Lutte contre l’intimidation: un exemple de succès

enfant-intimidant

Le phénomène de l’intimidation chez les jeunes a été grandement médiatisé au cours des dernières années au Québec. Cette prise de conscience collective a entrainé les différents acteurs et actrices politiques et sociaux à vouloir mettre en place des mesures efficaces visant la diminution des actes d’intimidation et du nombre de victimes.

Si le Québec a connu son lot de drames découlant de diverses actions reliées à l’intimidation, il n’en demeure pas moins que le phénomène est présent partout sur la planète. Certains pays se sont déjà penchés sur le problème, et divers programmes ont été mis en place pour contrer ce phénomène. Un pays se démarque toutefois quant à l’efficacité de son programme anti-intimidation: la Finlande.

Le Ministère de l’Éducation et de la Culture de Finlande a financé le développement du programme KiVa, dont l’implantation progressive a débuté en 2007 dans une centaine d’écoles. Développé à l’université de Turku, le programme est le fruit d’une collaboration entre le département de psychologie et le centre de recherche sur l’apprentissage. Son public cible est la population étudiante du primaire et du secondaire, soit les jeunes de 7 à 16 ans.

Yves Bolduc, le rapport Demers et la marchandisation de l’éducation

Depuis le mois d’août, les nouvelles à propos de la réforme prochaine du système d’éducation et les annonces de compressions budgétaires se multiplient presqu’au même rythme que les déclarations consternantes du ministre Yves Bolduc. On se rappellera son fameux « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça », le ça en question étant les coupures dans l’achat de livres pour les bibliothèques scolaires. On ignore encore le contenu définitif de ce projet de réforme allant du primaire à l’université, mais ce qu’on en sait par les médias tire dans tous les sens : abolition des commissions scolaires, révision du financement des cégeps et des universités, anglais intensif en 6e année pour tous, nouvelles technologies dans les classes, évaluations des enseignant.e.s, révision des programmes au cégep, et j’en passe.

Ce qui ressort toutefois assez clairement de ce lot disparate d’idées, ainsi que des propos d’Yves Bolduc, c’est un certain mépris de la culture allant de paire avec une vision marchande de l’éducation. Son accueil favorable du Rapport final du chantier sur l’offre de formation collégiale rendu public le 20 octobre dernier, et son intention de mettre en œuvre rapidement un certain nombre de ses recommandations, en attestent. Aux voix du ministre et de Guy Demers (auteur du rapport), s’ajoute celle de d’autres acteurs du milieu collégial (directions de cégeps ou président de la Fédération des cégeps) pour défendre la nécessité d’un arrimage encore plus grand entre la formation collégiale et le marché du travail.

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Tant que maman reste à la maison

La semaine dernière, Stephen Harper a annoncé en grande pompe, entouré de familles radieuses et heureuses, son nouveau plan pour aider les familles coast-to-coast. Il fallait agir vite : Thomas Mulcair était en train de gagner des points avec sa proposition de reprendre l’idée des garderies québécoises pour en faire un programme pour l’ensemble du Canada. C’est ainsi qu’on apprenait le 30 octobre, directement d’une banlieue torontoise, que les familles recevront bientôt 60$ de plus par mois par enfant et qu’il serait maintenant possible de déduire plus d’argent pour leurs dépenses sportives. Mais ce n’est pas tout! En bonus, pour toutes les familles avec deux revenus, un tout nouveau tout beau programme qui permettra de séparer ses revenus quand viendra le temps de faire son rapport d’impôt. À la clé, une économie pouvant aller jusqu’à 2000$. Profitez-en maintenant et votez plus tard. Les Conservateurs n’ont jamais été aussi généreux.

Les artistes seraient-ils devenus les nouveaux mécènes de la culture au Québec?

Il existe deux caractéristiques pour qu’une idée soit considérée comme un mythe. La première, c’est que celle-ci ne possède aucun fondement empirique, c’est-à-dire qu’elle est imaginaire. La seconde, le mythe est une croyance si forte qu’une société peut éventuellement la considérer comme une réalité. C’est exactement la définition que l’on peut attribuer à plusieurs idées entourant le travail des artistes. Il nous est tous arrivé d’entendre dire, le plus sérieusement du monde : «Les artistes, ça travaille pas ce monde-là», « Un artiste ça ne fait pas du vrai travail», «C’est juste des parasites qui vivent au crochet de la société» ou encore la triste célèbre affirmation : «Des os&*! de gratteux de guitare». L’IRIS s’est penché sur l’organisation et les conditions de travail des créatrices, créateurs, artistes et artisan.e.s de l’audiovisuel dans une nouvelle note de recherche intitulée : « Le travail des artistes est-il payé à sa juste valeur? ». Dans cette note, nous exposons, en plus des conditions de travail des artistes de l’audiovisuel (nous utilisons artistes pour nommer tant les auteurs, les scénaristes, les techniciens, les auteurs, les réalisateurs… pratiquement tout le monde qui travaille dans l’audiovisuel) leur investissement en temps non-rémunéré et en argent pour s’assurer du dynamisme de la culture au Québec.

Les PPP : Comme acheter une maison avec une carte de crédit

Nous avons publié lundi une évaluation des sommes que le Québec pourrait économiser en mettant fin à l’expérience boiteuse des partenariats public-privé (PPP) pour la gestion des centres hospitaliers universitaires de Montréal, le CHUM et le CUSM. Verdict : les économies pourraient atteindre 4 milliards de dollars durant les trente prochaines années, soit la durée des PPP en cours.

