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Les pollueurs qui passent à la caisse

1 mai 2016

  • Bertrand Schepper

Il y a quelques mois j’ai fait un  top 10 des plus grands pollueurs au Québec. Depuis ce billet, les données ont été mises à jour et de nombreuses informations autour des subventions provenant du Fonds vert ont été rendues publiques. Ce qui m’a donné l’envie de vérifier comment avaient évolué ces données.

Je rappelle que les données proviennent des informations publiques provenant du SPEDE et que pour le moment les données comptent uniquement les joueurs industriels et non les producteurs ou revendeurs de carburant comme Gaz Métro et Shell. Ces données seront compilées et vérifiées prochainement, ce qui risque de transformer le palmarès.

Top 10 des plus grands pollueurs industriels en 2015 et leurs subventions provenant du fonds vert

Entreprises

Tm Co2 eq octobre *2015

différences par rapport à 2013

Subvention du fond vert

1

Rio Tinto-Alcan et filiales

4 056 289

90%

0 $

2

ArcelorMittal exploitation minière Canada S.E.N.C.

2 146 338

116%

4 500 000 $

3

Holcim (Canada) inc./ Lafarge Canada inc.

1 413 209

109%

109 001 $

4

Énergie Valero inc.

1 363 024

107%

6 000 000 $

5

Produit Suncor Energie S.E.N.C.

1 180 003

101%

1 700 000 $

6

Aluminerie Alouette inc.

1 131 792

104%

0 $

7

Alcoa et ses filiales

959 545

80%

2 202 894 $

8

Graymont (QC) inc.

829 529

109%

0 $

9

Aluminerie de Bécancour inc.

794 500

N/d

403 238 $

10

Ciment Québec inc.

520 280

105%

0 $

Total

14 394 509

105%

14 915 133 $

Source : http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/changements/carbone/ventes-encheres/liste-etablissements-visesRSPEDE.pdf

On remarquera qu’il y a peu de changement dans ce top 10, il s’agit principalement des grosses entreprises minières, les raffineries, les alumineries et les cimenteries. En fait, depuis 2013, il n’y a qu’une nouvelle entrée dans ce club sélect, il s’agit de l’aluminerie Bécancour. Cela est dû à la fusion des corporations Holcim Canada et Lafarge entre 2014 et 2015. En moyenne, ce top 10 est donc 105 % plus polluant que celui de 2013 en produisant 14 394 509 tonnes eq co2. Cela représente environ 123 G de kilomètres effectués en 4 x 4.

En moyenne la plupart de ces entreprises a connu des hausses de pollution entre 1 et 10 %, sauf Arcelmitor qui a haussé ses émissions de 16 % et Rio-Tinto-Alcan et Alcoa qui ont connu des baisses de 10 % et 20 % respectivement. Par rapport aux données les plus récentes de 2013 (p11), ce top 10 représente 57,6 % des émissions du secteur industriel et 17, 7 % des émissions totales du Québec.

Et l’argent dans tout cela…

Comme on le voit, dans les dernières années, ces 10 entreprises ont collecté près de 15 M$ en subvention provenant du Fonds vert. Plus particulièrement, les compagnies Arcelor Mittal, Valéro et Alcoa ont amassé près de 72 % de ce montant. Cela exclut évidemment les subventions provenant d’autres ministères. Rappelons qu’en 2015, les revenus bruts de ces trois corporations prises individuellement dépassaient les milliards de dollars.

Cela est tout de même étonnant, comment des entreprises qui sont dans les domaines les plus polluants et qui ont des revenus aussi importants peuvent recevoir des fonds destinés à l’environnement ?

C’est là tout le problème de nos politiques environnementales. Plutôt que de pousser des mesures structurantes permettant les créations d’emplois dans des secteurs prometteurs comme l’efficacité énergétique, la gestion de la demande d’énergie ou le transport en commun, nous utilisons les fonds en environnement pour aider les pollueurs à améliorer leurs pratiques.

Cela s’explique, notamment, par l’idée que si on les aide, les entreprises feront mieux. Pour le moment, rien n’est moins sûr. En fait, cela est proprement irréaliste, on se doute bien que ce n’est pas en construisant un nouveau pipeline pour Valero que nous allons réduire les GES sur le territoire. Il serait plus logique de faire appliquer des lois environnementales et de les faire respecter. Malheureusement les politiques d’austérité et de réduction de l’État ont tendance à couper les postes d’inspection plutôt que le contraire.

Préparez-vous donc à continuer de subventionner les pollueurs.

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