Atterrissage en douceur ou crash immobilier? Le suspense tire à sa fin

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Le discours a changé chez les analystes du marché financier. Il n’y plus lieu de se demander si le marché connaît un ralentissement, on se questionne désormais à savoir ce à quoi ressemblera la « correction ». Les indicateurs tels que les permis de construction et le prix des propriétés ont suffisamment diminué au cours des derniers mois pour convaincre les autorités canadiennes de poser certains gestes visant à « refroidir » le marché. Le dernier en date s’est produit la semaine dernière alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) annonçait qu’elle limitait la garantie octroyée sur la conversion d'hypothèques en titres de créance.

On pourrait donc séparer les observatrices et observateurs de la bulle immobilière en deux camps : ceux qui tablent sur un « atterrissage en douceur », donc un rééquilibrage des prix vers un niveau plus sensé et ce, sans grande perturbation dans l’économie. Dans l’autre camp, il y a ceux qui appréhendent un crash et que le marché pique soudainement du nez entraînant avec lui l’économie canadienne. Comme l’explique cet article de la Presse canadienne, cette version pessimiste à propos de la « correction » qui attend le marché n’affecterait pas seulement l’avoir des ménages frappés sur leur actif de plus grande valeur, leur propriété. En effet, le secteur de la construction serait également touché, mais surtout la confiance ébranlée des ménages ferait chuter leurs dépenses et le dernier moteur vigoureux de l’économie canadienne serait ainsi enrayé. Ce ralentissement provoquerait des faillites qui elles-mêmes, si elles se produisent en trop grand nombre, causeraient des pertes importantes au secteur bancaire qui réagirait en réduisant l’accès au crédit. Et un cercle vicieux vers le bas serait ainsi enclenché.

La part financière de notre économie

Dans un texte très intéressant de Christian Cauvin publié dans un numéro hors-série d’Alternatives économiques, on trouve un graphique particulièrement révélateur du poids grandissant de l’économie financière. Le voici :

Graphique 1 : Dividendes et excédent d’exploitation en France, base 100 en 1993 (1993-2006)

Graphique 1

Source : CAUVIN, Christian, L’insoutenable dynamique du capitalisme financier, Alternatives économiques, Hors-série, no 97, 3e trimestre, 2013, p.31.

Fusion Bell-Astral : de géants à titan médiatiques

Après avoir refusé une première fois en octobre 2012 que Bell achète Astral Média, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a rendu la semaine dernière une décision favorable à la transaction, moyennant quelques compromis. Afin d’éviter que la nouvelle entité prenne une place trop grande dans le marché télévisuel, elle devra… Continue reading Fusion Bell-Astral : de géants à titan médiatiques

Est-ce que le Québec est plus corrompu que le reste du Canada?

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Ma collègue Marie Léger-St-Jean nous a présenté le drame consternant de la corruption au Québec dans son précédent billet. On y voit défiler les personnages classiques : des polichinelles aux arlequins en passant par les roublards, les tristes sires et les joyeux drilles. Alors même que son billet était publié hier s'ajoutait un nouvel acte pathétique : la police arrêtait le maire de Montréal.

À les voir ainsi exposer non seulement la profondeur de la corruption, mais son long historique, on comprend qu’elle est un rouage de l’économie québécoise bien intégré au système. Il ne s’agit ni d’une exception, ni d’une nouveauté. Les liens entre contrats publics, développement du secteur privé et financement des partis remontent à longtemps et ont participé à la construction économique du Québec, pour le meilleur et pour le pire.

La Commission Charbonneau ou la corruption déconstruite

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Au terme d’une année presque complète d’audiences, il serait opportun de prendre le temps de revoir ce que nous avons appris jusqu’à maintenant dans le télé-drame du canal Charbonneau.

Prologue

Bien que les audiences aient commencé l’an dernier, au son des casseroles du printemps érable, les révélations concernant les liens douteux entre la construction, la mafia et le financement des partis politiques ont commencé à faire les unes de manière régulière en 2009 grâce au journalisme d’enquête de Radio-Canada (Enquête), de La Presse, du Devoir et de la défunte Rue Frontenac.

Inégalités et marchandisation

Un des principaux arguments mis de l’avant pour défendre les politiques néolibérales consiste à dire que celles-ci favorisent la croissance de l’économie, qui elle seule permet de créer de la richesse pour tous et toutes. Pourtant, on constate que la redéfinition de l’État qui est en cours depuis trois décennies s’est accompagnée d’un approfondissement des… Continue reading Inégalités et marchandisation

L’économie extractive

Dans les capsules précédentes, nous avons décrit le néolibéralisme comme une théorie politique et une doctrine idéologique. Or, il renvoie aussi à une conception particulière du développement économique. Cette stratégie, mieux connue sous le nom d’extractivisme, fait du rendement à court terme le moteur de l’exploitation des ressources naturelles.

Y a-tu des jokes? L’exception culturelle et le soutien au cinéma

Par le passé, le Québec a développé ses politiques de soutien aux milieux culturels au nom de la défense du principe d’exception culturelle. Essentiellement, ce principe se donnait pour objectif de limiter les effets de la mondialisation de l’industrie culturelle sous dominante anglo-saxonne. Le soutien à l’industrie cinématographique québécoise s’inscrit dans ce contexte.

Par le passé, le Québec a développé ses politiques de soutien aux milieux culturels au nom de la défense du principe d’exception culturelle. Essentiellement, ce principe se donnait pour objectif de limiter les effets de la mondialisation de l’industrie culturelle sous dominante anglo-saxonne. Le soutien à l’industrie cinématographique québécoise s’inscrit dans ce contexte.

Au cours de la dernière année, certains ont complètement remis en doute cette approche. Monsieur Vincent Guzzo, président à la fois de l’entreprise des Cinémas Guzzo ainsi que de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec (APCQ), s’est lancé dans une première dénonciation du cinéma québécois à la fin de 2012. M. Guzzo est revenu à la charge en 2013 armé cette fois d’un sondage qui prouverait que les spectateurs québécois veulent entendre plus de « jokes » dans les salles de cinéma de la province.

Économie financière

L’implantation des politiques néolibérales nous est souvent présentée comme une mesure qui vise à améliorer le pouvoir d’achat des contribuables en diminuant la taille de l’État. En fait, le néolibéralisme opère une « révolution culturelle » en remplaçant le principe de l’universalité des services publics par celui de l’utilisateur-payeur.

Le régime fiscal des entreprises au bénéfice des entreprises financières

Nous avons l’habitude de décrire le régime fiscal des sociétés comme étant au bord de la rupture, comme si toute hausse ou demande supplémentaire de participation des entreprises au financement des services publics relevaient de l’hérésie.

Qu’est-ce que la financiarisation de l’économie?

Marge de crédit, régime de retraite à cotisation déterminée, hypothèque inversée, régime volontaire d’épargne retraite, titre adossé à des actifs… autant d’innovations financières qui témoignent de la financiarisation de l’économie; en d’autres mots que l’économie est de plus en plus centrée autour de la finance