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Quand les vacances étaient un privilège

27 juin 2024

Lecture

3min

  • Julia Posca

En ce début de vacances estivales et tandis que le monde du travail connaît plusieurs bouleversements et que sont remis en question certains acquis sociaux, il semble opportun de se rappeler qu’il n’a pas toujours été « normal » d’avoir des vacances.

Rapportons-nous au début du 20e siècle : des données de Statistique Canada montrent que la semaine moyenne de travail dans le secteur manufacturier au pays atteignait… 60 heures. À cette époque, les congés payés faisaient figure de privilège. Il a fallu les pressions du mouvement ouvrier et syndical, puis l’intervention de l’État dans les relations de travail pour qu’au Québec, ce privilège soit étendu à l’ensemble des salarié·e·s. C’est en 1946 qu’une ordonnance de la Commission du salaire minimum octroie « une semaine de congé payé pour tous les salariés non autrement couverts par décret ou contrat de travail », et ce après un an de service ininterrompu.

Près de 80 ans plus tard, cette norme a peu changé, le cadre législatif québécois prévoyant aujourd’hui qu’une personne salariée a droit annuellement à seulement deux semaines de congé après un an à l’emploi de la même organisation (et à trois semaines après 3 ans de service). Alors que bien des gens aspirent à une meilleure conciliation travail-vie personnelle, que plusieurs entreprises peinent à retenir la main-d’œuvre et que les États cherchent à décarboner leur économie, il serait judicieux d’augmenter le nombre de semaines de vacances auxquelles ont droit les salarié·e·s. Par ailleurs, vu la crise écologique à laquelle sont confrontées les sociétés actuelles et les perturbations que cela entraîne pour les personnes touchées, on pourrait même considérer l’instauration de congés climatiques.

Le contexte politique qui prévaut chez nous comme ailleurs laisse croire que les acquis sociaux comme les congés payés sont toujours à risque d’être remis en question. Dans les derniers jours, une vidéo qui a circulé sur le web dans laquelle des cadres de l’entreprise Renaud-Bray encouragent leurs gérant·e·s à avoir des pratiques antisyndicales à l’endroit des employé·e·s rappelle en effet que certains employeurs n’ont aucun scrupule à enfreindre des droits pourtant reconnus par les chartes québécoise et canadienne.

Et avec à l’horizon l’élection possible du Parti conservateur au Canada, dont la plateforme comprend des mesures qui constitueraient un recul sur le plan des conditions de travail et dont le chef, Pierre Poilievre, a aussi défendu lorsqu’il était dans le gouvernement de Stephen Harper des politiques nuisibles pour les travailleuses et les travailleurs, les craintes sont réelles que les travailleurs et les travailleuses doivent dans les prochaines années défendre les acquis même les plus élémentaires tels que les congés.

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