Les VUS pèsent lourd dans la balance commerciale du Québec
9 avril 2025
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Depuis que le président Trump a commencé à proférer ses menaces tarifaires, les dirigeants politiques canadiens ont réagi comme s’il fallait mettre l’économie du pays sous cloche de verre en la préservant telle quelle, sans jamais questionner ce qu’on vend et ce qu’on achète. Mark Carney a annoncé des mesures pour protéger l’industrie automobile ontarienne. Tout comme son adversaire conservateur, le nouveau premier ministre du Canada a aussi promis un corridor énergétique et commercial qui vise à compenser la diminution de l’accès au marché américain en augmentant les exportations interprovinciales et en diversifiant les partenaires économiques internationaux, y compris en ressuscitant des projets de pipelines qui avaient été abandonnés pour des raisons environnementales.
En mettant de l’avant ces propositions dont l’objectif est essentiellement de maintenir l’exportation de produits automobiles et fossiles, les leaders politiques du Canada font semblant d’ignorer la crise écologique, dont les répercussions seront nettement plus graves et plus pérennes que la guerre commerciale actuelle.
Au Québec, réduire la dépendance à l’automobile serait une bonne manière de réduire la dépendance envers les États-Unis tout en mettant en œuvre une transition écologique juste. Un coup d’œil sur les importations internationales du Québec permet de voir que l’automobile et les marchandises qui y sont liées (moteurs, pièces, essence, etc.) occupent une place prépondérante dans les achats de biens effectués à l’étranger : celles-ci représentent 24% de la valeur totale des importations internationales du Québec[1]. Plus de la moitié de ces importations proviennent des États-Unis. Les véhicules automobiles et les produits connexes représentent 38% des importations américaines du Québec. Ces importations (d’une valeur d’environ 31 milliards de dollars pour l’ensemble des pays et de 16 milliards de dollars pour les États-Unis) contribuent à creuser le déficit commercial du Québec, qui était de 3,3 milliards de dollars en 2024.
Parmi les 295 catégories de marchandises identifiées dans le Système de classification des produits de l’Amérique du Nord (SCPAN 2022), la catégorie « Camions légers, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport (VUS), sans moteur électrique » représente à elle seule 9% des importations totales du Québec et 13% des importations américaines du Québec. Lorsqu’on inclut les équivalents hybride et électrique de ces véhicules, on atteint 12% des importations totales et 15% des importations provenant des États-Unis.
Ces véhicules personnels au poids excessif ont pris de plus en plus de place sur nos routes dans les dernières décennies. La part des camions (dont la quasi-totalité est composée de « camions légers ») dans les ventes de véhicules neufs est passée de 13,2% en 1981 à 85,8% en 2023, et ce, en dépit de leurs nombreux effets néfastes. Leur consommation d’essence est supérieure à celle des voitures personnelles. Ils contribuent aussi à la hausse de la mortalité et de la gravité des blessures chez les victimes d’accidents de la route. Ils accroissent également l’usure des routes à cause de leur poids et augmentent la congestion routière étant donné qu’ils prennent beaucoup de place. Il est utile de se rappeler que les constructeurs automobiles américains ont massivement promu l’adoption des VUS par les consommateurs et les consommatrices parce que leur classification comme « camions légers » permettait de contourner certains règlements de sécurité et anti-pollution qui visaient les voitures personnelles.
Depuis 1990, l’augmentation du nombre de « camions légers » a contribué à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, annulant en bonne partie les efforts de réduction effectués par d’autres secteurs. Considérant que les automobilistes ne paient déjà qu’une fraction des coûts associés à leurs déplacements, il serait pertinent d’imposer des tarifs prohibitifs et des écotaxes dissuasives pour décourager l’achat de VUS et d’autres véhicules personnels à la taille démesurée.
[1] Les données présentées sont celles de 2024. Tous les calculs ont été effectués par l’auteur à partir des tableaux suivants fournis par l’Institut de la statistique du Québec : « Importations internationales mensuelles par sections, divisions, groupes et classes du système de classification des produits de l’Amérique du Nord (SCPAN), dollars courants, Québec, 1990‑2025 » et « Importations mensuelles à partir des États-Unis des produits selon le Système de classification des produits de l’Amérique du Nord (SCPAN 2022), données non désaisonnalisées et en dollars courants, Québec, 2021-2024 ». Nous avons inclus l’essence à moteur et le pétrole brut classique, mais avons exclu les camions lourds et le diesel, dont l’usage est principalement commercial. Il est à noter qu’une partie du pétrole est importé pour être raffiné au Québec, puis exporté ailleurs dans le monde.
Une automobile est un luxe. C’est irréfragable.
L’étalement urbain est une des conséquences de l’accès plus facile à une automobile. C’est tout aussi irréfragable.
Il est en est ou, le transport en commun?
7,000,000,000$ pour un troisième lien…
7,000,000,000$ pour allonger la ligne bleue…
1,000,000,000$ pour refaire les voies réservées sur Pie-IX…
10,000,000,000$ pour réaliser le REM de l’ouest…
20,000,000,000$ pour réaliser le REM de l’est…
… C’est donc des projets qui totalisent près de 45,000,000,000$
Personne ne parle de monorail suspendu. Pourquoi?
Coût moyen de 15,000,000$ du km.
Réseau local qui roule à 50 km/h.
Réseau intercité qui roule à 200 km/h.
Avec 45,000,000,000$, je peux construire un réseau de 3,000 km.
1- Une ligne de 1300 km de Gatineau à Pointe-à-la-croix.
2- Une ligne de1,000 km de Montréal à Pointe-Parent.
3- Une ligne de 250 km entre Tadoussac et Roberval.
4- Une ligne de 100 km entre Québec, Lévis et Saint-Georges.
5- Une ligne de 150 km entre Trois-Rivières et Magog.
6- Une ligne de 100 km entre Montréal et le lac Brome.
7- Une ligne de 50 Km entre Montréal et Farnham.
8- Une ligne de 150 km entre Montréal et Pointe Blanc.
Voila comment on installe un réseau de transports public qui dessert 90% de la population du Québec.