L’aveuglement volontaire de Carlos Leitão

On apprenait la semaine dernière que le déficit du gouvernement du Québec s’était élevé à 675 millions de dollars pour le premier trimestre de l’exercice financier en cours. Rappelons-nous que le budget déposé en avril prévoit l’atteinte de l’équilibre budgétaire, soit l’absence de déficit pour l’année 2015-2016. Le resserrement volontaire des dépenses (la fameuse « rigueur budgétaire » tant vantée par le gouvernement Couillard) n’a donc pas suffi à compenser le fait qu’entre avril et juin, les revenus autonomes du gouvernement n’ont augmenté que de 3,8%, plutôt que les 5,1% initialement prévus.

Le choix de l’austérité

Au printemps 2013, nous avons publié une étude portant sur la trajectoire de l'économie canadienne et québécoise depuis la crise de 2008. Ce soir, je participerai à une émission spéciale de deux heures sur RDI animé par Anne-Marie Dussault et Gérald Fillion où nous débatterons de l’austérité. Pour l’occasion, j’ai décidé de mettre à jour les données de cette étude pour voir comment avait évoluée la situation.

La stagnation permanente : Krugman contre Gordon

stagnation

On s'inquiète de plus en plus de la forte baisse de la croissance économique des dernières années. Par exemple, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soulignait récemment les conséquences tragiques de cette absence de croissance notamment sur l'augmentation du chômage de longue durée. En plus, on commence à se demander si cette situation ne perdurera pas.

Le Centre for Economic Policy Research (CEPR), centre londonien de recherche en politique économique, a justement diffusé récemment un livre gratuit sur Internet portant sur ce sujet, livre intitulé Secular Stagnation: Facts, Causes and Cures (La stagnation permanente, les faits, les causes et les solutions). Ce livre regroupe 14 textes écrits par des économistes de renom. J'ai lu environ la moitié de ces textes (malgré des différences de points de vue, cela devient répétitif…) et en présenterai deux dans ce billet, car ce sont ceux qui représentent, selon moi, le mieux les divergences de points de vue.

Le Saint Graal

Il ne passe presque plus une journée sans que l’on nous rappelle combien l’économie est dans un piètre état. La semaine dernière c’était au tour de l’ONU de s’inquiéter de la lenteur avec laquelle l’économie mondiale et surtout les pays occidentaux retrouve le chemin de la croissance. Dans un rapport de la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement, l’organisation internationale enjoint les gouvernements d’adopter des mesures pour favoriser la demande (la consommation) et l’activité productive (les investissements des entreprises) et non d’alimenter des bulles spéculatives en favorisant la liquidité sur les marchés financiers. Les conséquences sociales de la morosité actuelle, tel que la hausse inquiétante du chômage de longue durée en Europe, expliquent cette « nostalgie de la croissance ». Les signes d’une reprise économique se font aussi rares au Québec. Tout indique en fait que nous traversons une période de stagnation économique, que viennent renforcer les politiques d’austérité du gouvernement provincial. Ceci se reflète par exemple dans la situation de l’emploi, qui est au beau fixe depuis 2012.

L’heure est au décrochage

VictorVPhonograph

Qu’il s’agisse de rigueur budgétaire ou d’austérité, nous savons quelle direction entend prendre le gouvernement de Philippe Couillard dans les prochains mois.

Certain.e.s, l’IRIS notamment, sont d’avis qu’il s’agit d’un très mauvais choix de politique publique. Tel que nous l’anticipions il y a un an, la résorption trop hâtive du déficit budgétaire a nui à la relance économique, amenuisant ainsi les recettes de l’État et contribuant au maintien d’un déficit.

D’autres s’époumonent à faire écho aux nombreuses remises en question des politiques d’austérité qui nous viennent d’Europe et d’ailleurs. Le FMI, l’OCDE, la Commission européenne, les États-Unis ont tous remarqué que l’austérité apparaît comme contre-productive. Les plus dogmatiques des néolibéraux insistent pour garder le cap, mais ces institutions s'effraient de l'instabilité que pourrait générer l’accentuation des conséquences socio-économiques de ces politiques.