La stagnation permanente : Krugman contre Gordon

stagnation

On s'inquiète de plus en plus de la forte baisse de la croissance économique des dernières années. Par exemple, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soulignait récemment les conséquences tragiques de cette absence de croissance notamment sur l'augmentation du chômage de longue durée. En plus, on commence à se demander si cette situation ne perdurera pas.

Le Centre for Economic Policy Research (CEPR), centre londonien de recherche en politique économique, a justement diffusé récemment un livre gratuit sur Internet portant sur ce sujet, livre intitulé Secular Stagnation: Facts, Causes and Cures (La stagnation permanente, les faits, les causes et les solutions). Ce livre regroupe 14 textes écrits par des économistes de renom. J'ai lu environ la moitié de ces textes (malgré des différences de points de vue, cela devient répétitif…) et en présenterai deux dans ce billet, car ce sont ceux qui représentent, selon moi, le mieux les divergences de points de vue.

« L’erreur de l’IRIS » selon Vincent Geloso : une blague?

Vincent Geloso nous fait le plaisir de répondre à l’étude que Francis Fortier et moi avons publié mercredi. Je savais qu’il était économiste et qu’il avait étudié à la prestigieuse London School of Economics, mais je ne savais pas qu’il avait également des talents d’humoriste comme il nous l’a montré hier. Il a décidé de démarrer sur un gros punch en prétendant dans son titre que nous faisions erreur sur les taxes à la consommation. Voyons voir ce qu’il en est. 

Non, hausser les taxes à la consommation n’est pas une bonne idée

Vous en avez surement entendu parler, le gouvernement de Philippe Couillard a mis sur pied cet été une commission en charge d’examiner la fiscalité québécoise pour «pour accroître l'efficacité, l'équité et la compétitivité du régime fiscal». La commission est en pleins travaux présentement et devra présenter un rapport d’étape quelque part en octobre. Bien que les résultats de la commission ne sont pas encore publics, voici ce que nous savons toutefois : elle est présidée par Luc Godbout, fiscaliste de l’Université de Sherbrooke qui, depuis plusieurs années, publie au sein de la chaire, dont il est le chercheur principal, de nombreux papiers ventant les mérites d’une hausse des taxes à la consommation au Québec. De plus, le ministre des Finances Carlos Leitao se disait très intéressé à envisager cette option il y a quelques semaines. On serait donc assez peu surpris si la commission favorisait cette option.

La bourse au carbone : une fausse bonne idée? (deuxième partie)

camionsPollution

Ce texte fait suite à un texte publié vendredi dernier que vous pouvez retrouver ici.

Je terminais mon dernier texte sur la bourse au carbone en indiquant que le SPEDE, type de bourse du carbone qui entrera en vigueur le 1er janvier 2015, risquait de ne pas remplir son mandat. La tonne d’équivalents de gaz carbonique aurait de fortes chances de se  transiger à prix modique, ce qui nuirait à la transformation du comportement des industries polluantes, les encourageant à acheter des droits de pollution à bas prix. Or cette situation n’est pas propre au Québec. La dévaluation du prix de la MT CO2e fait partie des réalités et des nombreux échecs la bourse au carbone. Ce second texte tentera d’en présenter quelques-uns.

Il existe deux questions de fond sur la bourse du carbone : est-ce concrètement réalisable et et est-ce souhaitable ? Tentons d’y répondre.

Le Saint Graal

Il ne passe presque plus une journée sans que l’on nous rappelle combien l’économie est dans un piètre état. La semaine dernière c’était au tour de l’ONU de s’inquiéter de la lenteur avec laquelle l’économie mondiale et surtout les pays occidentaux retrouve le chemin de la croissance. Dans un rapport de la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement, l’organisation internationale enjoint les gouvernements d’adopter des mesures pour favoriser la demande (la consommation) et l’activité productive (les investissements des entreprises) et non d’alimenter des bulles spéculatives en favorisant la liquidité sur les marchés financiers. Les conséquences sociales de la morosité actuelle, tel que la hausse inquiétante du chômage de longue durée en Europe, expliquent cette « nostalgie de la croissance ». Les signes d’une reprise économique se font aussi rares au Québec. Tout indique en fait que nous traversons une période de stagnation économique, que viennent renforcer les politiques d’austérité du gouvernement provincial. Ceci se reflète par exemple dans la situation de l’emploi, qui est au beau fixe depuis 2012.

Tarif des CPE: la phobie de l’impôt

Une semaine avant la rentrée parlementaire à Québec, le gouvernement Couillard place déjà ses pions en laissant couler de l’information sur son intention de revoir le fonctionnement du financement des CPE. Du tarif unique, les fameuses garderies à 7 $, on propose de passer à un système de participation proportionnel aux revenus des parents.

