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COMMUNIQUÉ | La stricte couverture des besoins de base n’est pas viable sur le plan écologique

18 mai 2023


Montréal, le 18 mai 2023 – Au Québec, la réduction de la consommation individuelle est insuffisante pour contrer la crise écologique. Tel est le constat que fait l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans une étude publiée aujourd’hui qui montre que la simple couverture des besoins de base n’est pas viable sur le plan environnemental. 

Réduction de la consommation: une réponse insuffisante à la crise écologique

En 2022, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) recommandait une diminution et une transformation mondiale de la demande afin de limiter le réchauffement climatique et la perturbation des écosystèmes. La note publiée aujourd’hui démontre que même si les ménages québécois réduisaient drastiquement leur consommation et se limitaient à répondre à leurs besoins de base,  leur mode de vie aurait encore des conséquences néfastes sur l’environnement. « Si on ne peut demander aux individus de vivre modestement pour réduire leur impact environnemental, c’est alors la manière dont nous produisons les biens et services nécessaires à notre notre vie qui doit changer drastiquement », constate Colin Pratte, chercheur à l’IRIS et co-auteur de la note.

Deux fois trop de ressources naturelles pour répondre aux besoins de bases au Québec

Le calcul de l’empreinte matérielle par habitant vise à mesurer la somme des ressources impliquées dans la production et la consommation d’un bien ou d’un service. En reproduisant une méthodologie développée par des chercheurs européens, nous avons estimé qu’il fallait entre 16 et 19 tonnes de ressources naturelles par année pour couvrir ses besoins de base au Québec. Une telle quantité de matière représente le double du seuil maximal suggéré par la littérature scientifique pour une consommation individuelle durable. 

« Il faut élargir la compréhension de la crise écologique au-delà de la question du réchauffement climatique et prendre en compte la perte de biodiversité, la destruction des habitats, la perturbation des sols et des cycles hydriques. C’est ce que nous permet de faire le calcul de l’empreinte matérielle, contrairement à l’empreinte carbone », explique Krystof Beaucaire, chercheur associé à l’IRIS et co-auteur de la note. 

Réalisée pour la première fois au Québec, cette analyse met en lumière l’ampleur du travail à accomplir pour atteindre une économie viable sur le plan écologique. « Les instances politiques et statistiques canadiennes et québécoises devraient s’inspirer de ce qui se fait dans l’Union européenne et développer des outils de mesure  facilitant l’adoption de politiques de transition écologique éclairées », estime Colin Pratte. 

Économie durable: attention aux fausses solutions

L’analyse de l’empreinte matérielle des biens de consommation permet de constater que l’électrification des transports sur laquelle mise un grand nombre de gouvernements ne constitue pas une réelle solution à la crise écologique. En effet, l’empreinte matérielle d’une voiture électrique est environ trois fois plus grande que celle d’un véhicule à combustion interne en raison de la croissance de l’extraction minière requise pour obtenir les métaux composant les véhicules électriques. 

« Il ne faut pas simplement consommer moins, il faut produire mieux. L’adoption de méthodes agricoles régénératrices, l’accroissement de l’efficacité énergétique des bâtiments et l’augmentation de la longévité des biens constituent d’excellents exemples de mesures pouvant diminuer considérablement l’empreinte matérielle des ménages », rappelle Krystof Beaucaire.

Pour lire la note: https://bit.ly/empreinte-materielle