Au-delà des belles paroles : le Québec à la COP21

La première semaine de la 21e Conférence des parties (COP21) terminée, il ne reste que cinq jours aux chefs d’État pour s’entendre sur les principaux points de discorde qui subsistent, soit le partage des efforts de réduction, l’aide aux pays en développement et le caractère contraignant d’un éventuel accord. Cependant, au-delà des beaux discours, ce que l’on constate est que le vrai changement – avant, pendant et après les négociations – dépend d’abord et avant tout de la capacité des mouvements sociaux locaux à mettre de la pression sur leurs élu.e.s. Le premier ministre Philippe Couillard, le ministre de l’Environnement David Heurtel et le reste du gouvernement n’y échappent pas. Or, dans quelle mesure leurs belles paroles sont-elles cohérentes avec leurs actions à domicile? Sur quels enjeux peuvent-ils s’attendre à être talonnés par les groupes sociaux?

Donner une valeur au monde

Si partout on nous propose des « débats », les vrais débats sont rares. Plus encore sur les questions économiques. Je participe très souvent à des échanges dans les médias avec nos collègues de l’Institut économique de Montréal (ou du Conseil du patronat, ou de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ou de l’Institut Fraser…) qui sont présentés comme des débats, pourtant il ne s’agit à peu près jamais de débats. Il s’agit plutôt, au mieux, de présenter quelques arguments soutenant deux thèses opposées; au pire, de combats de coqs puérils où l’essentiel est de bien paraître.

Réplique à Céline Hequet: l’économie autrement

Le 8 octobre dernier, en réponse à notre article sur l’intérêt de l’analyse économique en terme d’externalités, Céline Hecquet soutenait la thèse générale que « loin de révolutionner la science économique, cette approche va plutôt dans le sens des réformes néolibérales des 30 dernières années ». Bien que cette critique mette le doigt sur certains points intéressants, et nous y reviendrons, nous croyons qu’elle présente une mauvaise interprétation de notre position et procède d’une utilisation abusive du concept de néolibéralisme.

Anticosti, évaluation environnementale et rentabilité

Mercredi le 28 octobre dernier, une des études gouvernementales commandées par les évaluations environnementales stratégiques (EES) du Québec sur Anticosti a été rendue publique : elle tente d’estimer la rentabilité d’exploiter les hydrocarbures sur l’île d’Anticosti. (Mentionons que, pour le moment, rien ne démontre qu’il y ait de l’énergie fossile exploitable sur le territoire.) Comme j’ai travaillé sur le sujet, j’étais impatient de voir comment les personnes qui représentent les différents ministères du gouvernement estimaient la situation financière des hydrocarbures sur Anticosti. Voici quelques observations à chaud sur ce rapport qui est passé passablement inaperçu. 

Consultation publique : « Cause toujours »

Selon le calendrier de l’évaluation environnementale stratégique (EES) globale sur les hydrocarbures, c’était hier, le 28 octobre, que la population pouvait accéder aux documents qui permettront d’établir l’ensemble des politiques liées à l’exploration, l’exploitation et le transport (oléoduc, train, bateau) des hydrocarbures (pétrole et gaz) sur l’ensemble du territoire québécois. Du coup, la population a accès à 36 études sur le sujet pour se faire une opinion. Notez que cette portion de l’EES exclut l’exploitation sur Anticosti.

Le pétrole d’Anticosti : beaucoup de courbettes pour pas grand chose

Ce matin, le baril de pétrole se négociait à 56 $CAN. Pour que les compagnies pétrolières puissent exploiter le pétrole d’Anticosti, il faudrait que le baril se vende à 163,4 $CAN. Faites le calcul vous-même, on est loin du compte. Le pétrole d’Anticosti n’est pas et ne sera pas  rentable avant longtemps.

Le top 10 des grands pollueurs au Québec

Ceux et celles qui me lisent le savent, je ne suis pas le plus grand défenseur du SPEDE et de la bourse au carbone. Cependant, je dois bien admettre qu’un des avantages de ce type de politique est de rendre publiques les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par les plus importants pollueurs du Québec

Déversement de diesel aux Îles-de-la-Madeleine : devinez qui va payer

Vous vous rappellerez peut-être que le 14 septembre dernier, Thierry Vandal a indiqué qu’Hydro-Québec prenait l’entière responsabilité du déversement de 100 000 litres de diesel à Cap-aux-Meules le 11 septembre, et donc que la note ne serait pas refilée au gouvernement. Ce qui veut dire qu’à travers les tarifs d’Hydro-Québec, nous, client∙e∙s, aurons la générosité d’éponger les 20 M$ de dégâts (p. 12). Cette somme ne prend pas en compte les dégâts environnementaux non chiffrables pour le moment. Cela semble si facile de prendre la responsabilité d’un événement quand on refile la facture aux client∙e∙s.

Des clauses pour protéger les plus forts

Lorsque le Québec a imposé un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste, la compagnie étasunienne Lone Pine Ressources Inc.  a poursuivi le gouvernement du Canada. Pourquoi? La compagnie allègue qu’elle est brimée dans son « droit » de réaliser des profits au Québec et exige 250M$ de compensation. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’Accord de Libre-échange Nord-américain (ALENA) et ses clauses de protection des investisseurs.