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Logement locatif au Québec – Vers une crise permanente ?

27 juin 2019


Montréal, le 27 juin 2019 – Le Québec subit-il une crise permanente du logement ? D’après les données colligées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) pour huit villes du Québec, oui. D’une part, au cours des deux dernières années, le taux d’inoccupation moyen a baissé de près de 50 % (4,2 % à 2,3 %). Dans le cas des grands logements (3 chambres et plus), pouvant notamment accueillir des familles, la chute est encore plus marquée : le taux a chuté de plus de 50 %, passant de 3,9 % à 1,5 %.

Évolution du taux d’inoccupation (%) et des loyers moyens ($ constants de 2018) des appartements d’initiative privée (tous les logements)

 

2016

 

2017

 

2018

Ville

Taux d’inoccupation

Loyer moyen

Taux d’inoccupation

Loyer moyen

Taux d’inoccupation

Loyer moyen

Gatineau

6,3

769

3,8

772

1,2

770

Montréal

3,9

790

2,8

784

1,9

796

Québec

4,9

812

4,5

811

3,3

813

Rimouski

4,9

637

4,0

650

3,7

637

Rouyn-Noranda

3,1

603

3,2

601

1,2

609

Saguenay

7,0

582

6,8

588

5,0

581

Sherbrooke

6,4

636

5,3

632

2,6

621

Trois-Rivières 

6,2

583

4,7

581

3,9

575

 

D’autre part, depuis 2011, le coût mensuel associé au paiement des loyers a augmenté plus vite que l’inflation (9 %, en dollars constants). «La part des revenus des locataires accaparés par les paiements du loyer augmente sans cesse. Il est donc de plus en plus difficile, notamment pour les personnes à faible revenu, de se loger convenablement et de manière abordable», affirme Philippe Hurteau. Du côté des logements de trois chambres et plus, depuis 2011 seulement, le loyer moyen a augmenté de 57 $ par mois (toujours en dollar constant). «Encore une fois, c’est du côté des grands logements que le bât blesse», renchérit le chercheur à l’IRIS.

Le dernier budget du Québec ne prévoit aucune mise en chantier de nouveaux logements sociaux, ce qui risque d’empirer la situation, selon le chercheur. «C’est la rencontre de deux crises : celle de l’augmentation des prix des loyers, et celle du resserrement drastique du taux d’inoccupation. En fait, sans action énergique de la part des pouvoirs publics, nous pouvons anticiper une poursuite de l’explosion des prix des loyers pouvant mener à une crise semblable à celle du début des années 2000.»

Recommandations

De manière générale, la situation du logement semble désintéresser les élu·e·s. En ce sens, aucune politique nationale n’a été adoptée depuis plusieurs décennies. L’IRIS propose donc de :

  • Rendre obligatoire l’atteinte de quotas de logements sociaux dans tout nouveau projet de construction, les mesures volontaires ayant démontré leur inefficacité;
  • Imposer un moratoire sur la sous-location de logements locatifs par l’entremise d’applications du type Airbnb;
  • Créer une politique nationale destinée à aider les municipalités à mettre en place des réserves foncières;
  • Étendre le pouvoir de fixation des loyers par la Régie du logement et mettre sur pied un registre québécois des baux.

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