Depuis l’adoption d’une loi visant sa pleine réalisation en 1996, on aurait pu penser que l’équité salariale était un dossier réglé. Si cette loi a bel et bien favorisé l’atteinte d’une plus grande équité salariale en emploi, elle a toutefois gardé tout un pan du problème dans son angle mort, soit la création d’écarts de rémunération gigantesques au sein même du secteur public. Ce problème est l’objet d’une étude que j’ai réalisée en collaboration avec Eve-Lyne Couturier et qui est publiée cette semaine par l’IRIS.
Catégorie : Travail et emploi
Salaire minimum: rien n’empêche une hausse
Le gouvernement du Québec annoncera sous peu la prochaine hausse du salaire minimum. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Jean Boulet, a déjà indiqué qu’il ne jugeait pas opportun d’aller de l’avant avec une augmentation substantielle. Principalement, le ministre évoque l’expérience ontarienne pour justifier sa position : la hausse à 14 $ de l’heure l’an dernier aurait été si néfaste pour l’économie de nos voisins qu’il serait plus que téméraire d’aller dans la même direction.
Pourtant, comme l’indique la dernière étude de l’IRIS sur ce sujet, l’analyse des dynamiques du marché du travail ontarien ne laisse pas entrevoir une telle catastrophe. Voyons ce qu’il en est.
Pénurie de main-d’œuvre : des nuances s’imposent (encore)
La semaine dernière, j’ai consacré un billet de blogue à la pénurie de la main-d’œuvre. Le phénomène a été signalé dans les derniers temps par plusieurs intervenants et nombre d’employeurs qui souhaiteraient voir le gouvernement intervenir pour remédier à la situation. Je montrais que si on observe bel et bien une hausse du nombre de postes vacants depuis que Statistique compile des données sur la question, soit depuis 2015, la situation varie beaucoup d’une industrie à l’autre, d’un trimestre à l’autre et d’une région à l’autre. Certains lecteurs et lectrices ne semblent pas avoir été convaincus par la démonstration. Dans ce billet, je présenterai donc quelques données supplémentaires afin de compléter le portrait de la situation québécoise, car des nuances s’imposent afin de concevoir les solutions adéquates pour faire face à la situation.
Pénurie de main-d’œuvre : des nuances s’imposent
Un consensus s’est établi selon lequel il manquerait de travailleurs et de travailleuses pour pourvoir les postes vacants dans les entreprises du Québec. Ce faisant, nous continuerons d’entendre parler de pénurie de main-d’œuvre au cours de l’année qui s’amorce. Des nuances s’imposent toutefois si l’on souhaite apporter les solutions adéquates aux problèmes que disent rencontrer certains employeurs.
Les stages, un travail?
Il y a quelques semaines, environ 54 000 étudiant.e.s de plusieurs cégeps et universités ont tenu quelques jours de grève pour revendiquer la rémunération « de tous les stages ». S’inscrivant dans une escalade des moyens de pression qui pourrait conduire à une grève générale illimitée cet hiver, cette grève fait suite à des pressions plus sectorielles (et victorieuses) exercées ces dernières années en faveur d’une rémunération des stages en psychologie et en enseignement. Inspiré.e.s par les luttes féministes pour la reconnaissance et la valorisation du travail féminin, les grévistes soutiennent que les stages sont un travail et les stagiaires, de véritables travailleuses et travailleurs. En fait, dans certains cas, même leurs futurs employeurs semblent être de cet avis.
Impact de la hausse du salaire minimum en Ontario: réponse à l’IEDM
L’Institut économique de Montréal (IEDM) a publié cette semaine un document de deux pages concluant que « 56 100 travailleurs âgés de 15 à 24 ans ont perdu leur emploi entre l’adoption de la loi et octobre 2018 » en raison de la hausse de 21 % (de 11,60 $ à 14,00 $) du salaire minimum en Ontario en janvier 2018.
