Externalités: trop de science économique pour éclairer nos dilemmes sociaux

Le 5 novembre dernier, Samuel Caron et Hugo Morin répondaient à ma critique de leur billet au sujet de l’internalisation des externalités, présentée alors comme une approche permettant de donner « une vue d’ensemble de la société ». Contrairement à ce que les auteurs semblent avoir retenu de mon premier texte, la faille de leur argumentaire n’est pas tant au niveau des valeurs incommensurables (c’est-à-dire les valeurs infinies, comme celle d’une terre considérée comme sacrée par un peuple autochtone), mais plutôt au niveau des implications politiques d’une telle approche à l’ère néolibérale. En repassant les arguments de leur deuxième billet, je tenterai d’expliquer plus clairement pourquoi.

L’accord de Paris : succès ou échec?

Depuis la clôture de la 21e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP21), il y a maintenant près d’une semaine, les commentateurs et commentatrices d’ici et d’ailleurs y sont allé.e.s de multiples qualificatifs pour décrire l’accord de Paris : « accord historique », « prouesse diplomatique »… Dans les milieux progressistes, l’accord a été généralement bien accueilli, bien que plusieurs voix aient souligné son insuffisance et son caractère non contraignant. Doit-on parler d’un succès ou d’un échec?

Pour bien paraître à Paris

Suis-je le seul à être surpris de l’éloignement soudain du Canada du pétrole et des récentes déclarations de Phillipe Couillard sur Anticosti ? Bien sûr, c’était un projet péquiste et le gouvernement libéral provincial lui préfère le projet hyper polluant de la cimenterie de Port-Daniel, mais cette prise de distance reste tout de même étonnante.

Au-delà des belles paroles : le Québec à la COP21

La première semaine de la 21e Conférence des parties (COP21) terminée, il ne reste que cinq jours aux chefs d’État pour s’entendre sur les principaux points de discorde qui subsistent, soit le partage des efforts de réduction, l’aide aux pays en développement et le caractère contraignant d’un éventuel accord. Cependant, au-delà des beaux discours, ce que l’on constate est que le vrai changement – avant, pendant et après les négociations – dépend d’abord et avant tout de la capacité des mouvements sociaux locaux à mettre de la pression sur leurs élu.e.s. Le premier ministre Philippe Couillard, le ministre de l’Environnement David Heurtel et le reste du gouvernement n’y échappent pas. Or, dans quelle mesure leurs belles paroles sont-elles cohérentes avec leurs actions à domicile? Sur quels enjeux peuvent-ils s’attendre à être talonnés par les groupes sociaux?

Donner une valeur au monde

Si partout on nous propose des « débats », les vrais débats sont rares. Plus encore sur les questions économiques. Je participe très souvent à des échanges dans les médias avec nos collègues de l’Institut économique de Montréal (ou du Conseil du patronat, ou de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ou de l’Institut Fraser…) qui sont présentés comme des débats, pourtant il ne s’agit à peu près jamais de débats. Il s’agit plutôt, au mieux, de présenter quelques arguments soutenant deux thèses opposées; au pire, de combats de coqs puérils où l’essentiel est de bien paraître.

Réplique à Céline Hequet: l’économie autrement

Le 8 octobre dernier, en réponse à notre article sur l’intérêt de l’analyse économique en terme d’externalités, Céline Hecquet soutenait la thèse générale que « loin de révolutionner la science économique, cette approche va plutôt dans le sens des réformes néolibérales des 30 dernières années ». Bien que cette critique mette le doigt sur certains points intéressants, et nous y reviendrons, nous croyons qu’elle présente une mauvaise interprétation de notre position et procède d’une utilisation abusive du concept de néolibéralisme.

Anticosti, évaluation environnementale et rentabilité

Mercredi le 28 octobre dernier, une des études gouvernementales commandées par les évaluations environnementales stratégiques (EES) du Québec sur Anticosti a été rendue publique : elle tente d’estimer la rentabilité d’exploiter les hydrocarbures sur l’île d’Anticosti. (Mentionons que, pour le moment, rien ne démontre qu’il y ait de l’énergie fossile exploitable sur le territoire.) Comme j’ai travaillé sur le sujet, j’étais impatient de voir comment les personnes qui représentent les différents ministères du gouvernement estimaient la situation financière des hydrocarbures sur Anticosti. Voici quelques observations à chaud sur ce rapport qui est passé passablement inaperçu. 

Consultation publique : « Cause toujours »

Selon le calendrier de l’évaluation environnementale stratégique (EES) globale sur les hydrocarbures, c’était hier, le 28 octobre, que la population pouvait accéder aux documents qui permettront d’établir l’ensemble des politiques liées à l’exploration, l’exploitation et le transport (oléoduc, train, bateau) des hydrocarbures (pétrole et gaz) sur l’ensemble du territoire québécois. Du coup, la population a accès à 36 études sur le sujet pour se faire une opinion. Notez que cette portion de l’EES exclut l’exploitation sur Anticosti.

Le pétrole d’Anticosti : beaucoup de courbettes pour pas grand chose

Ce matin, le baril de pétrole se négociait à 56 $CAN. Pour que les compagnies pétrolières puissent exploiter le pétrole d’Anticosti, il faudrait que le baril se vende à 163,4 $CAN. Faites le calcul vous-même, on est loin du compte. Le pétrole d’Anticosti n’est pas et ne sera pas  rentable avant longtemps.

Le top 10 des grands pollueurs au Québec

Ceux et celles qui me lisent le savent, je ne suis pas le plus grand défenseur du SPEDE et de la bourse au carbone. Cependant, je dois bien admettre qu’un des avantages de ce type de politique est de rendre publiques les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par les plus importants pollueurs du Québec