Les syndicats, une affaire de vieux?

Les syndicats sont-ils une affaire de vieux? Une sorte de gamique destinée à soutirer des fonds aux travailleuses et aux travailleurs les plus jeunes au profit de leurs aîné.e.s? Le principe de l’ancienneté, de ligne de défense des salarié.e.s contre les décisions arbitraires des employeurs, aurait été, selon certain.e.s, dévoyé de son intention d’origine. Ce serait devenu aujourd’hui une structure permettant de protéger les « pommes pourries » en sacralisant les droits des employé·e·s qui possèdent le plus d’ancienneté.

Qu’en est-il vraiment? Quand on regarde le portrait statistique de qui est syndiqué au Québec, les stéréotypes générationnels sont loin de se confirmer. En lieu et place d’une structure où se sont les baby-boomers qui occuperaient le gros de l’espace, on découvre une réalité bien différente.

Plus de syndicats, plus d’égalité

La tendance générale est aux inégalités. Le 10 % s’enrichit plus vite que le 90 %, le 1% plus vite que le 99 %. Il ne s’agit pourtant pas d’une dynamique irréversible. Et si, pour changer de cap, un élément de réponse venait des grands malaimés du débat public québécois : les syndicats.

Qu’est-ce qu’un tour d’horizon de la situation prévalant dans les pays développés nous apprend à ce sujet? Quelque chose de bien simple en fait : plus le taux de syndicalisation est fort dans un pays, plus ce pays risque de connaître une meilleure distribution des revenus.

Un projet de société nommé lutte contre la faim

Se tenait le 2 octobre dernier la journée sur la lutte contre la faim organisée par Moisson Montréal, cet organisme qui tente d’assurer un « approvisionnement alimentaire optimal aux organismes communautaires desservant les personnes en difficulté de l’île de Montréal » et de développer des solutions durables pour favoriser la sécurité alimentaire Moisson Montréal, lors de cette journée, avait organisé différents panels fort intéressants.

Lors d’un de ces panels, madame Carole Blanchet, chercheure à l’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ), a présenté les résultats d’une étude sur l’évolution de  l’insécurité alimentaire entre 2005 et 2012, disponible ici. Ce texte se veut une courte recension assortie de quelques commentaires.

La lecture du rapport de l’INSPQ n’est pas particulièrement encourageante. On y apprend que 8,1 % de la population du Québec en 2011-2012 souffrait d’insuffisance alimentaire.

Les syndicats nuisent-ils à l’économie?

Nous avons publié mardi une brochure sur les syndicats, visant à déconstruire en dix questions certains mythes véhiculés par la droite anti-syndicale au Québec. Tous les prochains mercredis du mois d’octobre, nous publierons sur le blogue du Journal un billet, reprenant les principaux thèmes de la brochure. Voici donc le premier billet d’une série de quatre.

La plus forte présence syndicale au Québec qu’ailleurs au Canada fait beaucoup parler. Pour plusieurs, les syndicats en mènent trop large et sont trop puissants. Avec un taux de syndicalisation à 39,9 % en 2012, le Québec fait figure d’exception avec une avance de 8 % sur le reste du Canada.

Ce simple fait suffit à déchaîner les passions. Les préjugés anti-syndicaux sont nombreux (comme ici et ici). Les syndicats seraient inefficaces, nuiraient à l’économie, freineraient la création de richesse en plus de protéger les pommes pourries qui profitent du système. Pourtant, bien peu de données tendent à confirmer ce genre d’affirmation. Évaluons certaines des lignes d’attaque des adversaires des syndicats pour y voir plus clair.

Précarité des jeunes : la faute aux vieux ?

Dans une étude publiée ce mardi, le Conference Board du Canada conclut que « les jeunes travailleurs sont les grands perdants de la montée des inégalités entre les générations depuis 30 ans. » « Le revenu disponible des Canadiens âgés de 50 à 54 ans », montre l’étude, « est aujourd'hui supérieur de 64 % à celui des 25 à 29 ans contre 47 % au milieu des années 1980. » « L’âge plutôt que le sexe est en train de créer un nouveau clivage dans notre société », poursuivent les auteurs de l’étude.

À première vue, ses résultats semblent confirmer la thèse selon laquelle il existe une iniquité intergénérationnelle dans la société canadienne. C’est cette thèse que mettait de l’avant un regroupement de jeunes employés de la Société Radio-Canada la semaine dernière pour dénoncer la précarité de leur situation :

« Deux castes finissent par émerger. Les employés permanents qui se sont battus pour obtenir leurs droits, certes. Et moi, nous, les précaires, leurs enfants, encore et toujours sur le bord de la route.

