La question de l'argent qui dort, ou ce que nous avons nommé la surépargne des grandes entreprises, continue à nourrir les réflexions économiques au Québec et au Canada. À 32% du PIB, cet amas de liquidités improductives témoigne de l'échec des politiques de stimulation de l'investissement par le biais de baisses d'impôts des revenus des entreprises. Au delà de ce constat plus politique qui cadre bien avec la polarité « gauche/droite », il y a la question de fond quant à la nature du cycle de croissance qui a émergé depuis une vingtaine d'années. Un cycle marqué par plusieurs grandes tendances qui accompagnent l'accroissement de ce capital liquide dans les coffres des entreprises non-financières. D'un côté, une relative stagnation de la croissance du PIB avec des taux faibles d'année en année, à quoi s'ajoute la fin de la croissance des revenus de la majorité. La demande intérieure dépend ainsi de plus en plus de la croissance du volume de crédit à la consommation. En même temps, du côté des entreprises, un taux de profit qui se maintient et augmente même depuis 2010 combiné à une tendance à la baisse de leurs dépenses d'investissement, si l'on exclut le secteur du pétrole.