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L’économie québécoise se porte bien! Oui, mais…

13 septembre 2017

  • Julia Posca

Le Parti libéral du Québec publiait le 24 août dernier sur son site Web « 7 bonnes nouvelles pour le Québec à découvrir et à partager ». C’était quelques jours avant que la campagne en vue de l’élection partielle dans la circonscription de Louis-Hébert ne soit déclenchée. Parmi ces « bonnes nouvelles », qui portent sur la situation de l’emploi et de l’économie dans la province, on mentionne que le taux de chômage est à son plus bas, que le nombre d’assistés sociaux a connu une baisse « historique », que le PIB « connaît sa meilleure progression de début d’année en 15 ans » et que « c’est au Québec que les hausses de salaire seront les plus importantes l’an prochain ».

Ce que nous disent ces nouvelles en forme de bilan économique, c’est que les Québécois et les Québécoises travaillent plus que jamais, un constat dont on ne peut que se réjouir à première vue. Le parti du premier ministre Philippe Couillard s’attribue évidemment le mérite de ce rutilant bilan. Beaucoup de choses pourraient être dites à ce propos, mais nous nous contenterons pour l’heure de n’en soulever que quelques-unes.

Malheureusement, ce n’est pas parce que plus de gens travaillent que leur situation financière est enviable. Un sondage de l’Association canadienne de la paie révélait la semaine dernière qu’au Québec, 34% des employés « vivent d’un chèque de paie à l’autre en raison de la hausse de leurs dépenses et de l’endettement ». C’est nettement mieux que dans le reste du Canada (47%), mais c’est tout de même une personne sur trois qui est pris à la gorge et n’a pas de marge de manœuvre pour faire face à un imprévu tel qu’un accident, une perte d’emploi ou un problème de santé. Pas de quoi se vanter, bref.

Ainsi, le taux d’endettement continue sa progression au Québec, et la hausse des taux d’intérêt, qui devrait se poursuivre dans les prochains moins, risque de fragiliser davantage la situation de certains ménages. Cette croissance soutenue de l’endettement pourrait d’ailleurs à terme contrecarrer la croissance du produit intérieur brut (PIB), qui est soutenue en grande partie par les dépenses de consommation des ménages. C’est du moins l’avertissement que formulait à la fin du mois d’août la Société d’hypothèques et de logement (SCHL), qui surveille de près les données financières au Canada. Ce faisant, l’augmentation du PIB ne peut être considérée comme une bonne nouvelle que si l’on fait abstraction du fait qu’elle s’est accompagnée d’une augmentation du recours au crédit, qui met toujours plus à risque les travailleurs et les travailleuses.

Soulignons enfin que ce n’est pas parce que le PIB augmente que tout le monde en profite. De fait, l’inégalité de revenu a continué de se creuser au Québec depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux provinciaux en 2003, les revenus tirés du marché du 1% supérieur et du 99% inférieur ayant augmenté au même rythme durant cette période. Si la fiscalité a permis de freiner légèrement cette tendance, il reste que le revenu après impôt moyen du 99% inférieur de la population était seulement de 31 400$ en 2014 (la dernière année pour laquelle ces données existent), tandis que celui du 1% supérieur était de 233 900$, et que celui du 0,1% atteignait 710 600$. Or qu’est-ce qu’a promis récemment le PLQ en vue des prochaines élections ? Vous l’avez deviné : des baisses d’impôt!

En somme, quand l’économie va, tout ne va pas, et la croissance pour la croissance n’est pas une politique suffisante pour garantir le bien-être d’une population. Est-ce que le gouvernement de Philippe Couillard s’en préoccupe ? Poser la question, c’est un peu y répondre.

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