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Les baisses d’impôt nous privent déjà de plus de 11 milliards

21 novembre 2017

  • Guillaume Hébert

Le gouvernement Couillard présentera aujourd’hui une mise à jour économique. Selon les informations qui circulent, le ministre des Finances Carlos Leitão annoncera une baisse d’impôt d’un milliard de dollars. Est-ce une bonne idée ? Pour y réfléchir, voyons en un graphique comment évoluent les impôts payés au Québec depuis 2000.

Personne ne sera surpris. Tout est écrit depuis le jour 1 de l’élection de ce gouvernement libéral. Mes collègues et moi avions même décrit pas à pas comment se déroulerait le mandat qui se terminera l’année prochaine (allez relire – ici – la dernière section du texte que nous écrivions au dépôt du budget 2015-2016).

L’IRIS a même produit un petit schéma tout simple qui a beaucoup circulé sur les médias sociaux et qui montre le cercle vicieux dans lequel nous enferme l’électoralisme assez médiocre de la classe politique. Ça rend un peu cynique…

Voyons voir ce que coûte aux services publics ce manège qui aurait dû nous donner le tournis bien avant.

J’ai extrait les données du tableau CANSIM no 111-0026 qui présente, entre autres, les impôts payés dans chacune des provinces canadiennes de 2000 à 2015. Puis j’ai calculé la part d’impôts payés par la population à partir des revenus agrégés de cette population.

On voit le résultat dans ce graphique :

Part d’impôts (provincial et fédéral) payés par les déclarants en fonction des revenus totaux des particuliers, Québec, 2000-2015

Source : CANSIM 111-0026, calculs de l’auteur.

Ainsi, l’impôt payé au gouvernement québécois (en bleu) en proportion des revenus totaux de la population est passé de 11,6% à 9,7%. Combiné à l’impôt fédéral (en orange) payé au Québec, le pourcentage passe de 21,7% à 17,6%.

Et si on payait aujourd’hui le même niveau d’impôt qu’en 2000, quelle serait la différence dans le budget québécois ?

La réponse : il y aurait 5,1 milliards de dollars de revenus supplémentaires. Ces baisses d’impôt ont réduit les services publics, donc l’argent qui doit permettre aux écoles, aux hôpitaux et combien d’autres établissements d’offrir un accès équitable et de qualité à l’ensemble de la population, mais elles ont en plus précipité – certains diraient ont créé de toute pièces – les crises budgétaires qui ont précédé les politiques austéritaires répétées.

Et si le Québec n’avait pas réduit sa marge de manœuvre et qu’il avait en plus haussé les impôts à chaque fois que le fédéral les baissait, c’est 11,1 milliards de plus de revenus sur lesquels on pourrait compter pour améliorer les services, réduire les inégalités et peut-être même avoir le dessus sur la pauvreté…

Mon choix serait d’hausser sans attendre les dépenses dans les soins et services à domicile pour que nos soins – notamment aux aînés – soient  dignes d’une société civilisée et que l’État ne se décharge plus de ses responsabilités sur des proches aidant-e-s débordés qui se comptent désormais en centaine de milliers à travers le Québec. À ce sujet, l’IRIS proposait en octobre de doter le Québec d’une « armée » de travailleuses et de travailleurs en services à domicile.

Le gouvernement Couillard n’ira pas dans cette direction. Il offrira une fois de plus des baisses d’impôt et sapera davantage les outils collectifs de la société québécoise.

Et vous, quelle serait votre priorité ?

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