La question de l’urne en santé : plus de privé ou plus de public?

Photo: Artur Tumasjan (Unsplash)

En santé et services sociaux, les partis politiques en lice pour former le prochain gouvernement du Québec s’entendent tous sur au moins une chose : le vainqueur de la campagne électorale devra réaliser des changements profonds au sein du système de santé, rendus incontournables par l’onde de choc provoquée par la pandémie de COVID-19.

50 ans de la Loi sur l’assurance maladie — Une bataille inachevée

Il y a exactement 50 ans, soit le 1er novembre 1970, la Loi sur l’assurance maladie entrait en vigueur. Le Québec devenait ainsi la dernière province à adhérer au programme mis en place par le gouvernement fédéral cinq ans plus tôt, lui-même à la remorque de la plupart des autres pays occidentaux. Si la pandémie actuelle nous rappelle l’importance d’un accès universel à des services de santé de qualité, elle démontre également que les luttes ayant entouré la mise en place de l’assurance maladie demeurent aujourd’hui inachevées.

Élections fédérales et assurance médicaments : les leçons du « modèle québécois » public-privé

Photo: https://lindyhealth.com/ (Pixabay)

Un des enjeux importants de la campagne électorale qui s’amorce sur la scène politique fédérale sera l’instauration au niveau national d’une assurance médicaments publique et universelle (AMPU). En effet, le Nouveau parti démocratique (NPD) et le Parti vert se sont engagés à mettre sur pied un tel régime, tandis que le Parti libéral envisage sérieusement de le faire. Tout indique donc que l’AMPU comptera parmi les promesses phares de trois des quatre principaux partis en lice pour le pouvoir. Or, la ministre québécoise de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a déjà signifié son opposition à toute intervention du gouvernement fédéral dans ce domaine, faisant valoir que le Québec jouit déjà de son propre régime d’assurance médicaments. Mais aux besoins de qui ce « modèle québécois » d’assurance répond-il?

Les effets pervers du privé en santé

Vous vous êtes sûrement déjà trouvé chez un optométriste à vous demander si le nouvel examen dernier cri qu’il vous propose est bon pour vous ou plutôt pour la marge de profit de son entreprise. Peut-être aussi que votre dentiste a soudainement trouvé tout plein de travaux à effectuer « absolument » dans votre bouche le jour où il a su que vous aviez désormais accès à une assurance privée. Peu importe le système de santé, la confiance entre un·e patient·e et un·e professionnel·le de la santé demeurera toujours déterminante. Il n’en demeure pas moins toutefois que ce lien de confiance est affecté par le souci de rentabiliser des organisations privées à but lucratif qui opèrent dans le domaine de la santé, qu’il s’agisse de prestation de services, de vente de biens ou d’assurances.

Le Chaoulli de l’Ouest

On en entend peu parler au Québec, mais la bataille est engagée au Canada anglais sur l’avenir de l’assurance-maladie. Des partisans de la médecine et de l’assurance privée violent ouvertement les lois provinciales sur l’interdiction du financement privé des soins afin d’être poursuivis par les autorités et ainsi devoir se défendre devant la cour. Pourquoi? Parce qu’une fois parvenu devant le juge, ces promoteurs du privé ont l’intention d’invoquer le jugement Chaoulli de 2005 et d'ainsi faire jurisprudence contre l’assurance-maladie tel que nous la connaissons.