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Transport : un changement de cap qui se fait toujours attendre

28 octobre 2015

  • Julia Posca

À l’approche de l’hiver, les cyclistes qui préfèrent ne pas affronter le froid et la neige à deux roues – soit une majorité des adeptes de ce mode de transport – se préparent à remiser leur vélo en attendant le retour des températures clémentes. Dommage, puisqu’en plus du plaisir lié à cette pratique, des travaux récents du groupe de recherche Transportation Research At McGill (TRAM) montrent que les personnes qui se rendent au travail ou à l’école à vélo sont plus énergiques et moins en retard, donc plus productives, que celles qui optent pour les transports en commun ou la voiture. « Les gens sont très sensibles au temps, aux délais et aux imprévus. Les chantiers, les accidents ou les gros camions qui bloquent le chemin causent du stress et affectent beaucoup le niveau d’énergie », a expliqué une des co-signataires de l’étude à TVA.

Les usagers et usagères du réseau routier du grand Montréal se reconnaîtront aisément dans ce portrait, puisque tant l’achalandage et les travaux qui alourdissent le trafic que l’insuffisance de l’offre de transport en commun, de même que son caractère trop souvent erratique, rendent les déplacements dans la métropole fastidieux. Selon le classement de la firme TomTom, Montréal était en 2014 la 4e ville la plus congestionnée au Canada, avec un taux de congestion de 27 % (ce qui représente la proportion supplémentaire de temps nécessaire pour réaliser un trajet en heure de pointe). La congestion routière équivalait, si tant est que l’on se préoccupe de l’efficacité de notre économie, à des pertes en 2008 de l’ordre de 5,17 milliards de dollars au Canada et de 1,27 milliards au Québec.

On peut déplorer, dans ce contexte, la lenteur avec laquelle le transport collectif est développé dans une ville de l’importance de Montréal. On apprenait par exemple il y a quelques jours que le service rapide par bus prévu sur le boulevard Pie-IX, qui doit s’étendre de la rue Charleroi à Montréal-Nord à l’avenue Pierre-de-Coubertin dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, ne verra pas le jour avant 2022, alors qu’il s’agit d’une des artères les plus achalandées de la région. Pendant ce temps, la faiblesse des prix du pétrole – qui ont reculé encore une fois en ce début de semaine – semble encourager l’achat de voitures plus énergivores, contribuant ainsi à l’augmentation de la pollution atmosphérique causée par le secteur du transport. Pas moins de 44,4 % des émissions de gaz à effet de serre produites au Québec en 2011 étaient attribuables à ce secteur (transports de personnes et de marchandises confondus).

Dans ce contexte, la promesse du Parti libéral du Canada d’injecter 20 milliards de dollars de plus dans les infrastructures de transport collectif au pays dans la prochaine décennie est intéressante, mais est-elle à la hauteur des défis urbanistiques et écologiques auxquels nous sommes confrontés? À l’heure où des chercheurs étudient la possibilité d’intégrer au réseau de transport collectif des voitures « autonomes », c’est-à-dire sans conducteur, on a surtout l’impression que les avancées technologiques progressent plus rapidement que la volonté politique nécessaire afin de réduire, une fois pour toutes, notre dépendance au modèle de l’auto-solo et, bien sûr, aux énergies fossiles.

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