L’habit neuf du Docteur austérité

Le premier ministre vient tout juste d’opérer un important remaniement de son cabinet. Plusieurs ministres changent de portefeuille. Coiteux quitte le Conseil du trésor pour aller aux Affaires municipales et à la Sécurité publique. Il sera remplacé par Sam Hamad, tandis que Dominique Anglade se retrouve à l’Économie et que Pierre Moreau prendra les rênes de l’Éducation. On le sent, Philippe Couillard veut faire peau neuve.

Vaille que vaille: La Presse et les paradis fiscaux

C’est à croire que le traitement que fait le quotidien La Presse des paradis fiscaux est à géométrie variable. Quand il s’agit de faire cas de la présence passée de Québecor ou de Québecor World dans les paradis fiscaux, quitte à réchauffer une information connue depuis longtemps pour mettre dans l’embarras l’ancien concurrent commercial devenu concurrent politique, l’enjeu apparaît névralgique. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’en faire un enjeu de société large valant comme modèle explicatif de la crise financière et économique contemporaine, des scribes sont appelés en renfort pour étouffer la question.

L’angoisse de vieillir

Après le temps des Fêtes, nombreuses sont les personnes qui ont regardé leur compte de banque et leur relevé de carte de crédit et poussé un long soupir. À moins de changements majeurs, les risques sont faibles qu’on dégage assez d’argent avant la fin de la période des RÉER pour pouvoir profiter de ce véhicule financier. Et on apprenait récemment que l’angoisse d’une vieillesse pas assez pourvue perturbe le sommeil d’une part non négligeable de la population. Si seulement il existait un moyen reconnu, simple et efficace pour assurer un revenu stable et adéquat à la population…

 

Externalités: trop de science économique pour éclairer nos dilemmes sociaux

Le 5 novembre dernier, Samuel Caron et Hugo Morin répondaient à ma critique de leur billet au sujet de l’internalisation des externalités, présentée alors comme une approche permettant de donner « une vue d’ensemble de la société ». Contrairement à ce que les auteurs semblent avoir retenu de mon premier texte, la faille de leur argumentaire n’est pas tant au niveau des valeurs incommensurables (c’est-à-dire les valeurs infinies, comme celle d’une terre considérée comme sacrée par un peuple autochtone), mais plutôt au niveau des implications politiques d’une telle approche à l’ère néolibérale. En repassant les arguments de leur deuxième billet, je tenterai d’expliquer plus clairement pourquoi.

Protection du public et système professionnel: Du vœu pieux aux garanties

Le 15 décembre dernier, mon collègue Guillaume Hébert et moi avons publié une note socioéconomique ayant pour titre: « Les ordres professionnels peuvent-ils garantir la protection du public? ». Ce titre n'a pas plu à M. Claude Leblond, président de l'Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux du Québec car, nous dit-il dans une lettre (et dans cet article du Devoir), cela «laisse planer un doute sur la manière dont nous nous acquittons de notre mandat de protection du public. C’est sérieux comme sous-entendu et discriminant non seulement pour notre ordre professionnel, mais pour l’ensemble du système professionnel.». En plus de ne pas apprécier notre titre, M. Leblond déplore le «ton éditorialiste» qu’il pense déceler dans notre étude.

Qui finance l’État?

Il paraît que l’État est trop endetté. Et que pour parvenir à refinancer adéquatement nos services publics et le filet social, il faut commencer par les démanteler. Peut-être que ça fera mal aux plus pauvres pour commencer, mais on pourra ensuite aller chercher des investissements privés. Les mots magiques… « investissements privés ». Grâce à eux, on pourra faire décoller l’économie, renflouer les coffres et miser sur ce qui compte vraiment : baisser nos impôts. Mais pour y arriver, il faut aussi réduire les impôts des entreprises privées. Moins d’impôts, plus d’investissements. Une équation facile. Simple. Et simpliste.

L’insoutenable légèreté de l’Ordre (réponse au Collège des médecins)

On parle souvent dans les médias de syndicats et d’associations, mais beaucoup plus rarement des ordres professionnels. Dans une note socioéconomique publiée mardi, nous nous sommes demandé si ceux-ci fonctionnaient bien, donc s’ils remplissaient correctement leur mission de protéger le public. Nous nous sommes aperçus qu’il existait d’importants problèmes.

À quand le changement vraiment vrai ?

Les contribuables canadiens ont de quoi se réjouir ces jours-ci : le Parti libéral du Canada va de l’avant avec sa promesse de réduire l’impôt de la classe moyenne et de hausser celui des plus nantis. En campagne électorale, Justin Trudeau avait effectivement annoncé de faire passer de 22% à 20,5% le taux qui s’applique sur le palier de revenu allant de 45 000$ à 90 000$, et d’instaurer un nouveau taux de 33% applicable sur les revenus supérieurs à 200 000$. Ce nouveau palier devait permettre de réaliser la baisse d’impôt à coût nul pour le Trésor public. Tout compte fait, cette mesure occasionnera une dépense de 1,2 milliard de dollars pour le gouvernement fédéral. C’est ce qu’a admis hier le ministre des Finances, et c’est aussi ce qu’avait prévu l’Institut C.D. Howe la semaine dernière, qui calculait pour sa part que ce choix priverait les États fédéral et provinciaux de 4 milliards de dollars par année.

Alain Dubuc, austérité et néolibéralisme…

La semaine dernière, Alain Dubuc s’en est pris à l’IRIS pour sa « réappropriation culturelle » du terme « austérité ». Il nous reproche d’essayer de faire croire que le Québec, c’est la Grèce. Il en profite ensuite pour nous accuser de parler de néolibéralisme alors que les dépenses de l’État quant au PIB augmentent, ce qui serait antinomique.

Alain Dubuc et l’analyse sélective

Alain Dubuc, dans sa chronique du mardi 1er décembre, prend la défense du gouvernement québécois en minimisant l’ampleur des compressions budgétaires imposées par le gouvernement Couillard depuis son élection en 2014. Ce programme d’austérité n’en serait en réalité pas un, nous dit-il, puisque les dépenses de programmes du secteur public par rapport au PIB nominal seraient aujourd’hui plus hautes qu’avant la crise économique de 2008. 

Un projet de loi 70 hors la loi

Dans la façon dont il vient sournoisement modifier la loi sur l’aide sociale, le projet de loi 70, « visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ainsi qu’à favoriser l’intégration en emploi », s’annonce comme la pire atteinte à la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale depuis son adoption à l’unanimité en décembre 2002 à l’Assemblée nationale du Québec. Il vient entraver une longue histoire d’action citoyenne en matière d’aide sociale et de protection du revenu à laquelle la loi de 2002 a contribué d’une façon qui commençait à porter ses fruits dans l’action publique et dans les mentalités. Si les modifications annoncées étaient adoptées, les dommages seraient majeurs.