Une consultation en ligne sur la MPC à recalibrer
Les choses vont décidément très, même trop vite depuis la publication de la stratégie canadienne de réduction de la pauvreté en août dernier, du moins pour les aspects de cette stratégie qui posent problème. D’emblée, celle-ci désignait unilatéralement la mesure du panier de consommation (MPC) en tant que seuil officiel de la pauvreté au Canada. La stratégie court-circuitait ainsi l’expertise développée au Québec, où la MPC sert prudemment depuis 2009 à «suivre les situations de pauvreté sous l’angle de la couverture des besoins de base» sans présumer pour autant qu’elle indique la sortie de la pauvreté. Ce choix devançait aussi le processus de révision périodique de la MPC qui était en cours à Statistique Canada, alors qu’il aurait été logique d’en attendre les résultats. Voici maintenant que le projet de loi C-87, déposé le 6 novembre dernier, entend confirmer le choix de la MPC comme seuil officiel. Pendant ce temps, une consultation en ligne demande à la population son avis sur la MPC… à partir de données ventilées qui ne tiennent pas la route.
Abordons d’emblée ce dernier point, puisque la consultation est en cours et que des invitations à y répondre circulent dans diverses organisations.
Hausse d’impôts : attention aux erreurs grossières
Le 29 septembre dernier, le chroniqueur du Devoir Gérard Bérubé publiait un texte intitulé « Hausser l’impôt des mieux nantis ne rapporte pas ». Non seulement le titre de cet article ne reflète pas le contenu de l’étude de l’Institut C.D. Howe auquel il se réfère (et qui s’intéresse plutôt au degré de réussite de telles mesures), mais l’étude elle-même comporte des problèmes méthodologiques majeurs qui remettent en question ses conclusions.
La stratégie fédérale de réduction de la pauvreté, la MPC et la classe moyenne
Les gains francs sont rares en matière de lutte contre la pauvreté. Ils sont souvent mitigés par des reculs et des silences qui risquent de les compromettre et qui rendent difficile de souscrire pleinement aux stratégies annoncées. C’est le cas d’Une chance pour tous : la première Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, rendue publique le 21 août dernier.
La pauvreté : un problème d’argent
Une idée qui semble très ancrée dans l’esprit des sociétés occidentales est que la cause de la pauvreté serait le résultat de mauvaises décisions ou encore d’un manque d’éducation ou de caractère. Cela explique probablement pourquoi les programmes de lutte contre la pauvreté comportent de nombreuses conditions au versement des prestations. En effet, pourquoi faire confiance à quelqu’un de peu éduqué, de paresseux ou d’irrationnel lorsqu’il s’agit de lui donner de l’argent? Cependant, d’après une recherche parue en 2017 dans le magazine Science qui permet de mieux comprendre le casse-tête que représente la lutte contre la pauvreté, la véritable cause pourrait simplement être le manque d’argent.
Mieux vaut être riche
Quand vient le temps de remplir sa déclaration de revenus, nous ne sommes pas tous égaux. Pour certains, il est plus facile de naviguer à travers la complexité des règles fiscales… et de trouver des échappatoires pour éviter de payer sa juste part. Il ne s’agit pas seulement d’une croyance populaire: un sondage réalisé auprès des fiscalistes de l’Agence de revenu du Canada (ARC) révèle que 90% d’entre eux considèrent que les riches et les grandes entreprises s’en tirent mieux que les autres.
Le supplice de Sisyphe garanti
Le 31 juillet, Lisa MacLeod, la ministre ontarienne des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, annonçait l’arrêt prématuré du projet pilote ontarien sur le revenu minimum garanti (RMG). Jugeant ce dernier trop coûteux, le gouvernement ontarien récemment élu promet, dans les 100 prochains jours, un meilleur plan qui viendrait en aide aux plus démunis. Par la même occasion, la ministre annonçait une hausse de 1,5% des prestations du programme Ontario au travail et du programme ontarien de soutien aux personnes handicapées … au lieu de la hausse de 3% prévue par le gouvernement libéral dans son dernier budget.