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Et si on allait chercher 240 M$ avec les bouteilles d’eau?

10 Décembre 2014

  • Bertrand Schepper

Le gouvernement nous le martèle depuis un bout de temps, mais de façon encore plus frénétique depuis quelques semaines : l’état des finances publiques est dramatique, mais rien ne l’empêchera d’atteindre le déficit zéro dans les délais annoncés. Ainsi, tous les moyens sont bons pour couper dans les budgets de l’État et réduire les services à la population. Le tout, en restant assez modeste dans sa volonté et sa capacité à aller chercher de nouveaux revenus. Pourtant, un peu d’imagination permettrait surement de proposer quelques pistes intéressantes. De plus, cette recherche de nouvelles entrées d’argent pourrait être envisagée dans une perspective écologique de diminution de la pollution, plus concrète que la bourse du carbone. À l’instar de certaines juridictions états-uniennes, l’idée de taxer les bouteilles de plastique me semble une avenue nécessaire à explorer. Regardons ce qu’il en est.

Les bouteilles d’eau, un fléau pour l’environnement

Sur les plans énergétique et écologique, la bouteille d’eau est un désastre. Uniquement pour produire une bouteille d’eau d’un litre, il faut utiliser 3 litres d’eau et 1 quart de litre de pétrole. Malheureusement, les plus récentes données (qui datent, je vous le concède) montrent qu’entre 1992 et 2005, le nombre de bouteilles d’eau vendues au Québec est passé de 70 M à 775 M, soit une augmentation de 20 % annuellement sur 13 ans. De plus,  seulement 44 % des contenants de plastique sont récupérés ou recyclés et peuvent prendre jusqu’à 450 ans avant de se décomposer. Considérant qu’au Québec l’eau est un bien accessible gratuitement et qu’elle est souvent de meilleure qualité que l’eau en bouteille, il me semble acceptable d’instaurer une taxe de luxe sur la bouteille de plastique. Bien sûr, le manque de données récentes ne nous permet pas de faire une estimation précise, mais pour le plaisir, faisons l’exercice suivant qui reste une estimation sommaire. Supposant qu’entre 2006 et 2014, la vente de bouteilles d’eau n’ait connue qu’une hausse de 5 % annuellement (et non de 20 %), il y aurait plus de 1,2 G de bouteilles consommées au Québec en 2014. Une taxe de 0,09 $ rapporterait donc au Québec autour de 108 M$ annuellement.  

Et les bouteilles de boisson gazeuse …

Pour contrer les effets de la malbouffe un peu partout dans le monde, plusieurs juridictions ont commencé à instaurer une taxe sur la boisson gazeuse.  C’est notamment le cas du Mexique qui charge autour de 0,08 $US (ou 0,09$ CAN) le litre de boisson gazeuse.  La Finlande a instauré en 2011 une taxe sur les liqueurs de 0,07 $US (ou 0,08 $ CAN) sur chaque litre de boisson gazeuse. Plusieurs autres juridictions comme la France,  l’Irlande et l’Angleterre considèrent présentement ce type de taxe.

Il se vend au Québec 1 147 000 000 bouteilles de boisson gazeuse annuellement, ce qui représente 24,2 % du nombre de bouteilles recensées par Recyc-Québec (p. 3). On peut supposer qu’avec la prolifération des boissons en fontaine, il se vend beaucoup plus de boisson gazeuse sur le territoire, mais pour le bien de l’exercice, contentons-nous de regarder les résultats sur les bouteilles. Si, comme RECYC-QUÉBEC, nous supposons une croissance annuelle de 2,8%, cette mesure rapporterait en 2014 à l’État autour de 132 M$ annuellement.

Bref, une simple taxe de 9 sous sur les bouteilles d’eau rapporterait autour de 240 M$ annuellement, soit près de 2 fois l’effort ponctuel demandé aux banques et institutions financières par monsieur Leitao. Dans cette optique, si l’on doit tenter de trouver des nouveaux fonds pour le Québec, la taxe de luxe envers des produits polluants semble une meilleure solution, écologique qui plus est, que de systématiquement avoir recours à des politiques d’austérité.

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