L’intelligence artificielle et les mauvais pauvres

Photo: Trevor Vannoy (Unsplash)

Alors que les personnes en situation de précarité sont les plus à même d’éprouver des difficultés à avoir une connexion numérique ou à utiliser les plateformes en ligne, le gouvernement a prévu un budget minimum de 25,6M$ pour numériser les dossiers des prestataires de l’aide de dernier recours afin, entre autres, d’intégrer de l’intelligence artificielle à ses processus décisionnels. Cette contradiction révèle le biais moral de cette initiative. Fondées sur des préjugés anciens, les mesures de contrôle croissent sans améliorer les services rendus aux personnes précaires.

Inflation: que peuvent faire les gouvernements ? (2)

Photo: Michael Fortin

Dans notre précédent billet, nous avons vu que plusieurs facteurs expliquent la hausse marquée de l’inflation, dont la paralysie des chaînes d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie. On ne peut donc pas expliquer la situation actuelle par des décisions gouvernementales ou une hausse marquée des salaires et de la consommation.

La Prestation d’urgence : un prototype de politique sociale à maintenir ?

Photo: Axel Drainville

La Prestation canadienne d’urgence (PCU) annoncée par le gouvernement canadien, dont l’objectif est de venir en aide aux personnes aux prises avec des difficultés économiques dans le cadre de la crise sanitaire en cours, équivaut pour les personnes à faible revenu à un supplément à leur revenu habituel. C’est pourquoi il serait pertinent de maintenir ce type de mesure économique d’urgence dans le but de mettre en place un prototype de politique sociale qui viserait ultimement l’élimination de la pauvreté, qui constitue une urgence en soi.

À combien s’élève la dette de l’État envers les plus vulnérables?

La Protectrice du citoyen publiait la semaine dernière son rapport annuel, dans lequel elle dénonce le fait qu’en raison d’obstacles bureaucratiques, des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes – souvent parmi les plus vulnérables – n’ont pas accès à des prestations ou à des services publics auxquels ils et elles ont pourtant droit. Ce rapport, s’il ne permet pas de dresser un portrait exhaustif de ces problèmes systémiques d’accès, a au moins le mérite de mettre en lumière un phénomène très peu documenté au Québec : le non-recours aux droits. Regard sur une dette publique dont on ne parle pas assez.

La pauvreté : un problème d’argent

Une idée qui semble très ancrée dans l’esprit des sociétés occidentales est que la cause de la pauvreté serait le résultat de mauvaises décisions ou encore d’un manque d’éducation ou de caractère. Cela explique probablement pourquoi les programmes de lutte contre la pauvreté comportent de nombreuses conditions au versement des prestations. En effet, pourquoi faire confiance à quelqu’un de peu éduqué, de paresseux ou d’irrationnel lorsqu’il s’agit de lui donner de l’argent? Cependant, d’après une recherche parue en 2017 dans le magazine Science qui permet de mieux comprendre le casse-tête que représente la lutte contre la pauvreté, la véritable cause pourrait simplement être le manque d’argent.

Cachez ce RMG que je ne saurais voir

Photo: Pina Messina

Hier matin, Bernard Drainville révélait à l’antenne du 98,5 FM avoir mis la main sur une présentation dévoilant les grandes lignes du plan de lutte à la pauvreté qui sera déposé par le gouvernement dimanche prochain. On y apprend que, malgré les critiques du rapport du comité d’expert publié en novembre, François Blais proposera d’aller de l’avant avec le revenu minimum garanti (RMG). Est-ce désormais la fin des discriminations économiques entre les prestataires de l’aide sociale? Pourra-t-on dorénavant travailler un peu sans être pénalisé quand on reçoit l’aide de dernier recours? Les personnes qui se retrouvent au bas de l’échelle auront-elles enfin le droit à des revenus suffisants pour répondre à leurs besoins? Bien sûr que non. Franchement.

Une nouvelle ligne sous la ligne (2) : quand l’Ontario fait mieux

Photo: Ev (Unsplash)

Comme mon dernier billet le faisait valoir, dans son rapport publié le 13 novembre dernier, le Comité d’experts sur le revenu minimum garanti (RMG) s’est situé dans une approche « pro-marché » qui mise sur le marché du travail pour réduire la pauvreté. Pour inciter à l’emploi, il a recommandé d’installer pour les personnes jugées aptes au travail à l’aide sociale un nouveau seuil de référence à 55 % du niveau de couverture des besoins de base indiqué par la mesure du panier de consommation (MPC). Ce faisant, il a passé sous silence plus de 20 ans de croisements d’expertises à l’effet qu’avancer vers un Québec sans pauvreté suppose de s’assurer de la couverture des besoins de base et d’en finir avec la pauvreté au travail. Était-ce inéluctable? Pas si on porte le regard sur ce qui se passe en Ontario.

Une nouvelle ligne sous la ligne (1) : comment baisser les standards

​Cette semaine, le Comité d’experts sur le revenu minimum garanti (RMG) a publié son rapport. Il se présente dans la continuité (style de mise en page compris) du cahier budgétaire 2016-2017, mis à jour en juin 2016, sur Le régime québécois de soutien du revenu. Le document comprend 23 recommandations, certaines qui semblent positives (comme l’attention portée aux situations de non recours), et plusieurs qui pointent vers des reculs (comme la confusion entre l’aide financière et l’aide à l’emploi et de plus grandes discriminations liées à l’aptitude au travail)

À qui appartient le choix de la hauteur de la barre ?

La période de consultation sur les règlements relatifs à la mise en place du Programme objectif emploi à l’aide sociale s’est terminée le 12 septembre 2017. Elle s’est conclue entre autres par le dépôt d’un mémoire très documenté des directeur·e·s de santé publique de Montréal et de la Montérégie. Cette intervention, qui a fait les manchettes, indiquait que l’introduction de sanctions aux prestations des primo-demandeur·e·s d’aide sociale qui ne se conformeront pas aux obligations de ce nouveau programme est une mauvaise décision du point de vue de la santé publique.