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COMMUNIQUÉ | Agences et soutien à domicile : Québec devra donner un important coup de barre pour respecter ses engagements

19 janvier 2022


Montréal, le 19 janvier 2022 – La dépendance structurelle à l’égard des agences est extrêmement forte dans le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), en particulier dans le secteur des services de soutien à domicile (SAD). Alors que le gouvernement Legault souhaite diminuer radicalement le recours aux agences de placement, il sera incontournable de revoir ces pratiques en profondeur, rappelle l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans une étude qu’il fait paraître aujourd’hui. Intitulée Les agences de placement comme vecteurs centraux de la privatisation des services de soutien à domicile, la note de recherche s’appuie sur les données de tous les CI(U)SSS du Québec pour rappeler que l’utilisation des services d’agences est un choix et que tous les outils sont disponibles pour cesser d’y avoir recours.

Afin d’atteindre son objectif de limiter le recours aux agences de placement à 2,27 % des heures travaillées pour l’ensemble du RSSS en 2021-2022 (1,67 % en 2022-2023), le gouvernement Legault devra donner un important coup de barre. C’est particulièrement vrai pour l’aide à domicile, où 27,2 % des heures ont été dispensées par des agences de placement pour l’année 2020-2021. « Les agences de placement de personnel jouent un rôle central dans le processus de privatisation des services de soutien à domicile, et en particulier dans le secteur de l’aide à domicile, où elles dispensent près de 30 % des heures travaillées, malgré des conséquences néfastes bien connues sur la qualité des services », analyse Anne Plourde, chercheuse à l’Institut et autrice de l’étude.

Importantes disparités régionales

La chercheuse ajoute que « l’utilisation des services d’agences est un choix politique et gestionnaire, comme en font foi les importantes disparités dans le recours aux agences de placement d’une région à l’autre ». En effet, dans le secteur de l’aide à domicile, le taux de recours aux agences par les CIUSSS de la région de Montréal oscillent entre 22,56 % et 49,07 %. Quant au CISSS de l’Outaouais, il dépasse déjà les objectifs nationaux à ce chapitre, avec aussi peu que 0,98 % des heures travaillées en aide à domicile par du personnel d’agence en 2020-2021. Du côté du CISSS de la Montérégie-Ouest, ce taux est passé de 0 % à 73,34 % au cours des 5 dernières années seulement. Les données concernant le recours aux agences de placement pour l’aide à domicile sont disponibles pour l’ensemble des CI(U)SSS aux pages 15 à 17 de l’étude.

« Le recours aux agences de placement a explosé au cours des dernières années », remarque Anne Plourde. La croissance du recours aux agences est presque deux fois plus rapide dans le secteur des SAD (81 %) que dans le reste du réseau (48 %) entre 2015-2016 et 2019-2020. « Tout le monde est d’accord pour dire qu’on doit aller dans la direction opposée, et c’est encore plus vrai depuis la pandémie. Le réseau doit cesser de dépendre des agences de placement qui n’amènent rien de bon », rappelle la chercheuse.

Une pratique perdante, même financièrement ? 

« Réduire les coûts au détriment de la qualité est toujours une mauvaise idée. Mais en plus d’avoir les conséquences négatives que l’on sait sur la qualité des services et les conditions de travail, le recours aux agences est sur le point de coûter aussi cher au RSSS que d’employer directement le personnel », résume Madame Plourde. Pour les services d’aide à domicile, le gouvernement du Québec épargnait 13 $ l’heure en 2015-2016 en utilisant les services d’agences. Ce montant est maintenant de 4 $ l’heure, une diminution de 69 %. Anne Plourde prévient qu’à la suite d’une modification réglementaire en 2020, on peut s’attendre à ce que cet avantage financier disparaisse complètement puisque les agences sont désormais censées rémunérer leurs employé·e·s au même salaire que les employé·e·s du réseau faisant un travail équivalent.

Si le RSSS y gagne de moins en moins d’un point de vue financier, le recours massif aux agences par le système public représente cependant un marché considérable pour ces entreprises privées puisqu’en 2020, les dépenses totales du réseau en location de personnel auprès d’agences ont représenté 28,9 % des revenus totaux de l’industrie des agences de placement, tous secteurs économiques confondus. 

Pour lire la note : https://bit.ly/SAD-IRIS.

Faits saillants

28,9%

parts de marché des agences de placement dans le secteur de la santé et des services sociaux

27,9%

heures travaillées en aide à domicile par des travailleuses d'agence

2,9%

heures travaillées dans tout le réseau par des travailleuses d'agence


« Les agences de placement de personnel jouent un rôle central dans le processus de privatisation des services de soutien à domicile, et en particulier dans le secteur de l’aide à domicile, où elles dispensent près de 30 % des heures travaillées, malgré des conséquences néfastes bien connues sur la qualité des services »

Anne Plourde, chercheuse à l’Institut et autrice de l’étude