Peut-on régler les problèmes de marché par plus de marché?

Le 29 septembre dernier, Samuel Caron et Hugo Morin publiaient sur le blogue de l’IRIS un billet intitulé « Économie et externalités : les profits et les pertes dont on ne parle pas ». On y oppose une analyse dite « classique », qui ne tiendrait compte que des coûts et des bénéfices directs, à une analyse qui donnerait « une vue d’ensemble de la société », soit celle qui tient compte des externalités. Cependant, loin de révolutionner la science économique, cette approche va plutôt dans le sens des réformes néolibérales des 30 dernières années. Voyons pourquoi.

L’héritage de John Forbes Nash : L’erreur d’Adam Smith et la critique de la politique du «laissez-faire»

C’est le 23 mai dernier, à l’âge de 86 ans, que John Forbes Nash est décédé tragiquement dans un accident de voiture. Prix Nobel d’économie 1994 pour son importante contribution à la théorie des jeux, c’est surtout en 2001 avec le film à succès sur sa vie, Un homme d’exception (A beautiful mind),  que l’économiste et mathématicien s’est fait connaitre du grand public. 

Le choix de l’austérité

Au printemps 2013, nous avons publié une étude portant sur la trajectoire de l'économie canadienne et québécoise depuis la crise de 2008. Ce soir, je participerai à une émission spéciale de deux heures sur RDI animé par Anne-Marie Dussault et Gérald Fillion où nous débatterons de l’austérité. Pour l’occasion, j’ai décidé de mettre à jour les données de cette étude pour voir comment avait évoluée la situation.

Une marque nommée Montréal

Voici enfin venu le Grand Prix de Formule 1, grand-messe annuelle de l’automobile et de la vitesse où l’on oublie momentanément l’existence des gaz à effet de serre pour mieux satisfaire notre désir ardent de voir des bolides tourner en rond pendant deux jours. L’année dernière à pareille date, le maire Denis Coderre annonçait fièrement qu’une nouvelle entente de dix ans avait été conclue avec l’entreprise du milliardaire Bernie Ecclestone. « Cela signifie que Montréal fait partie des ligues majeures de la course automobile […]. C’est une belle fenêtre sur le monde. On est une métropole qui veut s’investir dans des projets afin d’être une plaque tournante. »

La surépargne expliquée à M. Geloso

La question de l'argent qui dort, ou ce que nous avons nommé la surépargne des grandes entreprises, continue à nourrir les réflexions économiques au Québec et au Canada. À 32% du PIB, cet amas de liquidités improductives témoigne de l'échec des politiques de stimulation de l'investissement par le biais de baisses d'impôts des revenus des entreprises. Au delà de ce constat plus politique qui cadre bien avec la polarité « gauche/droite », il y a la question de fond quant à la nature du cycle de croissance qui a émergé depuis une vingtaine d'années. Un cycle marqué par plusieurs grandes tendances qui accompagnent l'accroissement de ce capital liquide dans les coffres des entreprises non-financières. D'un côté, une relative stagnation de la croissance du PIB avec des taux faibles d'année en année, à quoi s'ajoute la fin de la croissance des revenus de la majorité. La demande intérieure dépend ainsi de plus en plus de la croissance du volume de crédit à la consommation. En même temps, du côté des entreprises, un taux de profit qui se maintient et augmente même depuis 2010 combiné à une tendance à la baisse de leurs dépenses d'investissement, si l'on exclut le secteur du pétrole.

Entreprises privées : Des piles d’argent et pas d’investissement

Combien avez-vous dans votre compte de banque présentement? Assez pour tenir une semaine? Un mois? Six mois? Que diriez-vous d’avoir 111 milliards $ en réserve? Pour vous donner un ordre de grandeur, c’est presque le tiers du PIB du Québec. Ou encore, c’est plus de trois fois le budget de l’État au complet, service de la dette compris. C’est aussi le montant d’épargne qui est attribué pour les entreprises au Québec. Oui. D’épargne.

L’entente entre la Caisse et Québec : de la privatisation sous le vernis d’une institution publique

Il ne faut pas douter que l’annonce qui a été faite sur la nouvelle entente entre la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le gouvernement est une forme de privatisation sournoise des services publics. On voit ici un modèle de gestion et de financement ouvrant la porte à ce que des investisseurs privés s’accaparent des infrastructures en se présentant dans l’espace médiatique avec le vernis d’une institution publique. Mais la logique néolibérale est encore plus forte dans ce cas-ci qu’elle ne l’était dans les partenariats public-privé (PPP).

Austérité et bordel informatique

Jean-Nicolas Blanchet du Journal de Québec est sans doute le journaliste qui suit de plus près le secteur de l’informatique gouvernementale au Québec. Son dossier « Le bordel informatique » a mis plus d’une fois de l’avant les problèmes de ce secteur. Le 3 décembre dernier, le journaliste faisait état des résultats d’une demande d’accès à l’information qu’il a réalisée, constatant que les consultant.e.s privés en informatique étaient presque aussi nombreux et nombreuses que les fonctionnaires au sein du gouvernement du Québec, ce qui entraîne des coûts importants pour l’administration publique. Blanchet notait par exemple qu’au sein du Centre des Services Partagés du Québec (organisme dont la mission est d’offrir des services aux organismes publics), le budget octroyé aux 324 consultant.e.s privés est plus élevé que celui consacré aux fonctionnaires, pourtant trois fois plus nombreux et nombreuses!

Les assistés sociaux

Une étude conjointe du Center for Effective Government et de l’Institute for Policy Studies publiée hier révèle que le montant versé aux PDG de 7 des 30 plus grandes corporations américaines est plus élevé que celui qu’elles ont payé en impôt fédéral en 2013. Malgré des profits avant impôt de 74 milliards de dollars, elles ont reçu un remboursement global de 1,9 milliard de la part du Internal Revenue Service (IRS, l’équivalent de notre agence du revenu). Sur les 100 PDG les mieux payés aux États-Unis, 29 ont en outre touché une rémunération supérieure à ce que leur entreprise a versé au fisc l’année dernière. L’étude souligne aussi que les entreprises où travaillent ces fortunés dirigeants exploitent globalement 237 filiales dans des paradis fiscaux.