Pétrole/Uber : quand l’État s’aplatit

Les derniers jours ont été riches en exemples de girouettes politiques. Alors qu’à la conférence de Paris le premier ministre Couillard vantait le côté écologique du Québec et qu’il nous répétait, il y a deux mois, que l’avenir du Québec ne reposait pas sur les hydrocarbures, voilà qu’il propose un projet de loi pro-hydrocarbure pour la politique énergétique. De plus, après des mois de tergiversations sur Uber, durant lesquels il n’a pas appliqué ses propres lois, le gouvernement laisse à la corporation la possibilité d’opérer encore trois mois de plus, le temps de fournir un projet pilote. Bref, sur ces deux sujets, le gouvernement s’est tout simplement aplati.

 

Et puis Anticosti, est-ce que c’est rentable ?

Sans trop faire de bruit, le gouvernement Couillard a rendu publics deux nouveaux rapports de synthèse de l’évaluation environnementale stratégique (EES) sur l’exploitation pétrolière et gazière au Québec. Le premier rapport porte sur l’ensemble de l’exploitation et la consommation des hydrocarbures. Le second est spécifique à l’exploitation d’hydrocarbures sur l’ile d’Anticosti. Sans me prononcer sur l’aspect des connaissances géologiques des documents, il m’apparaît que leurs conclusions supportent deux arguments assez surprenants d’un point de vue économique qui méritent réflexion.

 

Le gaz naturel liquéfié, la dernière mode «verte»

En termes de transport, le gouvernement libéral s’enthousiasme pour le gaz naturel liquéfié (GNL). Comme son nom l’indique, ce « nouveau » carburant pour véhicule lourd facile à transporter est du gaz naturel qui a été liquéfié, permettant d’importantes réductions d’émission de gaz à effet de serre dans le domaine du transport de marchandises. C’est pourquoi le gouvernement Couillard mise sur cette énergie dans la nouvelle Politique énergétique 2016-2030. Regardons si véritablement le GNL est une solution magique.

 

Sondage de l’IEDM sur le pétrole: et la majorité silencieuse fut!

L’Institut économique de Montréal (IEDM) n’a pas digéré la volte-face de Philippe Couillard dans le dossier de l’exploration et de l’exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti. Pas plus que le rejet par les maires des 82 villes de la Communauté métropolitaine de Montréal du projet de pipeline d’Énergie Est, qui vise à acheminer du pétrole de l’Ouest canadien vers le terminal de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick via de nombreuses municipalités du Québec. Dans le but de faire contrepoids à autant d’hérésie, l’IEDM a donc sollicité l’aide d’un allié qu’il savait ne pouvait les trahir : le sondage d’opinion.

C’est pour quand le transport en commun?

On le sait, le gouvernement du Québec souhaite diminuer de 37,5 % ses émanations de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2035. Or, pour le moment, aucune réelle action concrète n’a été annoncée, outre un timide soutien à la voiture électrique. Si le gouvernement était le moindrement sérieux dans sa démarche, il investirait dans le transport en commun. Cette décision serait non seulement intéressante d’un point de vue écologique, mais  aurait surtout  un impact positif sur l’économie du Québec. 

Sortir du pétrole… et de l’automobile

Le souvenir de la COP 21 plane au-dessus du plus emblématique des salons automobiles nord-américains, qui s’est ouvert hier à Detroit au Michigan. À Paris, il y a un mois, la 21e Conférence des Parties sur les Changements climatiques s’était achevée sur la promesse formulée par les pays participants de limiter leur impact sur le climat grâce à une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Bien qu’il faille reconnaître les côtés positifs de cet accord, il faut aussi impérativement garder à l’esprit que c’est seulement en revoyant de manière radicale nos modes de production et de consommation que l’on peut espérer éviter des bouleversements climatiques désastreux.

TransCanada et la tactique de la peur

Nous y sommes : alors que la communauté internationale considère comme « historique » la ratification des accords de Paris, la corporation pétrolière TransCanada poursuit le gouvernement américain pour 15 milliards de dollars. La raison : la corporation se plaint que le président américain, Barack Obama, ait utilisé son véto politique pour bloquer la construction du pipeline Keystone XL.

Externalités: trop de science économique pour éclairer nos dilemmes sociaux

Le 5 novembre dernier, Samuel Caron et Hugo Morin répondaient à ma critique de leur billet au sujet de l’internalisation des externalités, présentée alors comme une approche permettant de donner « une vue d’ensemble de la société ». Contrairement à ce que les auteurs semblent avoir retenu de mon premier texte, la faille de leur argumentaire n’est pas tant au niveau des valeurs incommensurables (c’est-à-dire les valeurs infinies, comme celle d’une terre considérée comme sacrée par un peuple autochtone), mais plutôt au niveau des implications politiques d’une telle approche à l’ère néolibérale. En repassant les arguments de leur deuxième billet, je tenterai d’expliquer plus clairement pourquoi.