Pourquoi diable alors le gouvernement du Québec s’est-il enlisé dans ce type de partenariat ? Eh bien, en plus du faible de certain-e-s pour la privatisation, les politicien-ne-s aiment cette formule puisqu’elle permet de financer de nouvelles infrastructures sans faire augmenter l’endettement public.

Faut-il abolir la formule Rand?

Pour plusieurs, la formule Rand devrait être abolie. En rendant obligatoire la participation au financement des activités syndicales pour chaque personne dont l’emploi est encadré par une convention collective, cette formule serait en contradiction avec nos libertés individuelles. Au-delà des réactions exacerbées et de la démagogie des commentateurs sur cet enjeu, le mieux est peut-être de ne pas trop s’attacher aux principes, mais aux effets qu’aurait une telle abolition. Pour ce faire, une étude des conséquences des lois « right to work » (RTW) aux États-Unis s’avère des plus utiles.

En interdisant la cotisation obligatoire tout en maintenant l’obligation faite aux syndicats de défendre les employé.e.s non cotisants, ce genre de loi vise explicitement à restreindre l’autonomie et la capacité d’action des organisations syndicales. Il ne s’agit aucunement d’assurer un quelconque « droit au travail », mais bien de s’en prendre à un « pouvoir syndical » que l’on fantasme comme étant démesuré.

Les syndicats, une affaire de vieux?

Les syndicats sont-ils une affaire de vieux? Une sorte de gamique destinée à soutirer des fonds aux travailleuses et aux travailleurs les plus jeunes au profit de leurs aîné.e.s? Le principe de l’ancienneté, de ligne de défense des salarié.e.s contre les décisions arbitraires des employeurs, aurait été, selon certain.e.s, dévoyé de son intention d’origine. Ce serait devenu aujourd’hui une structure permettant de protéger les « pommes pourries » en sacralisant les droits des employé·e·s qui possèdent le plus d’ancienneté.

Qu’en est-il vraiment? Quand on regarde le portrait statistique de qui est syndiqué au Québec, les stéréotypes générationnels sont loin de se confirmer. En lieu et place d’une structure où se sont les baby-boomers qui occuperaient le gros de l’espace, on découvre une réalité bien différente.

L’internationalisation de l’éducation, ou l’envers d’un buzzword à la mode

Il se tient cette semaine un colloque autour de « l’internationalisation » de l’enseignement, un « buzzword » à la mode et a priori sympathique. On présente toujours ce phénomène comme relevant d’une dynamique d’ouverture à l’international dont on constaterait l’apparition spontanée, sans qu’on ne sache trop pourquoi, dans d’autres pays, et à laquelle il conviendrait de s’adapter pour ne pas être en retard sur les autres. L’internationalisation permettrait aux systèmes d’enseignement de se libérer de leur ancrage national pour s’ouvrir à « L’Autre », bref, aux autres cultures. Sympathique!

Or, dans les faits l’internationalisation participe plutôt d’un projet politique, poussé notamment par les grandes institutions économiques internationales, et visant à transformer les pratiques d’enseignement pour créer un « nouvel espace mondial de l’enseignement supérieur » [1], le tout pour des motivations économiques. Les entreprises sont déjà devenues transnationales ou multinationales, le capitalisme est de plus en plus globalisé. C’est maintenant au tour des individus de devenir mobiles et aux institutions d’enseignement d’internationaliser leurs pratiques, c’est-à-dire de participer à l’enseignement transfrontalier à visée commerciale.

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Les femmes, les femmes, c’est pas une raison pour se faire mal!

Je vais être honnête avec vous. Parler de tâches domestiques et de leur répartition ne me semblait pas être le sujet le plus intéressant au monde. Je me disais, avant et même pendant la rédaction de la note que tout le monde savait déjà que les femmes en font plus, alors pourquoi encore publier là-dessus? Reste que c’est un thème toujours d’actualité, que de mettre ensemble plein de sources sur le sujet peut être utile, et que de lancer une réflexion sur la sous-traitance genrée demeure pertinent. Que je me disais. Avant la sortie. Puis il y a eu la sortie. Et, toujours honnête avec vous, je ne m’attendais pas au flot de réactions que cette note a pu provoquer.

Plus de syndicats, plus d’égalité

La tendance générale est aux inégalités. Le 10 % s’enrichit plus vite que le 90 %, le 1% plus vite que le 99 %. Il ne s’agit pourtant pas d’une dynamique irréversible. Et si, pour changer de cap, un élément de réponse venait des grands malaimés du débat public québécois : les syndicats.

Qu’est-ce qu’un tour d’horizon de la situation prévalant dans les pays développés nous apprend à ce sujet? Quelque chose de bien simple en fait : plus le taux de syndicalisation est fort dans un pays, plus ce pays risque de connaître une meilleure distribution des revenus.

Un projet de société nommé lutte contre la faim

Se tenait le 2 octobre dernier la journée sur la lutte contre la faim organisée par Moisson Montréal, cet organisme qui tente d’assurer un « approvisionnement alimentaire optimal aux organismes communautaires desservant les personnes en difficulté de l’île de Montréal » et de développer des solutions durables pour favoriser la sécurité alimentaire Moisson Montréal, lors de cette journée, avait organisé différents panels fort intéressants.

Lors d’un de ces panels, madame Carole Blanchet, chercheure à l’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ), a présenté les résultats d’une étude sur l’évolution de  l’insécurité alimentaire entre 2005 et 2012, disponible ici. Ce texte se veut une courte recension assortie de quelques commentaires.

La lecture du rapport de l’INSPQ n’est pas particulièrement encourageante. On y apprend que 8,1 % de la population du Québec en 2011-2012 souffrait d’insuffisance alimentaire.