L’assurance qualité au cégep (2 de 2) : quelle conception de l’éducation?

salle de classe

Dans la première partie de ce texte, nous avons montré que le processus d’assurance qualité actuellement en cours d’implantation dans les cégeps du Québec repose sur une conception gestionnaire de la qualité qui a (paradoxalement) très peu à voir avec l’enseignement. Dans cette deuxième partie, nous verrons en quoi ce processus d’assurance qualité s’inscrit directement dans une perspective de marchandisation et de technocratisation de l’éducation. Voilà en effet le second constat auquel nous mène la lecture du document de la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC) : Évaluation de l’efficacité des systèmes d’assurance qualité des collèges. Orientations et cadre de référence.

À première vue, on pourrait croire que l’assurance qualité, telle que mise de l’avant par la CEEC, ne promeut pas une vision spécifique de l’éducation, dans la mesure où les cégeps jouissent d’une autonomie considérable dans l’élaboration de leur système d’assurance qualité. On l’a vu, chaque cégep définit lui-même ses objectifs, sa mission et les mécanismes par lesquels il va les réaliser. Puisque la CEEC comprend la qualité comme étant « la capacité pour un établissement d’atteindre ses objectifs et de réaliser sa mission », on pourrait ainsi penser qu’il appartient également à chaque cégep de définir la vision de l’éducation qui se retrouvera au cœur de sa mission.

L’assurance qualité au cégep (1 de 2) : qualité de l’éducation ou dérive gestionnaire?

Ces jours-ci, les enseignantes et enseignants du collégial se mobilisent face au Conseil du Trésor qui souhaite réévaluer leur salaire à la baisse. Sans vouloir minimiser l’importance de cette nouvelle qui a créé une véritable onde de choc dans la communauté collégiale, il y a pourtant un autre dossier auquel les enseignant.e.s, et la population en général, devraient sérieusement s’intéresser : l’assurance qualité.

L’implantation de l’assurance qualité dans les cégeps du Québec débute cet automne avec une phase de validation effectuée dans quatre cégeps de la province (Sainte-Foy, Shawinigan, Marie-Victorin et André-Grasset). Cette « phase test » se conclura en septembre 2014 par une visite d’audit (visite de vérification) de la Commission d’évaluation des études collégiales (CEEC) dans chacun des quatre établissements participants. Le bilan de cette première phase permettra d’ajuster le processus d’assurance qualité avant qu’il ne soit lancé dans les autres cégeps. La CEEC prévoit ainsi une deuxième série de visites d’audit en novembre et décembre 2014 dans cinq cégeps, après quoi des groupes d’une douzaine de collèges seront visités à chaque session à partir de l’hiver 2015, suivant un calendrier déjà établi et connu des établissements d’enseignement collégial.

L’université québécoise toujours à vendre

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Afin d’éviter une autre « crise importante » comme la grève étudiante du printemps 2012, et afin de préserver « la paix sociale », le ministre Duchesne « incite les directions » des CÉGEP « à organiser des « ateliers politiques » pour que les jeunes puissent exprimer leurs idées. C’est une bonne idée de favoriser l’engagement des jeunes. Cependant, il faudrait d’abord reconnaître que les étudiant.e.s n’ont pas attendu ces « ateliers » pour parler, et qu’ils et elles ont déjà exprimé un profond malaise que l’on s’empresse aujourd’hui d’oublier.

En effet, l’an dernier, nombre d’étudiant.e.s, professeur.e.s et citoyen.ne.s ont, à travers une mobilisation importante, exprimé leur rejet d’une orientation commerciale et instrumentale donnée à l’éducation par l’État québécois. Ses élu.e.s ont beau avoir porté le carré rouge au moment opportun, on constate, encore une fois, que le gouvernement du Parti Québécois persiste dans la voie de son prédécesseur libéral : celle d’une privatisation accrue de l’éducation, tant en ce qui concerne les espaces physiques que les finalités qui orientent l’enseignement et la recherche. Bref, malgré les nombreuses mises en garde, le cap est encore résolument orienté vers les mirages de « l’économie du savoir » et de la privatisation de l’éducation.

L’Université Alouette

Le 20 août 2013, le ministre de l’Éducation Pierre Duschesne annonçait qu’un pavillon « universitaire » privé, financé par une aluminerie, sera construit à Sept-Îles : « Évalué à 10 millions de dollars, l'investissement dans cette construction est entièrement assumé par Aluminerie Alouette ». Le Journal de Montréal considère qu’il est évident qu’une logique donnant-donnant doive s’installer entre l’université et le secteur privé : « Évidemment, comme la construction est financée par Alouette, on offrira une formation en transformation d'aluminium supervisée par l'Université du Québec à Chicoutimi ». « Évidemment », donc, Alouette peut se payer une université privée de l’aluminium et le concours de l’UQAC, le tout avec la bénédiction du gouvernement. Et, à l’inverse, il semble désormais que l’État, pour construire des universités, ne puisse se passer du secteur privé.

La CREPUQ est morte : vive la concurrence

crepuq_w2_0Depuis plusieurs années, et durant le conflit étudiant, la Conférence des recteurs et principaux du Québec (CREPUQ), instance de représentation des recteurs.trices d’université, exerçait des pressions fortes en faveur de la hausse des frais de scolarité et de « l’internationalisation » universitaire, c’est-à-dire de l’adaptation de nos universités à l’économie globalisée. Avril 2013, coup de théâtre : les recteurs Denis Brière (ULaval) et Guy Breton (UdM) parlent de quitter le navire, rapidement suivis par 12 de leurs 18 collègues recteurs. Rien ne va plus au royaume des recteurs…pourquoi?

Point de fuite au sommet (2 de 5) : l’indexation

Deuxième d’une série de cinq bandes dessinées sur les enjeux du Sommet sur l’éducation supérieure. Au menu aujourd’hui: François Samson-Dunlop et Alexandre Fontaine Rousseau goûtent la recette secrète de l’indexation.

Point de fuite au sommet : Introduction

Après le zine La hausse en question, l’IRIS s’associe aux auteurs de bande dessinée qui ont commis la Manif de bonhommes ou Dépasser la ligne pour vous présenter, tout au long de la semaine, des capsules dessinées sur les enjeux du Sommet sur l’éducation supérieure.

Vers le sommet (2): Éducation, US qu’on s’en va?

Le débat sur l’éducation s’est embourbé, notamment à cause de notre mauvaise habitude d’émietter les problèmes. Plutôt que de penser globalement le sort de nos universités, nous avons saucissonné le problème en différentes tranches.