Une consultation en ligne sur la MPC à recalibrer

Les choses vont décidément très, même trop vite depuis la publication de la stratégie canadienne de réduction de la pauvreté en août dernier, du moins pour les aspects de cette stratégie qui posent problème. D’emblée, celle-ci désignait unilatéralement la mesure du panier de consommation (MPC) en tant que seuil officiel de la pauvreté au Canada. La stratégie court-circuitait ainsi l’expertise développée au Québec, où la MPC sert prudemment depuis 2009 à «suivre les situations de pauvreté sous l’angle de la couverture des besoins de base» sans présumer pour autant qu’elle indique la sortie de la pauvreté. Ce choix devançait aussi le processus de révision périodique de la MPC qui était en cours à Statistique Canada, alors qu’il aurait été logique d’en attendre les résultats. Voici maintenant que le projet de loi C-87, déposé le 6 novembre dernier, entend confirmer le choix de la MPC comme seuil officiel. Pendant ce temps, une consultation en ligne demande à la population son avis sur la MPC… à partir de données ventilées qui ne tiennent pas la route.

Abordons d’emblée ce dernier point, puisque la consultation est en cours et que des invitations à y répondre circulent dans diverses organisations.

Hausse d’impôts : attention aux erreurs grossières

Le 29 septembre dernier, le chroniqueur du Devoir Gérard Bérubé publiait un texte intitulé « Hausser l’impôt des mieux nantis ne rapporte pas ». Non seulement le titre de cet article ne reflète pas le contenu de l’étude de l’Institut C.D. Howe auquel il se réfère (et qui s’intéresse plutôt au degré de réussite de telles mesures), mais l’étude elle-même comporte des problèmes méthodologiques majeurs qui remettent en question ses conclusions.

La stratégie fédérale de réduction de la pauvreté, la MPC et la classe moyenne

Les gains francs sont rares en matière de lutte contre la pauvreté. Ils sont souvent mitigés par des reculs et des silences qui risquent de les compromettre et qui rendent difficile de souscrire pleinement aux stratégies annoncées. C’est le cas d’Une chance pour tous : la première Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, rendue publique le 21 août dernier.

La pauvreté : un problème d’argent

Une idée qui semble très ancrée dans l’esprit des sociétés occidentales est que la cause de la pauvreté serait le résultat de mauvaises décisions ou encore d’un manque d’éducation ou de caractère. Cela explique probablement pourquoi les programmes de lutte contre la pauvreté comportent de nombreuses conditions au versement des prestations. En effet, pourquoi faire confiance à quelqu’un de peu éduqué, de paresseux ou d’irrationnel lorsqu’il s’agit de lui donner de l’argent? Cependant, d’après une recherche parue en 2017 dans le magazine Science qui permet de mieux comprendre le casse-tête que représente la lutte contre la pauvreté, la véritable cause pourrait simplement être le manque d’argent.

Mieux vaut être riche

Quand vient le temps de remplir sa déclaration de revenus, nous ne sommes pas tous égaux. Pour certains, il est plus facile de naviguer à travers la complexité des règles fiscales… et de trouver des échappatoires pour éviter de payer sa juste part. Il ne s’agit pas seulement d’une croyance populaire: un sondage réalisé auprès des fiscalistes de l’Agence de revenu du Canada (ARC) révèle que 90% d’entre eux considèrent que les riches et les grandes entreprises s’en tirent mieux que les autres.

Le supplice de Sisyphe garanti

Le 31 juillet, Lisa MacLeod, la ministre ontarienne des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, annonçait l’arrêt prématuré du projet pilote ontarien sur le revenu minimum garanti (RMG). Jugeant ce dernier trop coûteux, le gouvernement ontarien récemment élu promet, dans les 100 prochains jours, un meilleur plan qui viendrait en aide aux plus démunis. Par la même occasion, la ministre annonçait une hausse de 1,5% des prestations du programme Ontario au travail et du programme ontarien de soutien aux personnes handicapées … au lieu de la hausse de 3% prévue par le gouvernement libéral dans son dernier budget.  

