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Cette fois-ci, c’est peut-être la bonne.

27 février 2019

  • Guillaume Hébert

Après des années de largesses à l’endroit des assureurs privés, des pharmaciens et surtout des entreprises pharmaceutiques, il semble que le gouvernement québécois n’aura plus le choix de se positionner clairement sur tout l’appareillage institutionnel de l’achat de médicaments.

Rappelons que l’État québécois a été très généreux depuis vingt-cinq ans avec tous les acteurs privés qui profitent de la manne que celui-ci distribue. Ça commence par les avantages fiscaux et autres cadeaux à l’industrie en amont, et ça se termine, en aval, par des prix volontairement gonflés pour satisfaire cette même industrie.

L’IRIS publie aujourd’hui une note socioéconomique qui analyse l’évolution de l’industrie pharmaceutique québécoise. Elle indique que les promesses ne sont pas au rendez-vous, notamment en ce qui a trait aux emplois qui ont décliné d’environ 20% dans la recherche et développement (R&D) liée à ce domaine. Cet échec devrait mener les autorités à mettre fin au régime de privilèges dont jouit l’industrie et renverser le rapport de force en négociant de façon serrée le prix des médicaments, plutôt que de les maintenir élevé en espérant des retombées favorables.

La meilleure façon d’accomplir ce retournement, qui servirait enfin l’intérêt collectif, serait d’adopter un régime d’assurance-médicament public et universel.

Le gouvernement québécois devra se prononcer. D’une part, des mouvements sociaux du monde communautaire et syndical sont de plus en plus audibles et actifs sur cet enjeu. Ils revendiquent la mise en place de cette assurance-médicament publique et universelle. Mais d’autre part, il y a aussi le gouvernement fédéral qui pourrait finir par devancer le gouvernement québécois. En effet, on attend impatiemment à Ottawa le rapport de l’ancien ministre ontarien de la santé, Éric Hoskins, mandaté par le gouvernement Trudeau pour indiquer le modèle d’assurance médicament que devrait adopter le Canada. Le prochain budget ne devrait rien annoncer de nouveau, mais le thème de l’assurance-médicament pourrait devenir un enjeu électoral incontournable.

Si le gouvernement Legault était astucieux, il ferait comme le gouvernement Lesage à l’époque de la mise en place de la Caisse de dépôt et de placements: il prendrait le débat de vitesse et s’assurerait de développer lui-même une proposition qui sied au Québec avant de se retrouver devant le fait accompli d’un régime fédéral qu’il pourrait juger trop cavalier à l’égard de la compétence provinciale en santé.

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