COMMUNIQUÉ | Les écoles privées accaparent 92 % des dons faits par des organismes de bienfaisance
23 septembre 2024
23 septembre 2024, Montréal — La participation d’organismes de bienfaisance au financement des écoles québécoises bénéficie davantage aux élèves du réseau privé et coûte cher aux contribuables. C’est la conclusion à laquelle parvient une nouvelle étude de l’IRIS qui jette un éclairage nouveau sur le système scolaire à trois vitesses au Québec.
« Plutôt que de renverser la tendance à la ségrégation scolaire induite par l’école à trois vitesses, la philanthropie dans le système éducatif participe à la reproduction des inégalités entre les élèves du public et du privé », soutient Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et autrice de l’étude.
Les écoles privées doublement privilégiées
Le réseau privé accapare 92 % des dons faits dans le système scolaire québécois. En plus des 786 M$ qui ont été versés par le gouvernement du Québec, les écoles privées québécoises ont pu bénéficier de 65,1 M$ supplémentaires versés en dons en 2023. Les écoles publiques n’ont reçu quant à elles que 5,7 M$ en dons.
« Alors que les besoins sont criants dans le public, la majorité des organismes de bienfaisance liés au système scolaire québécois finance les écoles privées et ces dernières demeurent les grandes gagnantes de cette diversification de leur financement », remarque Eve-Lyne Couturier.
Au Québec, plus de 80 % des écoles privées sont enregistrées en tant qu’organismes de bienfaisance ou possèdent leur propre fondation, ce qui leur permet de récolter des dons. Si de plus en plus d’écoles publiques adoptent également cette stratégie de financement, celles-ci demeurent marginales (8 % des écoles publiques), et plus du quart de ces fondations n’a reçu aucun don en 2023.
Mode de financement coûteux pour les Québécois·es
« Le recours aux organismes de bienfaisance comme outil de financement n’engage pas seulement les donateurs, il a un coût pour l’ensemble de la société québécoise », soutient la chercheuse.
La participation des organismes de bienfaisance au financement des écoles a coûté entre 22 et 36 M$ aux contribuables québécois en 2023. Ces derniers payent donc doublement pour les services offerts aux élèves les plus privilégié·e·s: d’abord à travers les subventions publiques, puis, indirectement, grâce aux crédits d’impôt pour dons de charité qui permettent aux donateurs et aux donatrices de réduire leur contribution fiscale.
La philanthropie en porte-à-faux avec le modèle d’éducation québécois
Le recours à la charité comme moyen de financement des écoles est un phénomène qui s’est développé dans les cinquante dernières années et qui montre bien que le système scolaire québécois actuel s’éloigne de l’idéal qui avait inspiré le rapport Parent dans les années 1960. En effet, les fondations privées étaient vingt fois plus nombreuses en 2023 qu’en 1967.
« La philanthropie n’a pas sa place dans un système scolaire qui se veut universel et dont la mission première est l’égalité des chances. Plutôt que de financer un réseau parallèle, les personnes en moyens devraient contribuer plus au système scolaire dans son ensemble par le biais des impôts », conclut la chercheuse.
Pour lire la note: https://bit.ly/financement-ecole-privee