Le faux Nobel

Chaque automne, les prestigieux prix Nobel sont décernés à des personnes ou des organisations pour leurs « bienfaits à l’humanité ». Chaque fois, on attribue cinq prix, conformément au testament de l’inventeur de la dynamite, Alfred Nobel. Le plus célèbre est sans doute le prix Nobel de la paix, attribué cette année à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Les quatre autres sont les Nobel de littérature, de médecine, de physique et de chimie.

Et c’est tout. Mais attendez, direz-vous. Ne décerne-t-on pas chaque année un prix Nobel de l’économie?

Concentration de la presse : qui est le monstre?

Alors que la fusion Bell-Astral semble tourner à l’avantage de Bell, mais pas nécessairement à l’avantage du Québec – comme c’était prévisible – revenons sur le débat ayant entouré cette fusion. Maintenant que les esprits se sont calmés, on se surprend à relire la teneur de certaines déclarations du printemps dernier.

Rappelons les faits, une fois annoncée la volonté de créer un nouveau titan des médiasdes voix se sont élevées contre cette concentration encore plus grande des médias du secteur télévisuel. Les plus énergiques protestations sont venues d’un regroupement de trois entreprises Cogeco, EastLink et Québecor qui, à grand renfort de publicité, ont attaqué cette fusion. On les comprend, elle crée un compétiteur majeur dans leur secteur.

La dette souveraine dans la tourmente

Blogue PBeaulneDans une récente note, l'IRIS traite de la dette souveraine. Nous assistons présentement à la première grande crise de la nouvelle économie financiarisée et mondialisée, crise consécutive à l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis qui a entraîné l’implosion d’un système financier débridé et mené le monde au bord du gouffre à l’automne 2008. Cette crise dont les pays avancés ne parviennent toujours pas à s’extirper, et qui plombe maintenant l’essor des pays émergents et en développement, ne constitue que le dernier avatar de l’évolution d’un système chaotique qui intensifie le saccage de l’environnement. Celle-ci a provoqué un gonflement des dettes d’un grand nombre d’États, obligés d’éponger les dégâts : déficits alourdis en raison de la chute des recettes fiscales, déboursés accrus pour les protections sociales et les mesures économiques de stimulation, coût du sauvetage des banques et du soutien du crédit, effets de la spéculation, etc.

Prix du livre : une règlementation sensée

9304919291_615e5febf0_z

Aujourd’hui, j’irai déposer le mémoire de l’IRIS à propos d’une règlementation sur le prix du livre en commission parlementaire à l’Assemblée nationale. Il porte sur la proposition d'un regroupement du milieu du livre de limiter les rabais à hauteur de 10% pendant les neuf premiers mois de vie commerciale d’un livre. Globalement, après recherches et analyses, nous trouvons que cette proposition est tout à fait raisonnable.

En premier lieu, parce qu'elle ne changera pas grand chose au monde du livre québécois. En effet, ce milieu est plutôt une situation d’exception en terre d’Amérique : beaucoup de petits joueurs indépendants, présents sur tout le territoire et une vitalité d’édition peu commune pour une si petite communauté. Nous avons affaire ici à une mesure qui agira en tant que parapluie pour protéger cette exception.

Atterrissage en douceur ou crash immobilier? Le suspense tire à sa fin

jua

Le discours a changé chez les analystes du marché financier. Il n’y plus lieu de se demander si le marché connaît un ralentissement, on se questionne désormais à savoir ce à quoi ressemblera la « correction ». Les indicateurs tels que les permis de construction et le prix des propriétés ont suffisamment diminué au cours des derniers mois pour convaincre les autorités canadiennes de poser certains gestes visant à « refroidir » le marché. Le dernier en date s’est produit la semaine dernière alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) annonçait qu’elle limitait la garantie octroyée sur la conversion d'hypothèques en titres de créance.