De l’efficacité redoutable des baisses d’impôt

Il y a quelque temps, j’ai reçu mon compte de taxe scolaire pour l’année 2018-2019. Si je ne rechigne pas devant les prélèvements fiscaux, si je comprends qu’ils sont le moyen par lequel les services dont notre société a besoin sont financés, l’idée de remplir un chèque à envoyer à ma commission scolaire ne suscite pourtant pas non plus un grand enthousiasme.

Et si on arrêtait de se bullshiter? (Deuxième partie)

Les critiques entourant le monde du travail ne manquent pas à gauche du spectre politique. Précarité, horaires atypiques, stagnation des salaires, climat de stress constant, etc. Il existe pourtant tout un volet de critiques laissées de côté et qui méritent d’être soulevées, concernant la prolifération d’une foule d’emplois qui sont perçus comme étant complètement inutiles par ceux qui les occupent. David Graeber les appelle les bullshit jobs. Je leur ai déjà consacré un billet où je me suis concentré sur les impacts de ces emplois sur les individus qui les détiennent. Si nous reconnaissons l’étendue du problème et voulons l’adresser dans la sphère politique, il est toutefois important d’en saisir les causes pour mieux y faire face.

Et si on arrêtait de se bullshiter? (Première partie)

Si vous occupez actuellement un emploi, êtes-vous de ceux qui, comme 37% des Britanniques et 40% des Néerlandais, ont l’impression que leur travail ne fait aucune différence significative dans le monde? Êtes-vous souvent payés à ne rien faire, ou à faire semblant de travailler, ou à remplir des formulaires qui ne seront jamais lus, ou à réparer les bêtises de cadres incompétents, ou à encadrer du personnel qui serait très bien capable de fonctionner sans vous? Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, peut-être avez-vous une « bullshit job », c’est-à-dire un emploi «tellement absurde, inutile ou pernicieux que l’employé qui l’occupe n’arrive pas lui-même à justifier son existence, quoique, pour garder son emploi, il se sente obligé de nier tout ça » (traduction libre).

La véritable heure juste sur la création d’emplois au Québec

Samedi dernier, les journalistes de la chronique l’ « Heure juste » du Journal de Montréal écrivaient que les récents chiffres sur l'emploi donnaient raison au premier ministre quant à sa promesse de créer 250 000 emplois entre 2014 et 2018. Les libéraux s’étaient donné cet objectif en campagne électorale et ont beaucoup claironné depuis qu’il a été atteint. Mais sur ce thème comme bien d’autres qui relèvent de l’économie et des finances publiques, il faut regarder au-delà des déclarations pompeuses pour comprendre qu’elles n’équivalent parfois qu’à de la poudre aux yeux.

L’impact positif de la hausse du salaire minimum

Dans une lettre d’opinion parue mardi, Norma Kozhaya, vice-présidente du Conseil du patronat du Québec (CPQ), écarte du revers de la main les conclusions de notre étude sur l’impact pour l’économie des régions d’une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Reprenant le mantra défaitiste patronal, elle affirme que « ce sont ceux qu’on tente d’aider qui seront les premières victimes, c’est-à-dire les personnes à faible revenu ».

Je me souviens du plein emploi

En Amérique du Nord, la Fête du Travail (en septembre) est fériée, mais celle des Travailleuses et des Travailleurs (le 1ermai) ne l’est pas. Comme avec « Black Lives Matters » versus « All Lives Matters », nous nous retrouvons devant une bataille idéologique, où un camp cherche à combattre des injustices et l’autre cherche à faire comme si elles n’existaient pas. Mais cette année, alors que l’économie semble tourner à plein régime, profitons-en pour nous rappeler comment le « plein emploi » n’a pas toujours été accidentel comme aujourd’hui et qu’il a déjà constitué un objectif central.