Icône

Aidez-nous à poursuivre notre travail de recherche indépendant

Devenez membre

Et si l’inflation s’était déjà calmée?

1 décembre 2022

Lecture

4min

  • Eve-Lyne Couturier

Dans les derniers mois, le sujet le plus discuté a sans doute été celui de l’inflation. Le prix des aliments qui explose et les hausses du taux directeur qui ont suivi ont fait changer les habitudes de bien des ménages. En réponse à la crise du coût de la vie, le gouvernement de la CAQ a choisi l’option du chèque ponctuel, donnant de l’oxygène à certains, dont plusieurs qui n’avaient pourtant pas de difficulté à répondre à leurs besoins. Avec Noël qui s’en vient et une nouvelle année qui se pointe le bout du nez, où en est-on avec l’inflation?

Revenons d’abord sur les causes de l’inflation. D’où est venue cette hausse soudaine des prix? Les théories économiques classiques considèrent que l’inflation est généralement causée par un surplus d’argent dans l’économie. Il y aurait alors un décrochage entre l’offre et la demande, les ménages désirant acheter plus de choses que ce qui est disponible grâce à leurs hauts revenus. C’est pour cette raison que certains accusent les programmes de soutien pendant la pandémie d’être la cause de la situation actuelle. Toutefois, les chiffres racontent une histoire différente. C’est plutôt les disruptions des chaînes de production (le prix des conteneurs, la guerre en Ukraine, les confinements, etc.), la hausse du coût du pétrole, la multiplication des catastrophes climatiques et la cupidité des multinationales qui expliquent l’explosion des prix. En effet, ce n’est pas la demande qui a explosé, c’est l’offre qui en s’effondrant nous a menés là où nous en sommes aujourd’hui. 

En réponse à la situation, la Banque du Canada a choisi d’utiliser le levier qu’elle contrôle le mieux, soit la hausse du taux directeur. En faisant cela, elle espère retirer le surplus d’argent qu’il y aurait dans l’économie pour revenir à un certain équilibre. Malheureusement, cela n’aura aucun effet sur les changements climatiques, les négociations de l’OPEP ou les pratiques commerciales des grandes entreprises. En revanche, les hausses importantes du taux directeur risquent de provoquer une récession, ce qui perturbera encore plus les finances des ménages en entraînant de nombreuses pertes d’emplois. 

De son côté, on l’a mentionné plus haut, la CAQ a choisi d’envoyer aux Québécois·es un deuxième chèque ponctuel. Si cette mesure peut aider à boucler un budget, elle ne permet pas de changements dans la structure de l’économie. D’une part, elle n’agit pas sur l’ensemble des éléments affectant l’offre, et d’autre part, le coût de la vie n’a pas diminué. En effet, il serait étonnant de voir les prix reculer dans les prochains mois. La déflation, l’inverse de l’inflation, est un phénomène plutôt rare qui s’observe généralement pendant des crises économiques. Il serait plus réaliste d’envisager une stabilisation des prix.

Qu’en est-il de ce côté? Les grands titres nous annoncent à répétition, chaque mois, que l’inflation demeure élevée. Il est vrai que tout coûte plus cher que l’an dernier. Toutefois, on observe depuis juillet une certaine stabilité dans les prix. À titre d’exemple, l’indice des prix à la consommation a légèrement reculé en septembre, générant tout de même une inflation de 6,5% comparativement à l’année précédente. Si l’on gelait l’ensemble des prix, le taux d’inflation reviendrait à un taux plus similaire à ce que l’on était habitué dès avril 2023. Même avec une légère inflation, le constat reste le même. Cependant, ce retour à la normale ne concerne que les prix. Si rien n’est fait du côté des revenus, que ce soit pour les travailleurs et travailleuses ou les personnes avec des revenus fixes, la perte du pouvoir d’achat perdurera. Les hausses des salaires et des prestations est donc une manière efficace et durable de contrer les effets de l’inflation, bien plus que d’envoyer un chèque pansement.

Icône

Restez au fait
des analyses de l’IRIS

Inscrivez-vous à notre infolettre

Abonnez-vous

2 comments

  1. L’inflation est, à la base, créée par le pouvoir des banques privées de créer et d’utiliser l’argent-dette,

    Détruire ce pouvoir à tout jamais retire sa souveraineté à la finance et au commerce.

  2. D’accord avec le commentaire d’Yves.

    Je suis désolé de lire ici que c’est la faute à l’Ukraine qu’on ait de l’inflation.
    Dégouté de lire que c’est parce qu’il y a trop de demande par rapport à l’offre.
    Et pas le nom de la ministre des Finances qui a endetté le Canada a des centaines de milliards de dollars. Voilà, là est la cause. Banque centrale. Dette

Les commentaires sont désactivés