Je ne suis pas seul dans cette galère. Fonction publique, éducation, santé… les rouages du transfert de génération se grippent, le mal-emploi ronge la jeunesse québécoise. L'attrition et les gels d'embauche forment notre horizon. »

Quand la négociation va, tout va. Sinon…

Les riches s’enrichissent plus vite que le reste de la population ce qui explique l’écart croissant entre les plus riches et les plus pauvres. Ça, on le sait. Des études nous démontrent le fossé encore et encore. Mais pourquoi s’enrichissent-ils aux dépens des autres? La dernière étude de l’IRIS, réalisée par le chercheur-associé Paul-André Lapointe, offre des éléments de réponse. En gros, l’affaiblissement des syndicats a mené à une perte du pouvoir de négociation des travailleuses et des travailleurs, limitant leur capacité à profiter des gains en productivité. Et si on n’arrive plus à avoir de rapport de force, on n’arrive plus non plus à négocier des conditions de travail avantageuses ou qui permettent que les revenus suivent les gains en productivité.

Piqués par Piketty

Décidément, les thèses de l’économiste français Thomas Piketty dans son livre à succès Le capital au XXIe siècle dérangent bien des gens. Plus fondamentalement, ce sont ses recommandations préconisant de taxer davantage la richesse qui agacent. Après le Financial Times britannique qui s’est appliqué à relever des erreurs de calcul dans une œuvre que tous acclament comme une contribution importante en matière de documentation sur les fortunes, et dont les bases de données servent désormais à l’OCDE, voici qu’une nouvelle offensive se déploie dans les médias pour semer le doute dans les esprits. Après le professeur Herbert Grubel, fellow de l’Institut Fraser, (La Presse du 21 juin), c’est au tour du professeur Pierre Chaigneau, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal (Le Devoir du 18 juillet) d’y aller de ses critiques.

Contrairement à Piketty, dont l’une des thèses principales est que la richesse se concentre chez les déjà-riches parce que le taux de rendement du capital est systématiquement supérieur au taux de croissance de l’économie, les auteurs évoquent toutes sortes de phénomènes.

Walmart : entre deux fermetures abusives, une bonne nouvelle?

Le 2 février 2005, le Walmart de Jonquière fermait ses portes. Pas assez lucratif ont dit ses propriétaires. Éviter une convention collective? Mais non, ce n’est qu’un hasard que le magasin ferme tout juste après qu’un arbitre soit nommé par le gouvernement à la suite de négociations infructueuses. Et de toute manière, une entreprise peut bien fermer pour les raisons qu’elle veut, quand elle le veut et n’a pas à se justifier. C’est même la Cour suprême qui l’a dit!

Eh bien c’est plus compliqué que ça. Dans la loi québécoise, les entreprises ne peuvent changer unilatéralement les conditions de travail entre la période d’accréditation du syndicat (la reconnaissance que celui-ci représente maintenant les employé·e·s) et la signature de la première convention collective. Mettre à la porte l’ensemble de la force de travail, voilà qui est radicalement changer les conditions de travail…  Et encore une fois, c’est la Cour suprême qui l'a dit

La Fête de la St-Jean : c’est le temps de fêter la richesse de nos différences…

Aujourd’hui, c’est le temps de mettre de côté nos différences politiques, d’origine, de statut social et d’être tous des Québécois.e.s. Cependant, demain matin, le retour à la réalité risque d’être plus accentué pour certain.e.s que pour d’autres. Alors que les revenus d’emploi sont relativement égaux pour les francophones, les anglophones et les allophones, pour les autochtones et les immigrant.e.s de première génération qui travaillent, la différence importante de revenus se vit quotidiennement.

Bonne fête aux pères (présents)

Hier c’était la fête des pères. Ceux et celles qui me connaissent bien (ou me lisent régulièrement) savent que je déteste l’expression « bon père de famille », surtout quand on parle de gouvernement. Je veux bien que cela réfère à une expression juridique, mais celle-ci est démodée et renforce une image de paternité limitée et réductrice. Contrairement à ce que certains sites web semblent prétendre, il n’y a pas qu’une seule manière d’être père, soit d’être un homme stéréotypé, conjoint d’une femme stéréotypée. Les familles sont plutôt de diverses formes, les pères tenant des rôles différents selon les cas.