Si bien des gens voient dans l’économie une science obscure et un domaine réservé aux expert.e.s, c’est en partie parce que le discours économique dominant cultive souvent l’incompréhension en se faisant hermétique et hyperspécialisé. Rendre les processus économiques intelligibles au plus grand nombre, dans le but éventuel de les transformer, est une tâche à laquelle s’attèle cependant contre vents et marées d’irréductibles Gaulois.e.s de la pensée. Avec son essai Global Slump, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Écosociété et qui sera lancée ce vendredi à Montréal, David McNally, professeur de science politique à l’Université York, participe admirablement à cet effort.
Dans Panne globale, McNally analyse la crise financière de 2008 comme un nouvel épisode de la « période d’expansion néolibérale » du capitalisme. Le néolibéralisme désigne la stratégie déployée depuis quarante ans par les élites économiques et politiques afin de combattre le pouvoir acquis de chaudes luttes par les salarié.e.s et ainsi les déposséder des fruits de leur travail. À grand renfort d’exemples tirés aux quatre coins du globe, l’auteur montre que depuis les années 1970, la croissance de nos économies s’est faite aux dépens des travailleuses et des travailleurs des pays riches, et a été rendue possible par la création d’une main-d’œuvre précaire dans les pays de la périphérie – la Chine étant évidemment un pôle fondamental de cette nouvelle organisation de la production à l’échelle mondiale.