L’austérité, ça brise des vies

Entre 1991 et 1994, l'espérance de vie des hommes russes dans l’ex-URSS est passée de 64 à 57 ans.  Il s’agissait de la pire baisse de l'espérance de vie enregistrée sur une aussi courte période dans un pays qui n'était en proie ni à la guerre, ni à la famine. Les causes relevaient plutôt de l'alcoolisme, des agressions et d’accidents chez les jeunes hommes sans emploi suite à l'effondrement du bloc soviétique et la privatisation accélérée des services publics qui s'en est suivie.

À partir de 1998, la Thaïlande a vu son taux de mortalité dû aux maladies infectieuse soudainement doubler en cinq ans alors qu’il était à la baisse depuis une quarantaine d’années. Ce revirement survenu pendant la crise économique asiatique était principalement dû à une recrudescence du taux d'infections au VIH suite à l'élimination du programme gouvernemental « no condom, no sex » et à l'arrêt de l'envoi de travailleuses et travailleurs sociaux dans les quartiers chauds de la prostitution.

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Le coût de la pauvreté au Québec : 17 milliards de $

Presque tous les jours, à mon bureau, je me sens un moment  frustré et impuissant. À cet instant, c’est comme si je me trouvais au bord d’un gouffre en compagnie de mon patient, contemplant la maladie au fond du précipice et la santé, de l’autre côté. Et nous ne parvenons pas, lui et moi, à bâtir cette passerelle qui nous permettrait de traverser. Nous savons à quoi elle ressemblerait, mais nous n’avons pas les matériaux requis pour la construire.

Ce gouffre, je l’ai contemplé avec Fatima, une mère monoparentale avec deux enfants d’âge scolaire, qui travaille à plein temps chez Tim Hortons, au salaire minimum, c’est-à-dire 10,15 $ l’heure. Fatima souffre de maux de dos et d’arthrite. Elle arrive tout juste à payer son loyer. Elle n’a pas le temps de voir un chiropraticien ni de faire de l’exercice. Elle n’a pas les moyens de s’acheter des médicaments antidouleur. Souvent, elle peine à nourrir sa famille à la fin du mois, se privant pour que ses enfants mangent à leur faim.

Le Chaoulli de l’Ouest

On en entend peu parler au Québec, mais la bataille est engagée au Canada anglais sur l’avenir de l’assurance-maladie. Des partisans de la médecine et de l’assurance privée violent ouvertement les lois provinciales sur l’interdiction du financement privé des soins afin d’être poursuivis par les autorités et ainsi devoir se défendre devant la cour. Pourquoi? Parce qu’une fois parvenu devant le juge, ces promoteurs du privé ont l’intention d’invoquer le jugement Chaoulli de 2005 et d'ainsi faire jurisprudence contre l’assurance-maladie tel que nous la connaissons.

Dix ans de CSSS : pourquoi on a fait ça?

La semaine dernière, la Coalition solidarité santé organisait une soirée de réflexion sur les dix ans de la dernière grande réforme du système santé. Cette réforme de 2003, présidée par Philippe Couillard alors ministre de la Santé et des Services sociaux, avait notamment transformé les régies régionales en Agences de la santé et des services sociaux (ASSS) et créé les actuels « CSSS », les Centres de santé et de services sociaux qui servent de pallier local à ce gigantesque réseau où travaillent 275 000 personnes.

Et cette réforme, elle a servi à quoi?

Santé : importer les pratiques du privé ne réduit pas la bureaucratie

Il y a deux ans (déjà), lorsqu’il a été question de défendre le système d’éducation, un très grand nombre de Québécoises et de Québécois sont montés aux barricades défendre l’héritage de la Révolution tranquille.

Force est de constater que les Québécois.e.s ne se soulèveraient pas de la même manière pour défendre leur système de santé. Comparé aux provinces canadiennes, le Québec est même l’endroit où l’on est habituellement le plus favorable à une présence accrue du secteur privé en santé.

Évaluation du programme de procréation assistée : évaluer d’abord la place du privé

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Le gouvernement du Québec a récemment donné le mandat au commissaire à la santé et au bien-être d’évaluer le programme de procréation assistée, implanté en 2010. Une décision justifiée après bientôt trois ans de fonctionnement.

Le cadre législatif accompagnant le programme a permis de faire chuter de manière importante le nombre de grossesses multiples, en limitant les techniques médicales engendrant ces grossesses multiples. La gratuité de services de procréation assistée a également garanti aux personnes moins fortunées un accès à ces techniques médicales de pointe. Malgré tout, le programme avait été mis en place rapidement et sans consultation publique sur ses limites. Depuis, diverses questions ont été soulevées, notamment quant à l’admissibilité des femmes célibataires, plus âgées et homosexuelles.

Vers une révolution dans l’assurance-médicaments?

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Il y a bientôt trois ans, l’IRIS publiait un rapport conjoint avec le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) sur les avantages que présenterait un régime universel d’assurance-médicaments auquel adhéreraient toutes les provinces. Depuis, l’idée a fait beaucoup de chemin et ce, à un point tel qu’un sondage pancanadien réalisé ce mois-ci par la firme Ekos chiffre à près de 80% l’appui de la population à un régime qui couvrirait les médicaments de la même façon que sont couverts actuellement les frais des services hospitaliers et médicaux.

Dans ce débat, la position du Québec est particulière puisque l’ensemble de la population est déjà couverte par un régime d’assurance-médicaments. Ce n'est pas le cas au Canada anglais où beaucoup de personnes sont sans couverture. Toutefois, le modèle québécois n’est pas « universel », mais bien « général », puisque toutes et tous ne sont pas couverts par le même régime. Pire, le fonctionnement actuel permet aux assureurs privés de couvrir la meilleure portion de la population active, soit celle qui engendre le moins de coûts pour les régimes, et canalise les « restants » au régime public qui s’en trouve largement déficitaire. C'est d'ailleurs la province qui échoue le plus lamentablement à contrôler ses coûts en médicaments, poste budgétaire inflationniste s'il en est un.

Grandeur et décadence du NHS

Le Royaume-Uni a entrepris une réforme sans précédent de son système de santé, le National Health Service (NHS). Mis en place en 1948 au moment de la reconstruction du pays, le NHS aura été l’une des pièces-maîtresses du système social mis en place en Angleterre suite au Rapport Beveridge.

Financement de la santé : faire le pari de la prudence

Il y a quelques jours, Yanick Labrie de l’Institut économique de Montréal contestait nos conclusions sur le financement à l’activité. Emporté par l’enthousiasme que suscite la mise en place d’un processus de quasi-marché, le chercheur semble fermer les yeux sur les avertissements pourtant clairs qui viennent de l’étranger à l’encontre du modèle de financement à l’activité.