Tant mieux! diront certain.e.s. Quoi de plus normal que quelqu’un qui va porter ses enfants à la garderie en BMW paie plus que les autres? En s’attaquant au principe d’universalité, qui veut que les mêmes conditions s’appliquent à tout le monde pour avoir accès aux services publics, le gouvernement prétend s’en prendre à une vache sacrée du modèle québécois. 

La bourse du carbone : une fausse bonne idée?

1024px-Industry_smokeCe texte est le premier d’une série de deux sur la bourse du carbone. Nous tenterons d’expliquer en quoi consiste-t-elle exactement et nous nous questionnerons à savoir si elle est vraiment la bonne solution pour freiner la pollution par les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce présent billet, nous nous attarderons principalement au fonctionnement de la bourse du carbone et de son dérivé québécois, le Système de plafonnement et d’échange de droit d’émission de droit d’émission de gaz à effet de serre du Québec (SPEDE). Ce dernier entrera en vigueur le 1er janvier 2015 pour les entreprises productrices ou distributrices de carburant dont les émanations dépassent 25 000 tonnes métriques d’équivalents de Co 2 (MT CO2e).

S’endetter pour se loger

Nous le savions déjà, l’endettement des ménages québécois est un problème de plus en plus alarmant. De l’autre côté, on apprend qu’au Québec, près de 40% des ménages dans lesquels il y a au moins une personne qui travaille dépensent l’ensemble et souvent même plus de leur salaire au fur et à mesure. Ce qui veut dire aucune possibilité d’épargne, peu de remboursements de dette, mais surtout, cela signifie vivre d’une paie à l’autre sans être en mesure de faire face à des imprévus.

L’anglais intensif au primaire: la mise en garde du Conseil supérieur de l’éducation

Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) vient de présenter au ministre de l’éducation, Yves Bolduc, son avis fort intéressant concernant l’enseignement de l’anglais comme langue seconde au niveau primaire. L’avis ne pouvait pas mieux tomber, considérant l’intention du gouvernement de repenser l’approche pédagogique en place pour imposer de manière globale l’enseignement de l’anglais intensif pour les élèves de 6ème année.

Tout d'abord, malgré ses mises en garde, le CSE ne se dresse pas contre l'utilisation de l'anglais intensif mais qu'il pose toutefois quelques bémols quant à son implantation. Il est en effet plus que pertinent, dans un contexte de changement de méthode d’apprentissage, de réfléchir profondément aux impacts d’un tel changement et surtout au potentiel de succès (et d’échec) de cette manœuvre.

Et les revenus dans tout ça?

Depuis son élection, le Premier ministre Couillard fait tout pour éviter d’utiliser publiquement les termes austérité et coupures. Il préfère parler de « changements budgétaires ». Dans la réalité, nous nous doutons bien que les résultats risquent d’être pas mal les mêmes. Nous avons déjà écrit un billet de blogue sur les effets des politiques d’austérité déjà annoncées sur la vie du commun des mortels au Québec. Comme notre premier ministre, nous ne sommes évidemment pas contre la lutte au gaspillage des fonds publics. Cependant, considérant que depuis le début de la quête de l’atteinte du déficit zéro, l’exercice budgétaire se rapproche davantage à un acharnement à réduire la taille de l’État plutôt qu’à une réelle volonté d’améliorer l’accessibilité et le fonctionnement des services, il faut peut-être se demander si les coupures budgétaires n’ont pas plutôt nui à l’économie au lieu de la favoriser.

Vos préjugés sur les pauvres démentis par les faits

Les préjugés sur les pauvres sont nombreux. Souvent on entend dire qu’ils dépensent mal le peu d’argent qu’ils ont. J’ai étudié les données pour le Québec de l’Enquête sur les dépenses des ménages de Statistiques Canada pour voir ce qu’il en était pour vrai. Pour simplifier ce texte je n’indiquerai pas les années pour chacune, elles s’étendent de 2009 à 2011 en fonction de la disponibilité des données.

Les pauvres boivent plus

La fameuse caisse de 24 qui, dit-on, traîne sur le balcon des plus démunis : mythe ou réalité? Pour le vérifier, il est intéressant de soulever que le 20% le plus pauvre de la population dépense par année, en moyenne, 289$ en alcool acheté au magasin. À 30$ la caisse de 24, ça en fait dix par année. On constate aussi que seulement 57% des plus pauvres ont acheté de l’alcool dans l’année, donc plus du tiers n’en achète même pas une goutte.

Maintenant, allons voir le 20% le plus riche de la population. Les chiffres sont passablement différents : 1653$ d’achat d’alcool en magasin (soit 55 caisses de 24) et 93,9% qui en a acheté dans l’année.