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À la défense des vacances

12 juillet 2023

Lecture

4min

  • Eve-Lyne Couturier

Cet été ne passera probablement pas à l’Histoire pour de bonnes raisons. Après de longues semaines de feux de forêt intenses dans le nord du Québec et ailleurs au Canada qui ont rendu l’air irrespirable jusqu’à New York, la planète a battu son record de température moyenne dès le début de juillet, fracassant la barre jamais atteinte des 17°C. Une semaine plus tard, le sommet a été repoussé trois fois et la température moyenne demeure au-delà de ce seuil depuis. 

Au sud des États-Unis et au Mexique, un dôme de chaleur pousse les températures jusqu’à 50°C en considérant le facteur humidex. En cause, le phénomène El Niño qui exacerbe le réchauffement climatique. S’ajoute à cela une « rivière atmosphérique » qui a fait s’abattre plusieurs dizaines de millimètres d’eau au sud du Québec et au nord des États-Unis. Et même sans cela, les jours de pluie s’accumulent, rendant les journées non seulement chaudes et humides, mais également mouillées, quelque peu imprévisibles, et forçant même l’évacuation de plusieurs secteurs

Ces phénomènes météorologiques, qui découlent d’une situation environnementale fortement anxiogène, ne sont pas sans effet sur le désir de certains, et la possibilité pour d’autres, de prendre des vacances. Si l’on ajoute à cela le fait que l’inflation a grugé sérieusement les économies de plusieurs ménages, on se retrouve dans un contexte où ce temps d’arrêt peut sembler ne plus faire sens.

Alors, aux poubelles les vacances? Pas si vite. S’il est vrai que la météo complique l’organisation d’activités extérieures et que le budget ne permet pas nécessairement la flexibilité de partir là où le soleil est plus coopératif, il ne faut pas négliger l’importance de prendre congé, de prendre une distance avec le quotidien et de créer des souvenirs précieux avec ceux et celles que l’on aime. Il ne s’agit pas seulement d’un privilège, mais d’un droit reconnu par les normes minimales du travail et arraché de chaude lutte par les travailleurs et travailleuses au siècle dernier. De plus, cette pratique bénéficie également aux employeurs. En effet, plusieurs études démontrent que la productivité augmente à la suite de vacances. Les effets positifs sont notamment plus importants lorsque le temps à l’extérieur du bureau est d’au moins une semaine, partagés avec des proches, et coupés entièrement du travail. Encore mieux si vous passez du temps dans la nature

Bien que l’imaginaire estival ait eu tendance à nous pousser vers des plages de plus en plus lointaines ou des destinations de plus en plus exotiques, le confinement et le coût environnemental des voyages ont permis de faire redécouvrir des plaisirs plus locaux qui peuvent être tout aussi satisfaisants. Mais que vos vacances vous emmènent à Paris ou à Gaspé, que la plage soit celle de Bali ou de la promenade Champlain, il faut savoir se sortir de la performance des vacances. Grâce à Internet, il est de plus en plus facile de planifier ses activités, ou encore de tomber dans le piège de vouloir prévoir chaque détail à la perfection. Comme dans beaucoup de domaines, le mieux est l’ennemi du bien. D’ailleurs, elles sont magnifiques, vos photos de plages et de montagnes, mais en avez-vous profité au-delà du filtre Instagram choisi? D’après les recherches de la professeure de marketing Alixandra Barasch, prendre des photos augmente notre appréciation du moment et permet de mieux graver le souvenir dans notre mémoire, mais les mettre sur les réseaux sociaux inverse la tendance et nous rend plus attentifs aux interactions qu’elles créent qu’à l’expérience qu’on a vécu. De plus, la recherche de la meilleure photo a souvent des effets néfastes sur les lieux visités

Bref, prenez des vacances, décrochez, vivez des expériences nourrissantes, faites le plein de souvenirs et de bons moments, même sous la pluie, même lorsque la température ne coopère pas avec vos plans originaux, même si c’est à deux pas de chez vous. Il devient impératif de profiter de la nature alors que les dérèglements climatiques ne font que s’accentuer, car en plus d’améliorer notre santé mentale, le temps passé à l’extérieur nous rend plus sensibles aux effets des changements climatiques, et donc aux actions nécessaires à prendre pour en limiter la progression et les impacts. Cela passera non seulement par une modification de nos modes de production, mais également par une réduction de notre temps de travail pour que la vie personnelle et sociale revienne au centre de nos préoccupations, au-delà des considérations de performance, de productivité et de filtre Instagram. Et ainsi, peut-être que nos enfants pourront avoir de meilleurs étés que celui de 2023.

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1 comment

  1. Parler de vacances dans la situation actuelle me semble déplacé. C’est le niveau de vie trop élevé que nous avons qui a créé le concept de “vacances”. Ce dernier est au moins 8 fois plus élevé que la moyenne planétaire.
    L’inertie de la machine que nous nommons “climat” est telle que toute action entreprise maintenant par l’humanité pour contrer les changements climatiques prendra au moins 20 ans à donner un résultat. 20 ans pendant lesquelles la situation continuera de se détériorer de plus en plus vite.
    Il ne reste donc à l’humanité que de s’adapter si elle veut survivre.

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