Mise à jour économique: Prestidigitation de haut calibre

Ça y est. On a maintenant tous les détails de la mise à jour budgétaire du gouvernement Couillard. On dit, sur toutes les tribunes, en lettres majuscules et avec des couleurs flamboyantes, que le gouvernement réinvestit enfin dans les services publics. En tout, 2,2 G$ de plus répartis en santé, en éducation, en infrastructures et en soutien régional. Par contre, à être trop enthousiaste, on manquera les notes de bas de page, écrites toutes petites, à l’encre presque invisible à en croire la couverture médiatique. D’une part, c’est beaucoup moins qui sera investi dans nos services, mais surtout, c’est énormément plus qu’on cache par un jeu de main astucieux.

 

L’aveuglement volontaire de Carlos Leitão

On apprenait la semaine dernière que le déficit du gouvernement du Québec s’était élevé à 675 millions de dollars pour le premier trimestre de l’exercice financier en cours. Rappelons-nous que le budget déposé en avril prévoit l’atteinte de l’équilibre budgétaire, soit l’absence de déficit pour l’année 2015-2016. Le resserrement volontaire des dépenses (la fameuse « rigueur budgétaire » tant vantée par le gouvernement Couillard) n’a donc pas suffi à compenser le fait qu’entre avril et juin, les revenus autonomes du gouvernement n’ont augmenté que de 3,8%, plutôt que les 5,1% initialement prévus.

Budget 2015 : L’austérité silencieuse annonce la suite du plan néolibéral

Pour tout vous dire, il n’y a aucune annonce dans le budget 2015-2016 du gouvernement du Québec. Tout ce qui compte avait été annoncé dans le budget précédent : des compressions que le gouvernement évalue à une hauteur de 5,5 G$. Si tout va selon les intentions du gouvernement : les employés du secteur public n’auront pas de hausse salariale, des emplois seront coupés, les services seront compressés, on continuera d’imposer un pacte fiscal aux municipalités… Toutes des mauvaises idées déjà annoncées (que notre collègue Minh Nguyen a compilé dans ce document).

Mise à jour économique : le premier acte s’achève

Carlos Leitão a retrouvé le sourire, le premier acte s’achève. Dans la logique de la politique purement calculatrice et centrée sur le pouvoir qui domine l’espace publique aujourd’hui – et dont je parlais ici –, on peut repérer trois actes classiques. Le premier est celui de l’action contre la catastrophe causée par le gouvernement précédent. Cet acte s’est échelonné sur les huit premiers mois du gouvernement libéral. Le catastrophisme du rapport Godbout-Montmarquette a ouvert le rideau prématurément tôt. Ensuite sont venus le premier budget Leitão, les mesures sur les garderies, le rapport Robillard et, enfin, les annonces de M. Coiteux. La mise à jour économique d’hier ouvre la période de transition entre le premier et le deuxième acte, celui qu’on pourrait nommer la fanfaronnade rassurante. M. Leitão disait en gros hier : c’est fait, le pire est passé, nous atteindrons nos objectifs. Le message se décompose en deux énoncés : le premier (le pire est passé) concerne la population et le deuxième (nous atteindrons nos objectifs) prétend s’adresser aux investisseurs et aux agences de notation. Il faut s’habituer, ces message seront au cœur de la stratégie de communication du gouvernement pendant la prochaine année et demi… si tout va bien.