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Alain Dubuc et l’analyse sélective

3 Décembre 2015


Alain Dubuc, dans sa chronique du mardi 1er décembre, prend la défense du gouvernement québécois en minimisant l’ampleur des compressions budgétaires imposées par le gouvernement Couillard depuis son élection en 2014. Ce programme d’austérité n’en serait en réalité pas un, nous dit-il, puisque les dépenses de programmes du secteur public par rapport au PIB nominal seraient aujourd’hui plus hautes qu’avant la crise économique de 2008.

Parler d’austérité serait alors un abus de langage visant à pousser un agenda idéologique de gauche dans la sphère publique. Alain Dubuc avance ainsi qu’« avec les compressions que nous avons, on ne fait pas fondre l’État, on le ramène à un niveau qui, pendant des années et des années, nous paraissait normal. »

Toutefois, en regardant de plus près les données fournies par Statistique Canada, cette période de référence où ce niveau arbitraire de dépenses publiques par rapport au PIB pouvait paraître « normal » n’est pas si étendue. Dans le graphique qui suit, nous voyons bien que ce n’est que depuis le début des années 2000 que ce niveau de dépenses est devenu la norme. Durant toutes les années 80, le ratio des dépenses de programme par rapport au PIB se situait plutôt entre 26 % et 28 %, avant qu’on n’assiste à une baisse drastique des dépenses dans la foulée des politiques de déficit zéro de l’ère Bouchard.

Nous voyons en effet que la baisse des dépenses de programmes est moindre que celle engagée dans les années 90, mais il est important de mettre ces données en perspective, ce qu’omet de faire Alain Dubuc. Si nous reprenons les données agglomérées du graphique 1 et que nous y ajoutons le taux de variation annuelle du PIB, nous obtenons le graphique 2, dans lequel nous pouvons constater qu’avant la période de stagnation des dépenses de programmes initiée il y a une quinzaine d’années, la norme était également pour l’État de maintenir, voire d’augmenter ses dépenses en période de ralentissement économique. Nous pouvons voir par le fait même que depuis 2009, les dépenses publiques totales décroissent au même rythme que l’économie dans son ensemble, ce qui aggrave la situation de précarité que vivent les familles au Québec.

La défense des mesures d’austérité à laquelle se livre Alain Dubuc omet également de remettre en question l’orientation nouvelle donnée aux dépenses d’investissement publiques depuis la première élection de Jean Charest en 2003. En effet, nous pouvons voir, à l’aide des deux prochains graphiques, que si l’État québécois semble être à court de moyens pour financer adéquatement ses services publics, il n’a aucune difficulté à augmenter sensiblement ses dépenses d’investissement dans les infrastructures, dont la part dans le budget total de l’État a plus que doublée au cours des trois dernières décennies. Dans un contexte post-Commission Charbonneau, cette donnée a de quoi faire grincer des dents toutes les personnes qui sont affectées de près ou de loin par les mesures d’austérité, qui totalisent plus de 4 milliards.

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