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La SAQ, pas plus « caviste » qu’un autre…

7 décembre 2023

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Dans une décision qui a fait couler beaucoup d’encre, la Régie des alcools des courses et des jeux a jugé que Boires, un établissement de Montréal, n’était pas un restaurant qui vendait parfois du vin, mais bien un vendeur de vin qui offrait, accessoirement, des produits alimentaires. On peut s’entendre avec la régie que Boires étirait l’élastique en permettant l’achat d’une caisse de vin à l’achat d’un sac de maïs soufflé. On peut aussi trouver que la sentence est sévère et qu’on aurait pu intimer Boires à avoir des pratiques qui respectent l’esprit de la loi, comme le font plusieurs restaurants.

Cela dit, le problème qui aura été éludé dans ce débat, c’est le rôle même du monopole public que la régie protège par cette intervention. Que fait la Société des alcools (SAQ) devant les nouvelles tendances de consommation qui expliquent la demande, dans certaines villes, d’une vente de vin plus spécialisée?

Viable, des cavistes privés partout au Québec?

Dans une étude rédigée l’an dernier, nous avons tenté de voir s’il y avait bel et bien un marché au Québec pour la création de petites boutiques de cavistes privés, sans vente de nourriture, que certains proposent de mettre sur pied. Selon ses promoteurs, cette option permettrait de créer une offre de vin plus variée et dynamique qui comblerait une nouvelle demande dans le monde du vin pour des produits issus de petits producteurs. Ces cavistes hypothétiques se démarqueraient en offrant un service à la clientèle personnalisé et une grande connaissance des produits.

Notre conclusion n’étonnera personne. Selon les scénarios que nous avons évalués, seules Montréal, Québec, la Montérégie et l’Outaouais remplissent les conditions nécessaires pour que des cavistes privés qui se concentrent uniquement sur la vente de vin puissent s’y établir et prospérer. Briser le monopole public pour répondre à cette demande n’aurait ainsi que peu de bénéfices pour la majorité des régions du Québec. Et si on devait refaire l’étude aujourd’hui, on peut, sans craindre de se tromper, dire que la viabilité économique de ce type de magasins serait encore plus fragile étant donné la forte inflation des derniers mois et ses conséquences pour les petites entreprises.

Une nouvelle offre au sein du modèle de la SAQ

Une solution beaucoup plus simple et qui pourrait être implantée dans toutes les régions à des degrés variés, c’est d’incorporer une approche « caviste » à l’offre de service de la SAQ. On peut aisément imaginer une section réservée à cette approche dans les succursales, où des conseillers spécialement formés auraient été dotés de plus d’autonomie pour développer une offre spécialisée. L’intégration de ces nouveaux conseillers-cavistes dans les processus de sélection et d’achat des produits et leur engagement dans la transmission de leur passion pour ces produits à leurs clients et clientes seraient essentiels pour le succès d’un tel projet.

La SAQ a tout ce qu’il faut pour répondre à ce défi : des succursales partout au Québec, une expertise interne indéniable et un réseau de distribution efficace. Tout ce qui lui manque, c’est la volonté de répondre à cette demande. Par le passé, la SAQ a su s’adapter à l’évolution des goûts de la population québécoise. Au lieu de se concentrer sur la croissance de son offre en ligne pour réduire ses coûts, la société d’État adopterait une approche plus prometteuse en innovant pour se donner un petit côté caviste qui ramènera en son sein les passionnés du vin.

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1 comment

  1. Il y a des problèmes beaucoup plus cruciaux à régler au Québec aujourd’hui. Ceci ne touche qu’une frange très privilégiée de la société québécoise!

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