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Les résultats du PISA : L’Asie et la Finlande, que faut-il comprendre?

12 Décembre 2013


Les résultats du PISA 2012 ont été dévoilés la semaine dernière par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le Program for International Student Assessment (PISA), ce test qui évalue les aptitudes académiques de jeunes de 15 ans en sciences, mathématiques et lecture dans 65 économies et pays, révèle une réalité bien différente que celle mise de l’avant par les PISA des années précédentes. En effet, si les résultats de 2000 et 2006 dévoilaient un partage des meilleurs scores entre pays européens et asiatiques (ainsi que le Canada), les résultats de 2012 exposent une ascension fulgurante des pays et économies asiatiques qui s’emparent des sept premières places, sans équivoque. La Finlande et le Canada ne sont pas loin derrière (12 et 13ème positions respectivement), tout deux ayant été des pays dominants en 2000 et 2006.

Peut-on se surprendre de ce phénomène? Pas vraiment. En Finlande, bon nombre d’enseignant.e.s et de chercheur.e.s du milieu de l’éducation avaient prédit ces résultats, sans s’en inquiéter pour autant. Une baisse dans le classement était inévitable, disait-on, car le pays est au sommet. D’ailleurs, on connaissait bien l’intention des économies asiatiques de s’emparer de la tête du classement, ce qu’elles ont réalisé sans problème. On doit dire « économie » et non « pays », car certains pays sont en fait représentés par des régions économiques. Ainsi, la Chine dans son ensemble n’est pas présente dans le classement, mais Shanghai, Hong Kong et Macao apparaissent toutes les trois dans le haut du classement. Taipei s’y trouve aussi, mais pas Taiwan. La question se pose donc : quelle aurait été la performance de la Chine si l’échantillon d’étudiant.e.s avait été sélectionné au sein de l’ensemble de la population, et non au sein de ses grandes régions économiques?

Finlande : Résultats décevant?

Si le système d’éducation finlandais avait éveillé la curiosité du milieu de l’éducation à travers le monde en raison de ses positions dans les derniers résultats du PISA, le pays n’avait jamais eu comme objectif de se classer ainsi, et n’avait donc pas non plus comme objectif de rester au sommet. En fait, mis à part d’avoir fait connaître la Finlande et son système d’éducation, la bonne performance du pays n’a pas influencé le fonctionnement du système d’éducation, et encore moins la perception que les Finlandais.e.s ont d’eux-mêmes. Pas très compétitifs de nature, les Finlandais.e.s n’accordent pas trop d’importance aux résultats du PISA, bons ou mauvais. Qu’est-ce que cette 12ème position au classement général de 2012 changera au niveau du ministère de l’Éducation? Peut-être que son secrétariat des relations internationales, accueillant annuellement une centaine de délégation ministérielle de divers pays désirant en connaître plus sur le système d’éducation finlandais, connaitra un répit. La seule chose qui inquiète les spécialistes finlandais de l’éducation, ce sont les résultats en science, ces derniers étant inférieurs à ceux des années précédentes.

Au cœur des valeurs d’égalité

Si la Finlande se démarque dans le test au sein des pays européens par sa position enviable dans le classement, son système d’éducation se démarque du reste du monde par l’idéologie profonde d’égalité qui définie la base même de son fonctionnement. En effet, depuis les années 1970, la Finlande a amorcé une série de réformes qui entraineront les résultats qu’on connait aujourd’hui. L’idée de la première réforme? Prodiguer une éducation de qualité à l’ensemble de la population. C’est à ce moment que des écoles furent construites dans les coins les plus reculés du pays et que la formation d’enseignant.e s’est vue allongée jusqu’à la maîtrise.

Aujourd’hui, les élèves du primaire sont encadrés de manière très particulière. Les écoles possèdent toutes sortes de ressources matérielles pour encourager le développement créatif, artistique et intellectuel de l’élève. On est loin des simples pupitres et de la leçon magistrale.  L’atelier de construction muni d’une panoplie d’outils et la salle de musique équipée d’une grande variété d’instruments feraient l’envie de tous les CEGEP. Les classes, quant à elles, sont composées d’environ 15 à 25 élèves, d’un enseignant.e et d’un ou deux assistant.e.s, dépendamment du besoin de l’enseignant.e à ce niveau. Le concept des assistant.e.s, inexistant au Québec, est basé sur le principe que chaque élève doit recevoir l’aide et l’assistance qui lui est nécessaire. Ils ne sont là que pour les élèves.

La situation des enseignant.e.s en Finlande ferait également l’envie de tous les enseignant.e.s, toute nation confondue. Elles et ils sont considérés comme les experts de l’éducation. Ils sont très respectés dans la société et leur salaire est compétitif. Le programme universitaire menant à cet emploi est d’ailleurs très contingenté; seulement 10% des étudiant.e.s qui y appliquent sont retenus. Le milieu de travail est également très différent. Ce qui particularise le système finlandais, c’est la confiance que l’on porte aux enseignant.e.s. En effet, ces derniers ne sont jamais évalués. En fait, le rôle d’inspecteur d’école a disparu dans les années 1980. Les enseignant.e.s jouent un rôle majeur dans l’école où ils évoluent, pouvant proposer des projets (souvent en collaboration avec la directrice ou le directeur et les parents), déterminer la méthode d’enseignement appropriée, etc.

Petit fait intéressant : parmi les 200 membres du parlement, 27 étaient enseignant.e.s auparavant.

La grande leçon à retirer de la Finlande, c’est qu’elle a bâti son système d’éducation de manière à permettre un meilleur développement égalitaire de sa société, non pas pour trôner au sommet du PISA. Bien que ce dernier est un bon indicateur, il doit être considéré comme tel, et non pas comme un objectif. Sinon, on passe à côté de l’objectif réel.

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