La Responsabilité

Depuis l’attentat de Québec, on entend des appels à la compassion, à solidarité et à l’amour. On a raison de le faire, comme on aura raison de réclamer une fois pour toutes la mise sur pied d’une commission contre le racisme systémique et, plus urgemment encore, la mise en place des mesures sérieuses et cohérentes permettant de lutter efficacement contre l’islamophobie rampante et les actes horribles qui en découlent. Il faut agir, et il faudra le faire avec dignité et intelligence tout en défendant notre humanité.

 

Néanmoins, dans ce que certain·e·s nomment parfois l’« ère post-factuelle », ou que d’autres désigneraient volontiers comme un déferlement massif et interrompu de bouillie pour les rats, il faudra également renouer très vite avec les responsabilités qui incombent à tout·e citoyen·ne dans une société qui aspire à la démocratie : la capacité de débattre, le sens critique et la raison.

 

Main basse sur l’Université de Montréal

L’Université de Montréal est à nouveau dans la tourmente. Le recteur Guy Breton, celui-là même pour qui, rappelons-le, « [l]es cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises », a proposé de réformer la charte fondamentale de l’université. Il veut donner davantage de pouvoir au comité exécutif à des gens externes à la communauté universitaire.

Révolution sociosanitaire : tout le pouvoir aux CLSC

L’IRIS publiait mercredi dernier une étude proposant une révolution complète du le système de santé et de services sociaux du Québec. Les médias ont surtout retenu la proposition visant à faire des médecins des salarié·e·s, mais il ne s’agit que d’une des idées dans l’ensemble de celles que nous avons formulées pour transformer radicalement un système qui déçoit beaucoup trop de Québécois·e·s.

 

Luc Godbout et son portrait incomplet de la fiscalité québécoise

La Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques (CFFP) dirigée par le fiscaliste Luc Godbout offre, dans son bilan édition 2017, un portrait bien pessimiste de la situation fiscale du Québec. Dans l’espace public, on y aura retenu que nous nous classerions au deuxième rang des peuples les plus imposés au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et où la proportion d’impôts payée par les 20 % et 1 % les plus riches semble démesurée. 

Hausse du salaire minimum: le vœu de pauvreté du gouvernement

Le gouvernement Couillard a annoncé une hausse du salaire minimum ce matin. 50 ¢ le 1er mai prochain, 50 ¢ en 2018 et 35 ¢ pour les deux années qui suivent. Bien sûr, la ministre du Travail se félicite de cette mesure et veut y voir une preuve de l’ouverture du gouvernement aux demandes de la population. Derrière l’annonce toutefois se cache une triste réalité : cette hausse maintiendra près d’un·e salarié·e sur quatre dans une situation de précarité économique.

 

La réforme sournoise du RRQ

Le sujet des retraites est rarement perçu comme étant palpitant. On en parle quand arrive la saison des REER, quand on veut montrer que les jeunes sont des irresponsables qui ne pensent pas à l’avenir, quand vient le temps de dire que les régimes de retraite sont un poids trop lourd pour les futures générations ou quand on pointe du doigt les personnes syndiquées privilégiées qu’on aimerait mieux voir pauvres et précaires. Mais la plupart du temps, c’est le silence.

Présentement, par exemple, combien d’articles dans les grands médias écrits, à la télé ou à la radio? On en trouve, mais très peu. Pourtant, cette semaine aurait été toute désignée pour faire un battage médiatique sur le sujet. Presqu’en secret, le gouvernement tient en effet quatre jours de consultations sur l’avenir du Régime de rentes du Québec (RRQ), annoncées à peine deux semaines avant Noël.

Des consultations, pourquoi? Et pour quoi? Répondons d’abord à la première question.

Les congés parentaux : dix ans plus tard

Dix années se sont écoulées depuis la création du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Son implantation a été précédée par près de 20 ans de mobilisation populaire. Aujourd’hui, il est temps de revenir sur les résultats pour juger de la pertinence du programme. Dans trois documents publiés cette semaine (celui-ci, celui-ci et celui-ci), le RQAP a rendu publique une série de données qui permettent de faire un tel bilan.

 

Résolution 2017 : Combler le vrai déficit

« Des sans voix, ça n’existe pas vraiment. Il n’y a que des gens qui sont délibérément réduits au silence ou qu’on préfère ne pas entendre. »  — Arundhati Roy

 

À quelques jours de l’inauguration du nouveau président des États-Unis, après l’étrange élection de laquelle Donald Trump est sorti vainqueur, l’heure est au bilan pour bien des États-unien·ne·s. En ce début d’année 2017, l’heure est aussi au bilan pour de nombreux autres citoyen·ne·s à travers le monde. Ce n’est pas surprenant, considérant le rôle géopolitique de cet imposant voisin. N’oublions toutefois pas qu’entre janvier et décembre 2016, les électeurs d’une vingtaine d’autres pays ont également eu à élire des personnes pour les représenter à la tête de leur État respectif. Examinons ces données électorales dans leur contexte socioéconomique : certains constats qui vont à l’encontre des idées reçues s’imposent.

Le centre et ses impasses contre l’envie de rupture

Depuis l’élection étatsunienne de novembre dernier, comme plusieurs j’imagine, je ne cesse de ressasser certaines réflexions. Quelques jours avant Noël, mon collègue Guillaume Hébert s’est commis dans un texte critique à l’endroit des élites politiques, dénonçant leur responsabilité dans la montée des mouvements d’extrême droite. Je ne reprendrai pas dans ce billet son analyse, mais le texte de mon collègue m’a donné l’occasion de mettre un peu d’ordre dans ma tête.