global Footprint Network qui calcule l’empreinte écologique de la Terre. On peut voir une explication du concept ici.

Le modèle « d’avenir » nommé extractivisme

Au printemps 2014,  l’IRIS a collaboré avec UPop Montréal pour présenter un cours d’introduction à l’économie.  Nous vous présentons la quatrième capsule produite dans le cadre de cette association. Aujourd’hui, Laura Handal dresse un bref portrait de ce qu’est l’extractivisme qui redevient forme de gestion économique dominante dans le monde. Cette philosophie consiste à stimuler une… Continue reading Le modèle « d’avenir » nommé extractivisme

Lac-Mégantic : au-delà de la voie de contournement

La semaine dernière avait lieu le triste premier anniversaire de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic. Lors de son passage dans la ville pour offrir son support, Philippe Couillard a été accueilli par un groupe citoyen réclamant la construction d'une voie de contournement de 13 km afin que des matières dangereuses ne circulent plus par le centre-ville. Bien que cette revendication soit justifiée par la dénivellation exceptionnelle et les courbes en cascade qui caractérisent l'entrée dans la ville, d'autres accidents ferroviaires survenus récemment dans d'autres régions remettent en question l'opportunité même de permettre le transport de pétrole par train au Québec.

Êtes-vous dans la « zone d'explosion »?

En même temps que l'on se recueillait à Lac-Mégantic, l'organisme environnemental américain ForestEthics mettait en ligne la carte interactive « Oil Train Blast Zone » (zone d'explosion des trains pétroliers), qui démontre de façon éloquente que le pétrole par train passe à travers la plupart des grands centres urbains québécois ainsi que des dizaines de villages. Il suffit d'entrer son adresse civique et on peut voir si sa résidence se situe ou non à l'intérieur d'une zone à risque de sinistre. Plutôt inquiétant.

Lac-Mégantic : camouflage de la vérité derrière l’échec de la réglementation

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La semaine dernière, 10 mois après la catastrophe qui a frappé la ville de Lac‑Mégantic, les procureur.e.s du gouvernement du Québec ont déposé des accusations criminelles contre trois employés de première ligne de la société Montréal Maine and Atlantic Railway (MMA).

Les suspects, qui ont dû défiler en public menottes aux poings dans le pur style américain de la « marche du condamné », ont été accusés de 47 chefs d’accusation de négligence criminelle ayant causé la mort.

La bulle financière du carbone

Dans un récent billet, j’ai fait une très courte recension des coûts associés aux catastrophes naturelles liées à la pollution. Sans surprise, j’incitais les politicien.ne.s et les économistes traditionnel.le.s à se sortir la tête des sables bitumineux et à regarder en face les dangers liés à la croissance de l’empreinte écologique au pays et dans le monde.

Bien que les coûts liés à la crise climatique soient majeurs, on n’a pas l’impression d’être réellement touché. Bien sûr, des fonds spéciaux financés à même les impôts pourraient servir à payer le prix d’éventuelles reconstructions, mais les effets sur notre avoir personnel semblent somme toute peu importants. Pourtant, l’éclatement de la bulle financière risque mener vers une des crises financières mondiales les plus importantes des dernières décennies.

Voici pourquoi :