COMMUNIQUÉ | Revenu viable plus élevé hors des grands centres
21 septembre 2023
Montréal, 21 septembre 2023 – L’IRIS publie aujourd’hui une étude qui calcule pour la première fois le revenu viable hors des grands centres au Québec. En plus d’enrichir le portrait des inégalités de revenu sur le territoire québécois, les nouvelles données nous apprennent qu’il faut tenir compte des spécificités régionales pour lutter adéquatement contre la pauvreté à l’extérieur des grandes villes.
« Depuis 2017, l’IRIS calcule annuellement le revenu viable dans sept grands centres urbains du Québec. Les secteurs moins densément peuplés ont des caractéristiques particulières qui influencent le revenu nécessaire pour une vie décente sans pauvreté», explique Guillaume Tremblay-Boily, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude.
Plus difficile de vivre dignement hors des grands centres
Le revenu viable, qui correspond au revenu après impôt nécessaire pour vivre hors de la pauvreté, a été calculé pour 33 localités de la Montérégie, de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. Si le revenu viable dans ces régions est très variable, allant de 31 030 $ (Saint-Jean-sur-Richelieu) à 45 527 $ (Schefferville), les données recueillies montrent cependant que le coût de la vie augmente à mesure que l’on s’éloigne des grands centres.
« On observe qu’il coûte plus cher de vivre dans les municipalités rurales puisque les distances à parcourir pour avoir accès à des biens et services sont plus grandes, ce qui a un effet sur le coût du panier d’épicerie et sur celui du transport », explique Guillaume Tremblay-Boily.
Coût de la vie trop élevé pour les revenus disponibles
Dans 75% des localités étudiées, plus de la moitié des personnes seules vivent dans la pauvreté. C’est le cas notamment de toutes les municipalités de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord, à l’exception des villes minières de Fermont et de Havre-Saint-Pierre.
« Dans ces localités, la population est souvent vieillissante, ce qui signifie qu’une proportion plus grande de la population vit de revenus de retraite. La forte présence de l’industrie saisonnière tire également vers le bas le revenu médian par habitant puisque les prestations d’assurance-chômage perçues par ces travailleurs et travailleuses s’élèvent seulement à 55 % du salaire », remarque Guillaume Tremblay-Boily.
Investir dans le transport collectif pour sortir de la pauvreté
L’étude publiée aujourd’hui montre que les municipalités qui possèdent un réseau de transport collectif efficace et accessible ont généralement un revenu viable plus bas. En effet, une offre de transport collectif adaptée à la réalité de chaque région permettrait aux ménages de faire des économies allant jusqu’à 7 600$ par an.
« La dépendance à l’automobile est un facteur d’appauvrissement dans plusieurs des secteurs étudiés. Pour lutter contre la pauvreté dans ces régions, il semble incontournable d’investir dans les réseaux de transport en commun adaptés aux besoins de chaque localité », souligne Guillaume Tremblay-Boily.
Fermont: les bienfaits de la planification urbaine en région éloignée
Le cas de Fermont montre qu’une planification de l’aménagement urbain qui réduit la dépendance à la voiture facilite l’atteinte du revenu viable dans les localités éloignées. En effet, alors que le revenu viable pour une famille de quatre personnes est de 82 270 $ à Havre-Saint-Pierre, il est de 73 557 $ à Fermont.
« À Fermont, il est possible d’effectuer ses achats et de se rendre au travail à pied puisque la plupart des services offerts à la population sont situés à proximité les uns des autres », explique Guillaume Tremblay-Boily.
À propos de l’indice du revenu viable
Le calcul du revenu viable permet d’évaluer le revenu nécessaire à trois types de ménage pour atteindre un niveau de vie digne et sans pauvreté, au-delà de la seule couverture des besoins de base. Il offre ainsi un repère nécessaire, crédible et complémentaire à la MPC pour l’analyse des situations de pauvreté dans le continuum des revenus.
Pour lire l’étude: bit.ly/rv_hors_centres