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COMMUNIQUÉ | Système de santé: un virage à 180 degrés est encore possible

20 avril 2023


Montréal, le 20 avril 2023 – Tandis que la nécessité d’une refonte majeure du système de santé semble faire consensus, la création de Santé Québec s’inscrit en continuité des réformes mises en place depuis 1990 et risque de reconduire les erreurs passées. Selon l’étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques publiée aujourd’hui (IRIS), le gouvernement doit rompre avec le modèle de gestion privilégié depuis les deux dernières décennies et prendre plutôt exemple sur les CPE qui offrent des services de garde de grande qualité en raison du contrôle donné aux communautés locales. 

« Une vraie réforme exigerait de placer la population au cœur de l’organisation du réseau de la santé plutôt que d’accroître le pouvoir des gestionnaires et du privé. C’est d’un renversement de ces tendances centralisatrices dont le réseau a besoin, pas leur approfondissement », signale Myriam Lavoie-Moore, chercheuse à l’IRIS et autrice de l’étude. 

Une « réforme » qui imite les erreurs des vingt dernières années

Le plan Dubé risque d’accentuer la tendance à la centralisation de la structure organisationnelle du système de santé qu’ont entraînée les réformes passées. En effet, la création de Santé Québec et le remplacement des dernières instances de décisions locales par des gestionnaires auront pour effet d’augmenter de 8 % le personnel administratif cette année, qui avait déjà gonflé de 15 % depuis la réforme Barrette. L’ajout d’une agence centralisée intensifiera également le contrôle hiérarchique et quantitatif inadapté aux services publics et pouvant nuire à la rétention du personnel clinique. 

« Comme ses prédécesseurs, le ministre Dubé ne semble pas comprendre que notre système de santé n’est pas une usine d’automobiles et qu’imiter un modèle de gestion inspiré du monde des affaires n’améliore en rien son efficacité » soulève Myriam Lavoie-Moore. 

Plus de pouvoir pour les communautés locales: un modèle qui a fait ses preuves

Les études internationales montrent qu’il existe d’autres options à la voie empruntée par les dernières réformes du système de santé. Un exemple québécois qui a fait ses preuves est celui des centres de la petite enfance (CPE) qui sont gérés localement et conjointement par les parents, le personnel et des membres de la communauté. Cette collaboration entre ceux qui fournissent les services et la communauté usagère explique la bonne capacité d’adaptation des CPE aux différents besoins et la qualité de leurs services.

« Le gouvernement gagnerait à s’inspirer de ces pratiques éprouvées qui redonnent du pouvoir à la population plutôt qu’aux gestionnaires. En contrepartie, rappelons que la privatisation des soins de santé ne remédiera pas aux maux causés par la centralisation excessive du réseau puisqu’elle accentue le décalage entre les besoins des communautés et les services de santé qui leur sont offerts », signale Myriam Lavoie-Moore.

Pour lire la publication: bit.ly/systeme-de-sante-virage