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L’austérité a coupé 1000 $ par ménage au Québec

20 juin 2018

  • Raphaël Langevin

En faisant le bilan de la session parlementaire, le premier ministre Philippe Couillard se vantait d’avoir opéré le « plus grand redressement financier de l’histoire récente du Québec ». Pourtant, lorsqu’on analyse minutieusement les données économiques, on s’aperçoit que ce « redressement » a généré bien plus de dommages que de bénéfices. C’est ce que montre l’étude que nous publions aujourd’hui. Bien que l’équilibre budgétaire ait été atteint et que d’importants surplus aient été générés, cela s’est fait au détriment de la prospérité à long terme et du niveau de vie des ménages québécois.

Notre étude démontre d’abord que l’atteinte de l’équilibre budgétaire en soi n’amène aucun impact positif significatif sur l’économie québécoise, que ce soit en termes de croissance économique, d’investissements privés, de niveau de vie des ménages ou de création d’emploi. Les surplus budgétaires générés lors des deux dernières années ont plutôt été réalisés au détriment des investissements publics en infrastructures, ce qui a artificiellement maintenu l’économie québécoise dans une situation précaire pendant les années suivant la fin de la crise de 2008.

En effet, les politiques de « rigueur budgétaire » mises en branle dès 2010 sous le gouvernement Charest et poursuivies jusqu’en 2016 par le gouvernement Couillard ont amputé le Québec d’une importante capacité de développement économique. Durant cette période, les dépenses d’investissements publics ont été réduites d’environ 17 %, ce qui, selon nos estimations, a eu pour effet de diminuer en moyenne de 1035 $ le revenu disponible des ménages à long terme, en plus de faire reculer les investissements privés et la croissance économique de respectivement 1 G$ et 2,3 G$. Ces différents reculs sont loin d’être compensés par la récente embellie économique puisque les dépenses d’investissements publics n’ont augmenté que de 2,4 % en moyenne entre 2016 et 2017, faisant augmenter la croissance économique et les investissements privés d’au mieux 350 M$ et 150 M$ respectivement.

Enfin, notre étude montre aussi que la récente relance de l’économie québécoise n’est aucunement le fruit d’une « saine gestion des finances publiques ». Ou de la « remise en ordre » de la maison, comme dirait le ministre des Finances Carlos Leitão. Au contraire, la récente relance n’a de sens uniquement que si elle est considérée sous l’angle d’une stratégie électorale – reproduite par les trois derniers gouvernements – qui consiste à d’abord contraindre artificiellement le potentiel économique du Québec en réduisant les dépenses gouvernementales sous prétexte d’une « crise » dans les finances publiques, puis à rouvrir les vannes à l’approche de l’échéance électorale. En d’autres mots, le gouvernement crée une crise artificielle qui entraîne un climat économique morose puis se pose ensuite en sauveur en fin de mandat. En considérant les intentions de votes actuellement, on s’aperçoit que cette stratégie, qui révèle toute la mesquinerie de nos gouvernements, a peut-être atteint sa limite.

La politique budgétaire du gouvernement libéral n’est qu’une facette des choix douteux du projet mis de l’avant par cette formation politique depuis le début des années 2000. L’IRIS lancera en août prochain un livre qui fait le bilan des transformations apportées depuis 15 ans par le Parti libéral du Québec (PLQ) à l’État québécois et ultimement, à la société québécoise.

Ce billet a été rédigé en collaboration avec Raphaël Langevin, co-auteur de l’étude « L’austérité a-t-elle contribué à la relance économique au Québec ? Analyse de l’impact économique des politiques budgétaires des 15 dernières années ».

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