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Budget fédéral : faut-il précipiter le retour au déficit zéro?

5 février 2014

  • Guillaume Hébert

La poursuite de l’équilibre budgétaire peut être contreproductive lorsqu’elle devient obsessive. Comme au Québec, la date du retour au déficit zéro fait l’objet de spéculations à Ottawa. Lorsque l’attention du public y est portée, on oublie de considérer le coût socio-économique de cette lutte acharnée au déficit. Le budget alternatif du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) est là pour nous le rappeler et nous offrir d’autres avenues pour la gestion des finances publiques.

Le budget 2014-2015 du gouvernement Harper sera déposé la semaine prochaine. On s’attend à un budget déficitaire et à l’annonce d’un retour à l’équilibre pour le prochain exercice, celui de 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, le gouvernement applique des compressions budgétaires depuis plusieurs années. En faisant le choix de l’austérité, le gouvernement a contribué à assécher l’économie en sacrifiant au passage non seulement des citoyen-ne-s qui ont besoin de services, mais aussi ceux et celles qui veulent travailler.

Ainsi, parmi toutes les personnes qui ont cessé d’être au chômage depuis septembre 2009, une seule sur cinq a trouvé un travail. Les quatre autres ont tout simplement abandonné leur recherche d’emploi. Pour eux, l’État canadien aurait pu faire bien davantage. Or, nous savons qu’il a préféré contenir les investissements publics et baisser l’impôt des entreprises fédérales pour générer un investissement privé… qui n’est jamais venu. Le Canada, comme les autres pays occidentaux, traverse désormais une période qui prend de plus en plus les allures d’une stagnation prolongée.

Pour sa part, le CCPA fait les choix inverses pour parvenir au même équilibre budgétaire, quitte à attendre une année de plus.

Puisque devant un tel ralentissement, le gouvernement doit protéger les plus vulnérables et ce n’est pas le choix que font les conservateurs. Si l’on appliquait les mesures du budget alternatif du CCPA, la pauvreté des personnes âgées chuterait de 46% et celle des enfants de 26%. On modulerait également les impôts afin de les rendre plus progressifs et ainsi combattre les inégalités qui s’accroissent. Là aussi, le ministre Flaherty fait l’inverse alors qu’il s’apprête à autoriser un nouveau « fractionnement des revenus » qui  servira majoritairement aux mieux nantis.

L’approche conservatrice des finances publiques, c’est aussi une façon de faire qui a considérablement accéléré l’augmentation des dépenses en politiques sécuritaires (l’IRIS publiait une note socio-économique à ce sujet hier). Sans ces milliards que nous avons inutilement investis dans l’achat de F-35 (qui ne nous servent pas à combattre grand-chose) ou dans la construction de prisons (alors que la criminalité diminue), le budget serait déjà rééquilibré.

La mise en œuvre du budget fédéral alternatif permettrait donc non seulement de renouer avec une meilleure justice sociale et fiscale, elle aurait aussi un impact favorable sur l’économie. Il est là, il est prêt, tout ce qu’il faut, c’est un ministre des Finances qui voudrait l’appliquer.

Il est bien certain qu’un budget annuel ne permet pas de répondre à tous les défis que posent le capitalisme contemporain, celui de l’Après-crise. Cependant, la bonne vieille recette keynésienne permet de rompre avec l’inaction actuelle, de protéger les populations et ainsi forger les outils qui nous permettront de faire bien davantage.

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