Le gouvernement Legault s’apprête-t-il à nationaliser les résidences privées pour personnes âgées?

Dans un billet récent, nous proposions un plan de nationalisation des résidences pour personnes âgées. Face à l’hécatombe dans les CHSLD privés non conventionnés (ils représentent 9,6% de tous les CHSLD, mais 17% de ceux qui sont sur la « liste rouge » des établissements comptant le plus de cas de COVID-19), le gouvernement Legault envisage maintenant d’en « prendre le contrôle », voire de nationaliser l’ensemble des CHSLD privés (conventionnés ou non). Portrait des différentes options envisagées.

Les monnaies locales, de soutien à la consommation à moteur de transition ?

Photo: Ted McGrath

La crise sanitaire et économique dans laquelle la pandémie de COVID-19 nous a plongés a donné lieu à des plans de soutien à la consommation d’une ampleur inédite dans une grande partie des pays du Nord confinés. Ce soutien est particulièrement impressionnant en Amérique du Nord, avec la mise en place de la Prestation canadienne d’urgence de 2000$/mois pour toute personne ayant perdu sa source de revenus en raison de la pandémie ou encore l’augmentation de 600$ US par semaine de l’allocation emploi aux États-Unis. En plus d’aider les ménages concernés, ces mesures permettent de prévenir un effondrement de l’économie en évitant la faillite massive et simultanée des ménages, des entreprises et des banques du fait de l’arrêt quasi total de l’activité.

Le gouvernement doit coordonner l’arrêt de l’exploitation du pétrole des sables bitumineux

Photo: Gab Pili (Unsplash)

Avec la chute des prix du pétrole, des actions des entreprises pétrolières canadiennes et la nécessité d’opérer une transition énergétique, le gouvernement canadien ne peut se contenter de sortir du trou l’industrie pétrolière. Il doit prendre les devants et favoriser la mise en place d’une société d’État chargée entre autres de planifier une sortie réfléchie du pétrole des sables bitumineux.

Crise économique due à la COVID-19: devra-t-on payer la note?

Contrairement aux États-Unis, les hurluberlus qui auraient préféré que l’on ne change rien à nos habitudes de vies durant l’épidémie et que l’on sacrifie nos personnes malades et âgées sur l’autel de la croissance économique sont demeurés marginaux au Québec. Notre gouvernement a plutôt décidé de suivre les conseils de la santé publique et de faire le nécessaire pour sauver la vie des plus vulnérables. On peut s’en réjouir.

Je me souviens de l’austérité

Le gouvernement fédéral se dirige (pour l'instant) vers un déficit de près de 200 G$ pour 2020-2021, soit environ 11% du PIB, un record absolu au Canada. En 2009-2010, suite à la dernière crise économique, le gouvernement canadien avait établi son précédent « record » avec un déficit de 55,4 G$ représentant 3,4 % du PIB. Notons que, mesurés en pourcentage du PIB, les déficits étaient toutefois un peu plus importants à fin des années 80 et au début des années 90, soit autour de 5 %. Au Québec, on prévoit déjà un déficit de 12 G$ à 15 G$,soit environ 3,5 % du PIB.

La mémoire sélective du milieu des affaires québécois

Photo: Dick DeMarsico (Library of Congress)

Dans une lettre publiée récemment dans les pages du Devoir, les représentants officiels du milieu des affaires québécois ont louangé avec raison « les héros de tous les jours » que sont le personnel soignant et de soutien ainsi que toutes les autres travailleuses et travailleurs (dans les épiceries, les pharmacies, le transport des personnes et des marchandises, etc.) qui assurent actuellement notre survie et qui — on le découvre aujourd’hui avec stupéfaction — réalisent un travail essentiel. Il semble qu’un petit rappel du rôle joué par les organisations d’affaires et patronales dans l’histoire du système de santé et de services sociaux québécois s’impose.

Une crise qui n’épargne pas les organismes communautaires

Photo: Denis-Carl Robidoux

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les organismes communautaires – aux prises avec une augmentation soudaine des besoins, un financement insuffisant pour y faire face et une diminution importante de leur personnel en raison des nouvelles règles de confinement – tentent de poursuivre un travail essentiel dans des conditions très difficiles. Si du financement supplémentaire a été consenti dans certains secteurs (hébergement pour femmes victimes de violence, aide alimentaire, itinérance), le milieu communautaire attend toujours un rehaussement global du financement qui permettrait de répondre à l’ensemble des besoins. Cette situation est symptomatique de tendances déjà bien présentes avant la crise et rappelle l’urgence de rehausser de manière substantielle et durable le financement à la mission des organismes communautaires.

Il est temps de nationaliser les résidences pour personnes âgées

Nous le savons – et la triste expérience européenne aurait dû y préparer le gouvernement québécois –, c’est dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et les résidences privées pour aîné·e·s (RPA) que le virus provoque des hécatombes, là précisément où il aurait fallu prendre le plus de précautions. En date du 7 avril, près de la moitié des décès attribuables à la COVID-19 s’étaient produits dans des CHSLD, et 20 % dans des RPA. Cette catastrophe sociale s’explique par des raisons structurelles qui perdurent depuis des années : des conditions de travail déplorables, un manque d’écoute des gens sur le terrain et la pression à la rentabilité des résidences privées. La réponse cohérente devrait se faire sur deux fronts simultanés : nationalisation des installations privées et démocratisation des établissements publics.

Penser l’après

Photo: OC Gonzalez (Unsplash)

L’évolution de la crise pendant les dernières semaines et l’escalade de mesures qui s’en est suivie a mis les préoccupations sanitaires immédiates au premier plan. Maintenant qu’une bonne partie de l’économie est en pause et que nombre de personnes sont confinées à la maison, il se dégage un espace pour réfléchir aux conséquences plus larges de la crise et à la suite des choses. Penser un après, en quelque sorte, mais un après qui sera tributaire de ce qu’on fera à courte échéance.

Autonomie alimentaire : Québec devrait envisager la création d’une nouvelle société d’État

Photo: Neil Macc (Unsplash)

Avec la pandémie qui sévit, le gouvernement semble reconnaître enfin la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement de certains secteurs de l’industrie québécoise et le rôle qu’il peut jouer afin d’augmenter notre résilience collective. Cela est particulièrement vrai en matière de sécurité alimentaire. François Legault, lors de sa conférence de presse du 3 avril dernier, affirmait à ce propos qu’il fallait désormais être  autonome du point de vue alimentaire.