On pourrait donc séparer les observatrices et observateurs de la bulle immobilière en deux camps : ceux qui tablent sur un « atterrissage en douceur », donc un rééquilibrage des prix vers un niveau plus sensé et ce, sans grande perturbation dans l’économie. Dans l’autre camp, il y a ceux qui appréhendent un crash et que le marché pique soudainement du nez entraînant avec lui l’économie canadienne. Comme l’explique cet article de la Presse canadienne, cette version pessimiste à propos de la « correction » qui attend le marché n’affecterait pas seulement l’avoir des ménages frappés sur leur actif de plus grande valeur, leur propriété. En effet, le secteur de la construction serait également touché, mais surtout la confiance ébranlée des ménages ferait chuter leurs dépenses et le dernier moteur vigoureux de l’économie canadienne serait ainsi enrayé. Ce ralentissement provoquerait des faillites qui elles-mêmes, si elles se produisent en trop grand nombre, causeraient des pertes importantes au secteur bancaire qui réagirait en réduisant l’accès au crédit. Et un cercle vicieux vers le bas serait ainsi enclenché.

La part financière de notre économie

Dans un texte très intéressant de Christian Cauvin publié dans un numéro hors-série d’Alternatives économiques, on trouve un graphique particulièrement révélateur du poids grandissant de l’économie financière. Le voici :

Graphique 1 : Dividendes et excédent d’exploitation en France, base 100 en 1993 (1993-2006)

Graphique 1

Source : CAUVIN, Christian, L’insoutenable dynamique du capitalisme financier, Alternatives économiques, Hors-série, no 97, 3e trimestre, 2013, p.31.

Fusion Bell-Astral : de géants à titan médiatiques

Après avoir refusé une première fois en octobre 2012 que Bell achète Astral Média, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a rendu la semaine dernière une décision favorable à la transaction, moyennant quelques compromis. Afin d’éviter que la nouvelle entité prenne une place trop grande dans le marché télévisuel, elle devra… Continue reading Fusion Bell-Astral : de géants à titan médiatiques

Est-ce que le Québec est plus corrompu que le reste du Canada?

enveloppe_carte_noel_dege

Ma collègue Marie Léger-St-Jean nous a présenté le drame consternant de la corruption au Québec dans son précédent billet. On y voit défiler les personnages classiques : des polichinelles aux arlequins en passant par les roublards, les tristes sires et les joyeux drilles. Alors même que son billet était publié hier s'ajoutait un nouvel acte pathétique : la police arrêtait le maire de Montréal.

À les voir ainsi exposer non seulement la profondeur de la corruption, mais son long historique, on comprend qu’elle est un rouage de l’économie québécoise bien intégré au système. Il ne s’agit ni d’une exception, ni d’une nouveauté. Les liens entre contrats publics, développement du secteur privé et financement des partis remontent à longtemps et ont participé à la construction économique du Québec, pour le meilleur et pour le pire.

La Commission Charbonneau ou la corruption déconstruite

Commission-Charbonneau-PLQ1

Au terme d’une année presque complète d’audiences, il serait opportun de prendre le temps de revoir ce que nous avons appris jusqu’à maintenant dans le télé-drame du canal Charbonneau.

Prologue

Bien que les audiences aient commencé l’an dernier, au son des casseroles du printemps érable, les révélations concernant les liens douteux entre la construction, la mafia et le financement des partis politiques ont commencé à faire les unes de manière régulière en 2009 grâce au journalisme d’enquête de Radio-Canada (Enquête), de La Presse, du Devoir et de la défunte Rue Frontenac.

Inégalités et marchandisation

Un des principaux arguments mis de l’avant pour défendre les politiques néolibérales consiste à dire que celles-ci favorisent la croissance de l’économie, qui elle seule permet de créer de la richesse pour tous et toutes. Pourtant, on constate que la redéfinition de l’État qui est en cours depuis trois décennies s’est accompagnée d’un approfondissement des… Continue reading Inégalités et marchandisation

L’économie extractive

Dans les capsules précédentes, nous avons décrit le néolibéralisme comme une théorie politique et une doctrine idéologique. Or, il renvoie aussi à une conception particulière du développement économique. Cette stratégie, mieux connue sous le nom d’extractivisme, fait du rendement à court terme le moteur de l’exploitation des ressources naturelles.