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L’État n’est pas une famille

27 février 2015


Le président du Conseil du trésor affirmait récemment à la radio que bien qu’une famille et un État aient des différences de taille, le budget de l’un et de l’autre doit être compris de la même façon. Un tel propos venant de la bouche de quelqu’un qui a enseigné l’économie est hautement surprenant. Quand cette même personne a d’importantes responsabilités politiques, ces mots deviennent carrément irresponsables.

Bien sûr, le budget de l’État a une colonne de dépenses et une de revenus, comme celui de toute famille. Mais comme le sait M. Coiteux, la ressemblance s’arrête ici. Voyons pourquoi.

L’État a un contrôle sur la masse monétaire en circulation. Si une famille tente d’imprimer de l’argent pour faire la même chose, elle aura des problèmes avec la justice. Mettre de l’argent en circulation est un jeu complexe et risqué, mais qui peut avoir d’importantes conséquences sur le niveau d’endettement d’un pays. Le Québec n’a pas ce pouvoir (d’aucuns ajouteront: pour l’instant), mais l’État canadien oui, par l’entremise de la Banque centrale.

L’État peut voir son revenu accroitre à cause de certaines dépenses. Acheter un panier d’épicerie ne fera jamais augmenter votre revenu. Quand l’État investit, il crée de l’emploi et offre des contrats. Il s’ensuit une stimulation économique qui peut augmenter ses revenus d’imposition. À l’inverse, et le gouvernement du Québec en fait l’expérience douloureuse ces dernières années, quand l’État contraint ses dépenses, il peut voir ses revenus être plus bas qu’il ne le prévoyait.

L’État peut s’endetter face à sa propre population. Une part des intérêts que le gouvernement verse sur sa dette sert à financer nos régimes de retraite. Si vous versiez les intérêts de votre dette aux membres de votre famille, est-ce que cela changerait votre perspective en matière d’endettement? Disons simplement que ça n’aurait pas le même impact que de verser 19% de vos dépenses à une banque pour votre carte de crédit.

L’État établit son niveau de revenu selon sa propre volonté. Si vous pouviez non seulement établir votre salaire vous-mêmes et que vous pouviez mettre votre employeur en prison s’il ne vous le versait pas, la situation serait-elle différente? En fixant lui-même le niveau des impôts et en ayant le contrôle sur la rédaction des lois et des services de police, c’est précisément ce que l’État peut faire.

L’État n’a pas une espérance de vie de 80 ans. Si vous deviez penser le budget de votre ménage en considérant qu’il sera encore présent dans deux siècles, votre regard changerait-il? Peut-être que l’inflation, l’endettement et l’achat d’infrastructures vous apparaitrait sous un autre jour.

Tout ceci ne signifie pas que l’État agisse dans un monde sans contraintes. Trop imposer ou imprimer trop d’argent a des conséquences qui peuvent être néfastes pour les États, c’est une évidence. Cependant, les enjeux auxquels sont confrontés les États et les ménages sont profondément différents et, au final, incomparables. Il est risible de défendre le contraire.

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