SAQ : un arrière-goût de précarité

Ces dernières semaines, vous avez certainement pu apercevoir les portes des succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) tapissées d’autocollants « On veut une bonne convention ». En effet, le SEMB-SAQ, le syndicat représentant les employés de la SAQ, est actuellement en négociation collective avec la direction de la société d’État québécoise, puisque sa convention collective est échue depuis le 31 mars 2017. Les négociations semblent relativement difficiles si l’on en croit la nouvelle affolante selon laquelle il y aurait eu menace de grève planant sur la fin de semaine de la Saint-Jean. Beaucoup d’incompréhension entoure cependant ce conflit de travail, qui implique des employés qui sont parfois dépeints comme des privilégiés au regard des salaires qu’ils touchent. Or, comme la SAQ est une entreprise publique, il est opportun de s’intéresser au conflit qui se déroule sous nos yeux.

Parlons grève

Quand on entend parler de grève, il n’est pas rare que les dents se mettent à grincer. Alors que les étudiant·e·s ont été relégués au « boycott », pour les autres, on n’hésite pas à parler carrément de « prise d’otage ». Alors que les employé·e·s de l’hôtellerie étaient en grève hier à Montréal et à Québec, j’ai envie de revenir un peu sur ce qu’est, pour vrai, une grève, et les vraies victimes de sa mise en œuvre.

 

Manque à gagner de 6 000 $ par année pour les travailleuses et travailleurs

productivite

On nous dit souvent qu’il faut créer de la richesse avant de la distribuer. Annoncé comme cela, ça semble être une évidence. On peut cependant se demander si la richesse qu’on crée est effectivement distribuée en fin de compte. C’est à cette question que l’IRIS a voulu répondre dans une note publiée dernièrement.

L’IRIS a comparé l’évolution de la productivité du travail (mesurée par le produit intérieur brut –PIB- par heure travaillée) et la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs (salaires et avantages sociaux) entre 1981 et 2010 au Québec. Alors que la productivité a augmenté de plus de 30% pendant cette période, la rémunération des salarié.e.s n’a, elle, augmenté que de 15%, soit la moitié moins. En dollars de 2010, si la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs avait suivi le rythme de la productivité, elle aurait progressé en moyenne de 22$ à 29$ entre 1981 et 2010, alors qu’elle est seulement passée à 26$. Pour une personne travaillant 40 heures par semaine pendant 50 semaines, l’écart équivaut à 6 000$.

Les joueurs autonomes dans la LNH : dysfonction du marché

Joueurs autonomes

Le 5 juillet dernier s’ouvrait le marché des joueurs autonomes dans la Ligue nationale de hockey (LNH). À cette occasion, un déluge de signatures de contrat a déferlé sur la Ligue. En incluant les quelques jours qui ont précédé l’ouverture officielle du marché, 617,6 millions $ furent consentis à des joueurs autonomes (ou sur le point de l’être) entre le 2 et le 16 juillet, dont 398,8 millions $ pour la seule journée du 5 juillet. À ce montant astronomique, il faut ajouter les centaines de millions qui seront dépensés dans les prochaines années pour de coûteux rachats de contrats dont bénéficient certains joueurs surévalués (un exemple connu ici). L’ampleur des sommes engagées donne le tournis, mais révèle par la même occasion quelques dysfonctions du libre-marché qui méritent d’être soulevées.

La répartition des ressources

En théorie, le libre-marché est le système de répartition des ressources le plus efficace. Pas besoin de représentation globale du monde, d’évaluation générale des besoins et des ressources ou encore de plan complexe visant à donner à chacun sa juste part. Le marché, qui permet la rencontre d’agents économiques supposés libres et rationnels, permettrait alors à chacun de vendre et d’acheter selon ses besoins, ses désirs et ses moyens. Ce système est réputé plus efficace parce que, en théorie toujours, les agents directement impliqués dans une transaction seraient plus à même d’évaluer le bien-fondé d’un choix économique qu’une tierce instance (l’État par exemple).