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Regards sur la CAQ: l’obsession de la dette

30 septembre 2011

  • LG
    Louis Gill

Tous les vendredi pour les prochains mois, l’IRIS vous offre sur son blogue une analyse des principales propositions de la Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ) dirigée par François Legault. Aujourd’hui, l’économiste Louis Gill se penche sur les propositions de la CAQ entourant le remboursement de la dette.

Dans son texte sur l’économie, François Legault estime qu’il devient urgent de réduire le poids de la dette au Québec. Il omet de dire que, même si cette dette a été multipliée par un facteur de 1,37 en 11 ans, entre 1998 et 2009, son poids relatif en proportion de la taille de l’économie mesurée par le Produit intérieur brut (PIB) a diminué systématiquement, de neuf points de pourcentage, au cours de cette période.

En raison de la crise mondiale qui a frappé tous les pays, on pouvait s’attendre à ce que ce poids relatif augmente. Il a effectivement augmenté en 2010 et en 2011 (en date du 31 mars), mais de seulement 1,6 point de pourcentage et le gouvernement prévoit qu’il n’aura augmenté en 2013 que de 3,4 points de pourcentage par rapport à son niveau de 2009, ce qui représente une augmentation bien inférieure à ce qui est observé et prévu dans la plupart des pays. On peut juger de la non-gravité de la situation au fait que les obligations du gouvernement du Québec s’écoulent sans aucune difficulté sur les marchés financiers à des taux d’intérêt très bas, entre 3 et 4 % pour des obligations de 10 ans, alors que le taux correspondant dépasse les 20 % en Grèce.

Il en est de même du service de la dette dont le poids dans les dépenses budgétaires est passé de 17 % en 1997-1998 à 10,5 % en 2008-2009. Selon les prévisions du gouvernement, ce poids connaîtra une légère augmentation et passera à 12,2 % en 2012-2013, un niveau qui demeure nettement inférieur à celui de 1997-1998, en dépit de la crise.

En réduisant l’endettement public, nous dit François Legault, on libère des ressources financières pour le financement des missions importantes de l’État. Il omet toutefois de prendre en considération le coût de cette réduction, qui est beaucoup plus élevé que les économies qui en découlent. Si on réduit la dette d’un milliard par année et que le taux d’intérêt sur les emprunts gouvernementaux est de 5 %, on économise 50 millions de frais d’intérêt la première année, 100 millions la deuxième année, 150 la troisième année, 500 millions la dixième année et ainsi de suite. Mais on doit débourser 1 milliard chaque année. Il faut attendre 20 ans pour que l’économie de l’année atteigne 1 milliard, soit le coût annuel du remboursement. Au cours de ces 20 années, l’économie cumulative aura été de 10 milliards, mais le coût cumulatif aura été de 20 milliards. Il faudra 20 autres années pour que l’économie cumulative rejoigne le coût cumulatif qui sera alors de 40 milliards, de sorte qu’après 40 ans, on aura déboursé 40 milliards pour économiser 40 milliards. Beau résultat !

Réduire la dette, soutient enfin François Legault, c’est aussi éviter que les générations montantes aient à en supporter le fardeau. Cette prétention est trompeuse. En privant la génération actuelle de ressources qu’on voudrait destiner à la réduction de la dette sous prétexte d’éviter un conflit entre générations, non seulement on hypothéquerait la génération actuelle, mais on compromettrait tout autant le bien-être des générations futures. Les générations futures auraient en effet à subir un passif beaucoup plus lourd si on n’utilisait pas aujourd’hui toutes les ressources disponibles pour leur léguer la santé, les connaissances et les infrastructures qui seront le fondement incontournable de leur richesse et de leur bien-être.

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